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« Je cultive du coton dans la Drôme »

Joris Roux s’est pris de passion pour la culture du coton il y a cinq ans, au point de créer aujourd’hui une filière française du coton.

Joris Roux estime que le coton peut facilement trouver sa place au sein d’une rotation, sous réserve d’avoir le sol et le climat adapté.

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Ingénieur agronome, Joris Roux se passionne depuis cinq ans pour la culture du coton, qu’il expérimente sur son exploitation de 15 ha située à Romans-sur-Isère, dans la Drôme. Il a aujourd’hui le recul nécessaire pour parler de cette culture, qui lui a réservé bien des surprises. Il avait notamment sous-estimé sa résistance à la sécheresse. « Grâce à son système racinaire très puissant, le coton valorise très bien l’eau présente dans le sol », explique-t-il.

Selon lui, le facteur limitant de cette culture ne serait pas le manque d’eau. « Le coton a besoin de beaucoup de chaleur au moment des semis, mais aussi tout au long de son cycle », insiste-t-il. Ce n’est pas pour rien qu’en Europe, les deux principaux pays producteurs sont la Grèce et l’Espagne. Dans le sud de la France, le coton pourrait très bien trouver sa place au milieu d’une rotation, sur des sols à faible potentiel agronomique, ni trop riches en matière organique ni trop humides, pouvant être habituellement valorisés en tournesol.

Grouper la maturité

La particularité du coton est d’avoir une croissance indéterminée, ce qui peut compliquer sa récolte. Tout l’enjeu est de parvenir à « grouper la maturité ». Pour cela, Joris Roux est à l’affût de variétés de coton ayant des cycles de développement toujours plus courts. Il entend aussi adopter en 2024 un nouvel itinéraire cultural qui consistera à appliquer un régulateur de croissance un peu avant la floraison, pour limiter la croissance végétative, ainsi qu’un défoliant en fin de cycle pour « détruire la dernière partie verte de la végétation et ouvrir quelques capsules de coton supplémentaires ».

Un cycle de développement plus court et une croissance maîtrisée permettraient de semer le coton un peu plus tard, en mai plutôt qu’en avril, et ainsi d’avoir des conditions de semis plus favorables, à savoir un sol plus chaud (idéalement à 14 ou 15°C) et des températures plus clémentes. L’autre intérêt serait de pouvoir mécaniser la récolte pour diminuer le coût de la main-d’œuvre. Joris Roux vient d’ailleurs d’investir dans une récolteuse de coton de type stripper qu’il testera pour la première fois en 2024, et qui présente l’avantage de s’affranchir des écartements entre rangs fixes.

Enfin, un atout non négligeable de la culture de coton, indique l’agronome, est qu’elle ne nécessite que très peu d’investissement de la part des producteurs. « Ils ont besoin du même outillage que pour le tournesol : un semoir pneumatique ou avec disque tournesol, avec un écartement allant de 30 à 75 cm pour être compatible avec ma récolteuse, et une bineuse pour le désherbage mécanique. » Aux agriculteurs qui souhaiteraient s’initier, il conseille de commencer sur un ou deux hectares, après une culture de monocotylédone (blé, maïs, orge ou sorgho) pour « nettoyer la parcelle ». S’agissant de la variété, il opterait d’abord pour de l’Upland (espèce Gossypium hirsutum), plus productive.

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