Anne Trombini « Donner envie d’agir pour l’agroécologie »
Anne Trombini est directrice générale du mouvement « Pour une agriculture du vivant » (PADV). Depuis cinq ans, l’association œuvre pour accélérer la transition agroécologique autour des thèmes de la santé des sols, le stockage de carbone, l’eau, ou encore la biodiversité.
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Quelles ont été les motivations de l’élaboration du manifeste de PADV, rendu public en février ?
Nous entrons dans une logique de déploiement, de massification. D’où la volonté de pouvoir réaffirmer le cap, la vision, les valeurs qui nous animent. Aujourd’hui, on voit bien que tout le monde met des choses différentes derrière les termes « agroécologie » ou « agriculture régénératrice ». On a ressenti le besoin d’expliquer avec des mots simples la définition de notre boussole collective : le vivant. Ce manifeste est très ouvert, et disponible à la signature sur notre site internet.
Le document se veut à la fois pédagogique et inspirant, parce que l’objectif est de donner l’envie d’agir collectivement pour la transition agroécologique. On sait bien que le contexte est contraint : si l’on veut mobiliser les acteurs, il faut rendre cela désirable. L’objectif est aussi de rappeler les fondamentaux, notamment en remettant les sols et les agriculteurs au centre.
Au travers de l’outil RexAgri, PADV relaye des témoignages d’agriculteurs sur sa plateforme Agroecologie.org. Quel est son périmètre ?
À l’origine, RexAgri était une plateforme d’Etat et a été développée dans le cadre d’Ecophyto. Nous avons repris le pilotage de cet outil, en l’intégrant à notre plateforme Agroecologie.org, qui héberge aussi notre indice de régénération (1). Notre association a notamment été sélectionnée pour cela parce nous avons une ouverture à tous les types d’agricultures. Notre objectif est de faire progresser tout le monde, en ouvrant le périmètre de la réduction des phytos à la transition agroécologique au sens large. Nous souhaitons créer une base de connaissances la plus large possible. Il y a actuellement environ 330 témoignages.
Tous les agriculteurs et les techniciens peuvent partager un retour d’expérience, qu’il s’agisse d’un échec ou d’une réussite. Toutes les idées sont intéressantes. Remplir une fiche est très rapide. Une relecture est ensuite réalisée par PADV, qui vérifie qu’elle est complète et qu’elle respecte le champ d’action de l’agroécologie. Les sujets de photovoltaïsme n’entrent pas dans notre charte, par exemple. Pour cette plateforme, qui se veut aussi être une vitrine pour donner envie d’agir, nous sommes en partie soutenus financièrement par Ecophyto, via l’OFB (Office français de la biodiversité).
Pour financer les transitions, vous plaidez pour que votre indice de régénération soit reconnu dans le cadre des politiques publiques, par exemple la Pac. Qu’en est-il actuellement ?
Nous continuons d’avancer et de discuter. À l’heure actuelle, il n’y a encore rien de concret à l’échelle nationale. En revanche, nous avons un projet pilote de coalition territoriale dans les Hauts-de-France. Il intègre les filières, les agriculteurs, mais aussi les acteurs financiers privés et publics. L’objectif est de réfléchir ensemble sur la façon dont on pourrait articuler les mécanismes de financement publics et privés autour de l’indice de régénération. Le but est de construire un modèle économique de massification et d’embarquer tous les agriculteurs. C’est un travail qui démarre. Deux autres territoires sont aussi en train d’y réfléchir.
(1) Développé par PADV en 2021, il propose d’évaluer le « score agroécologique » des systèmes de production sur cent points, et de concevoir des plans de progrès.
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