Login

« Notre rotation est un outil puissant pour désherber le lin bio »

« Avec l'élevage, la rotation reste flexible », indique Joris Soenen.

Joris Soenen, polyculteur-éleveur, ne fait pas de désherbage mécanique en cours de culture, mais s’appuie sur des leviers préventifs pour maîtriser l’enherbement.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Depuis 2021, Joris Soenen est installé avec son père sur l’exploitation familiale, située sur le plateau du Neubourg, dans l’Eure, et convertie en bio il y a 25 ans. Ils y produisent du lait, des céréales et du lin textile.

« Le désherbage est l’un des principaux enjeux du lin fibre. Il faut le maîtriser pour ne pas retrouver d’adventices dans le fil et perdre en qualité », explique l’agriculteur. Depuis trois campagnes, il ne fait plus d’interventions mécaniques « curatives » en cours de culture sur les dix hectares de lin fibre de printemps. « C’est déjà le cas pour les céréales depuis une dizaine d’années », précise-t-il.

Prairie temporaire

La gestion des mauvaises herbes repose en grande partie sur la rotation. Une prairie temporaire est d’abord implantée pendant trois à cinq ans. Le pâturage et les fauches successives laissent la parcelle propre et bien pourvue en azote. Un blé est ensuite positionné entre la prairie et le lin de printemps, car ce dernier n’apprécie pas les résidus racinaires. Puis se succèdent deux ou trois céréales.

Entre chaque culture, l’agriculteur implante des couverts. Il privilégie les crucifères (moutarde et chou fourrager) en début de rotation, qui poussent rapidement et réduisent la teneur en azote laissée dans le sol par la prairie temporaire. « En cas d’excès d’azote, le lin démarre trop vite et verse, ce qui rend difficile la récolte et dégrade la qualité », justifie Joris Soenen. Les couverts sont pâturés par les vaches, permettant de détruire les adventices. Une fois digérées, les mauvaises graines ne sont plus viables.

Joris Soenen opte par ailleurs pour des variétés précoces qui s’installent vite. Il cultive actuellement Bolchoï, qui présente par ailleurs une triple résistance aux maladies du lin (fusariose, brûlure, oïdium).

Pas de faux-semis

Un labour précède le semis du lin. « Avant, on faisait des faux-semis, mais ils asséchaient nos sols, ce qui est préjudiciable pour la levée, explique l’agriculteur. Désormais, on laboure, on affine et on sème dans les trois jours. » La date de semis a par ailleurs été reculée de quinze jours, entre le 15 et le 25 avril, permettant au sol d’être plus réchauffé et au lin de lever plus vite pour prendre de vitesse les mauvaises herbes.

« Cette année, il n’aurait pas été possible de désherber mécaniquement le lin, car il a beaucoup plu pendant les périodes d’intervention. Sans nos pratiques préventives, il aurait été dépassé par les mauvaises herbes », rapporte Joris.

Après l’arrachage du lin, d’autres problématiques d’adventices surviennent. La renouée des oiseaux, par exemple, apprécie l’azote restitué par la culture lors du rouissage. Depuis quelques années, les Soenen utilisent une souleveuse. Cette machine, attelée derrière un tracteur, dispose de dents courbées qui permettent de soulever le lin et le poser au-dessus des adventices, les écrasant. L’outil facilite par ailleurs le retournement de l’andain et le ramassage. « Avec la souleveuse, les adventices sont doucement enlevées de la paille, et non pas arrachées de force, ce qui assure une meilleure qualité de fibre », complète Joris.

En moyenne, le rendement du lin bio correspond à 90 % de celui en conventionnel. Joris produit chaque année environ 5 à 6 t/ha de paille, soit 1 t/ha de filasse.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement