Au Brésil, la déforestation ne s’arrête pas à l’Amazonie
L’ONG Mighty Earth a entrepris une tournée en France, aux Pays-Bas et à Bruxelles pour tenter d’alerter sur la situation du Cerrado (article mis en ligne le 21 mars 2024, mis à jour le 26 mars).
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Le 14 mars 2024, l’association environnementale Mighty Earth a présenté à l’Académie du Climat à Paris un rapport alarmant sur la déforestation au Brésil, et notamment dans le Cerrado. Avec une attention internationale focalisée sur l’Amazonie, l’ONG déplore le désintérêt pour cette savane du centre du pays.
Une zone exclue de la réglementation anti-déforestation européenne
Accompagnée de représentants de peuples autochtones, l’association pousse pour que le Cerrado soit inclus dans la prochaine réglementation anti-déforestation européenne. Cette réglementation censée entrer en vigueur le 30 décembre 2024 ne permettra plus aux entreprises d’importer en Europe des produits issus de zones déforestées dans le monde.
« La déforestation augmente 3 fois plus rapidement dans le Cerrado que dans l’Amazonie, déplore Mariana Gameiro conseillère auprès de l’association. Le problème, c’est que le Cerrado n’est pas couvert par la réglementation européenne. Il y a une forte pression internationale sur l’Amazonie, mais il y a un accord non-dit pour que le Cerrado ne soit pas concerné. »
Le rapport de l’ONG s’est particulièrement concentré sur la filière du soja, majoritairement destinée à l’exportation. Sur ce sujet le coordinateur de l’Articulation des peuples indigènes du Brésil, Dinamam Tuxade espère une prise de conscience en Europe sur les conséquences des pratiques de certaines exploitations agricoles au Brésil.
« C’est un soja qui est produit avec destruction et violence. Il y a de la déforestation et des détournements de cours d’eau. Des choses qui affectent même l’agronégoce lui-même », dénonce-t-il. Le dirigeant autochtone vient de l’État de Bahia, premier touché par la déforestation du Cerrado avec 23 % des alertes relevées par le système de détection de l’INPE (Institut national de recherche spatiale), principal organe de surveillance de déforestation au Brésil.
Si les conséquences environnementales sont identifiées, les témoins indigènes de la délégation viennent aussi amener le témoignage des conséquences sociales. Destructions d’habitations, déplacement de population…
Des enquêtes sur place pour suivre le soja
Pour illustrer son alerte, l’ONG a conduit des enquêtes sur place pour suivre le soja cultivé par certains agriculteurs dans des zones déforestées, jusqu’aux silos des grands négociants internationaux. Leur but : démontrer que l’Europe et la France en particulier consomment ce même soja pour l’alimentation de leurs animaux d’élevage.
« Notre analyse suggère que les grands négociants en soja n’ont toujours pas le contrôle de leurs opérations, certains refusant de reconnaître le risque et de couper les liens avec les acteurs problématiques », dénonce Boris Patentreger, le directeur de Mighty Earth.
Interrogés par l’ONG, beaucoup de ces grands acteurs internationaux assurent conduire des investigations quand ils ne démentent pas tout lien commercial avec les exploitations en question. L’association demande donc une plate-forme publique où la traçabilité des sojas serait complète.
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