En bio un labour efficace et utilisé à bon escient
En Touraine, Philippe Joubert tente de réduire le labour en agriculture biologique. Mais il reste incontournable dans certains cas.
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« Ne pas se priver du labour », voici le résultat des expérimentations de Philippe Joubert, après presque trente ans en agriculture biologique. Installé à Betz-le-Château, dans le sud de l’Indre-et-Loire, il cultive 15 à 22 cultures différentes par an sur 181 ha. « Je suis arrivé à cette conclusion sur mon exploitation. Il faut veiller à la bonne structuration des sols, mais ne rien s’interdire et conserver différentes pratiques. Et surtout, se méfier des modes… », souligne Philippe Joubert.
« Le labour ne vient pas à bout de tous les adventices… »
Dans la Gâtine tourangelle, le type de sol est plutôt « bournais légers », l’argile est peu présente (7 à 8 %), ce qui leur confère une structure peu cohérente et une grande sensibilité à l’eau de pluie hivernale. Pour Philippe, le labour est un des outils les plus efficaces pour le désherbage. Se posant des questions sur la structuration de ses sols, le céréalier n’a pas labouré une de ses parcelles pendant sept ans. Il travaillait la terre en technique simplifiée : d’abord 3 ou 4 passages d’Actisol, un outil à dents qui permet de fissurer le sol, avec une lame qui coupe le système racinaire et, puis deux ou trois passages de vibroculteur pour retourner les racines en surface. Malgré une rotation d’une dizaine d’années et une alternance entre cultures de printemps et cultures d’hiver, la huitième année, il a observé une explosion des ronds de chardons et de rumex. L’écimeuse n’en venait pas à bout. Il a alors labouré la parcelle.
« En cas de petites pluies régulières, comme cette année, il faut passer de nombreuses fois l’Actisol. Avec le labour, on est tranquille pendant plusieurs mois. Le développement des graines, qui sont enfouies sous la terre et qui sortent l’année suivante, est facile à enrayer avec un faux semis », indique Philippe. Il applique le labour dans des cas précis, comme après une luzerne, dont les racines sont compliquées à trancher, ou après deux années de trèfle. Il laboure alors à la mi-octobre, sème du blé à la fin d'octobre et n’intervient plus jusqu’à la récolte. En février dernier, il a effectué un profil de sol dans une de ses parcelles travaillées de cette façon. Avec un technicien, ils ont été très surpris de la structuration du sol. « Les racines du blé atteignaient les 30 cm et il y avait beaucoup de vers de terre, c’était effarant ! » Philippe explique ce bon résultat grâce à l’humus contenu dans ses sols. Le taux de matière organique est passé de 0,8 à 2,4 % en 30 ans.
De nombreux passages d’outils
En plus des cultures associées, caméline-lentille par exemple, il implante depuis plusieurs années des cultures sous couvert de trèfle, ce qui réduit le travail du sol. Mais attention à la concurrence… « L’année dernière, j’ai semé du trèfle dans la féverole. Je n’ai rien vu de l’hiver, mais au printemps, le trèfle a pris le dessus et les rendements en féverole ont été divisés par deux ! » À 61 ans, Philippe continue de faire évoluer ses pratiques. Avec la hausse du coût de la fiente, il tente d’apporter davantage d’azote via les couverts, qu’il laisse plus longtemps en place. Ce qui a pour conséquence de reculer la date des labours et empêche de faire un deuxième faux semis. « Le labour ne vient pas à bout de tous les adventices… », concède le céréalier. Il vient également d’implanter une parcelle de sarrasin, sans labour. Après un couvert, il a passé le rotovator, qui scalpe les racines à la surface, puis un passage de rouleau, deux d’Actisol pour fissurer, à nouveau le rouleau et il a semé. « Le désherbage avant semis est très concluant. Je craignais une végétation d’adventices sèches trop dense en surface pour le semis, mais en un mois, elle a bien diminué », ajoute Philippe. Sur une autre parcelle, il a broyé le couvert en avril, puis déchaumé, labouré, passé deux fois un outil à disque, roulé et passé la rotative avant de semer du maïs.
Il a tenté de ne labourer qu’à 18 cm, mais une semelle de terre s’est formée sur le dessous. Il travaille en général à 22 à 24 cm de profondeur, mais espère voir apparaître prochainement des outils plus adaptés. « Je suis persuadé que deux passages de petites charrues, qui travaillent à 15 cm, sont moins destructeurs que 4 ou 5 passages d’Actisol et les autres outils ».
Un coût énergétique
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