Associé à un éleveur ovin « Je fais pâturer mes couverts et blés »
En hiver, des brebis investissent les parcelles de Pierre Pujos. Une pratique qui intègre une stratégie plus large, visant à rendre ses sols plus fertiles.
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Il y a environ 5 ans, Pierre Pujos, alors céréalier bio à Saint-Puy (Gers), s’est associé à un éleveur de brebis pour faire pâturer ses couverts et blés en hiver. L’objectif : réintroduire l’élevage sur ses terres pour que celles-ci regagnent en fertilité, alors qu’il déplorait au même moment un plafonnement des rendements sur une partie de l’exploitation.
« Des terres argilo-calcaire, sur coteaux secs, avec certaines zones très superficielles, beaucoup d’érosion et très peu de matière organique, entre 1,1 et 1,3 %, décrit-il. Quelle que soit la culture, ma marge nette sur les hauts de coteaux restait négative. J’ai donc abandonné ces parcelles représentant 25 à 30 % des 200 ha de la ferme, pour les consacrer à l’élevage. Puis j’ai refait le parcellaire, pour [le rendre plus accessible] aux brebis. »
Implanter le couvert
Commence alors la pâture des blés. La fenêtre de tir est assez étroite : une entrée au champ entre le début et la mi-février pour laisser le temps au système racinaire de bien se développer et ainsi éviter l’arrachage des pieds. Une sortie avant le stade épi 1 cm pour que celui-ci ne soit pas consommé. « Au début j’ai fait des erreurs, reconnaît-il. Aujourd’hui je pense mieux connaître le mécanisme pour stimuler le tallage sans porter préjudice à la culture. Le sol doit être bien ressuyé et le blé ne doit pas être pâturé plusieurs fois. Je compte 100 brebis/ha/jour. » Un ratio que l’agriculteur a validé ces trois dernières années.
Cette technique permet à Pierre d’implanter un couvert dans le blé en sortie d'hiver, le manque de pluies estivales courant dans la région ne permettant pas de semer sereinement une interculture après la moisson. « Le couvert lève ainsi dans la parcelle éclaircie par le pâturage. Le piétinement des brebis joue ensuite le rôle du rouleau. Après la moisson, le couvert est bien en place et j’arrive à atteindre 2 à 3 tonnes de matière sèche/ha », explique-t-il.
Après le blé, les brebis s’attaquent à d'autres couverts déjà en place. Leur destruction économise un passage de broyeur. « Il est important que les animaux dorment sur la parcelle pour la valorisation de leurs déjections. Ces dernières ne sont toutefois pas homogènes, notamment sur les blés où le passage des brebis est bref ».
Trouver l’éleveur
Dans les zones plutôt céréalières, un partenariat avec un éleveur n’est pas toujours évident à trouver. C’est pourquoi depuis trois ans, Pierre a introduit une activité ovine sur sa ferme.
S’il n’a pas quantifié les effets agronomiques de cette pratique sur son système, le projet « Inter-agit+» dont il fait partie a vocation à le faire (lire encadré). Pierre fait également partie du GIEE (1) Agrivaleur, qui cherche à valoriser les synergies entre éleveurs et céréaliers pour rendre leurs systèmes plus résilients.
(1) Groupement d’intérêt économique et environnemental.
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