Pionnier dans la production d’orties
Claude Borgoo valorise 6 ha d’orties en lien avec Urti-K, une association qui souhaite construire une filière dans les Hauts-de-France.
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« L’ortie est une plante exigeante : elle aime l’ombre, les milieux riches en matière organique et drainants, et est très sensible au tassement », indique Claude Borgoo. L’agriculteur, à la retraite depuis peu, garde une activité sur l’exploitation située à Sérifontaine, dans l’Oise. Les 340 ha de grandes cultures sont désormais gérés par son fils.
Cela fait deux ans que Claude Borgoo récolte des orties sur 6 ha. Cette plante à rhizome s’est progressivement épanouie dans une peupleraie, implantée il y a 16 ans sur une ancienne prairie permanente. Le milieu ombragé et enrichi grâce aux feuilles lui est favorable. Il a décidé de la valoriser après avoir échangé avec les porteurs de l’association Urti-K. L’objectif de cette dernière, née en 2019, est de développer une filière dans les Hauts-de-France. Elle regroupe à l’heure actuelle six producteurs dans la région, et cherche fédérer davantage d’acteurs.
Richesse en protéines
Alimentation humaine, cosmétique, fibres utilisées en textile ou dans divers matériaux,… Les débouchés identifiés de l’ortie sont multiples. Mais c’est dans l’alimentation animale qu’Urti-K croit le plus : principalement équine, mais aussi pour les volailles. L’ortie est en effet riche en protéines, et « pourrait être une bonne alternative au soja », juge Claude Borgoo. La plante peut être consommée entière : « Elle est très appétente, souligne-t-il, et c’est un stimulant pour les chevaux. » Une fois séchée et broyée, l’ortie peut aussi être ajoutée à une ration sous forme de poudre. Pour l’heure, c’est majoritairement en Belgique que se fournissent les clients français. Claude Borgoo fabrique par ailleurs du purin d’ortie, qu’il pulvérise sur le blé, le colza et le tournesol.
Pour l'agriculteur, l’itinéraire technique est assez simple : pas d’intervention durant le cycle, une récolte similaire à celle du foin (faucheuse, andaineuse et presse classiques). « Ce procédé entraîne une perte importante de feuille. L’idéal serait de récolter à l’autochargeuse puis de faire sécher la plante sur du béton. » Cette option est envisagée dès l’année prochaine : les peupliers seront coupés cet hiver, et les futurs arbres seront plantés avec un écartement plus large, permettant la manœuvre de la machine. « Trois coupes par an sont réalisées, de juin à septembre, pour un rendement de 6 t/ha environ », chiffre Claude Borgoo.
Semis en godets, implantation en lisière de forêt ou en plein champ, enrichissement du milieu en azote, désherbage en début de cycle… Des essais techniques sont réalisés chez les autres producteurs de l’association, qui ont engagé 1 000 à 2 000 m² chacun. Il faut dire qu’en France, les références sont maigres. L’association reçoit malgré tout un appui technique des quelques acteurs qui ont travaillé le sujet, comme l’AgriLab (1) ou l’Ensaia (2). Elle bénéficie aussi du soutien financier du Conseil régional. « C’est un domaine nouveau où il y a encore beaucoup à explorer », estime l’agriculteur.
(1) Centre d'innovation à UniLaSalle.
(2) École nationale supérieure en agronomie et industries alimentaires.
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