Insecticide Les exportations françaises de blé sur la sellette
Une restriction d’usage d’un insecticide de stockage remet en cause les exportations françaises de céréales vers les pays tiers à partir du 25 avril prochain. L’AGPB s'inquiète, et le gouvernement se dit mobilisé pour assurer la continuité des ventes à l'étranger.
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L’usage du phosphure d’aluminium, substance dont est issue la phosphine, gaz insecticide de stockage utilisé lors de l’exportation de blé, est en passe d’être restreint. La situation alarme l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), qui fait savoir que cela paralyserait les exportations françaises de céréales vers les pays tiers, en particulier en Afrique. « Aujourd’hui, on en appelle au gouvernement pour intervenir en urgence », déclare Eric Thirouin, son président.
« La France va continuer d’exporter »
« La France va continuer d’exporter des céréales à l’intention des pays tiers », a assuré Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture. Il a été questionné sur le sujet le 11 avril 2023 lors d’une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. « Elle le fera après le 25 avril pour une raison simple, c’est qu’elle le fait dans le cadre du droit européen […], à la demande des pays d’importation, […] et au nom de la vocation exportatrice » de la France.
Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur Olivier Becht a également assuré : « Nous cherchons le cadre juridique clair qui permette de le faire [...]. Nous allons faire ce qu’il faut. […] Je peux vous garantir que d’ici au 25 avril, les décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre. »
L’usage sans emballage au cœur des enjeux
La date butoir du 25 avril 2023 correspond à la fin du délai d’application d’une décision de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). En effet, le phosphure d’aluminium a de nouveau été homologué le 26 octobre 2022 par l’Agence, mais sous la condition d’être utilisé avec un emballage. Le contact direct entre les céréales et le produit générateur de gaz au contact de l'eau (qui s’applique sous forme de tablettes dans les cales des bateaux) a été interdit, avec un délai d’application de six mois. Le produit est notamment classé H300 (mortel en cas d'ingestion), H330 (mortel par inhalation), H400 (très toxique pour les organismes aquatiques).
Or, de nombreux pays africains tels que l’Egypte, l’Algérie, le Togo, le Congo, ou encore certaines destinations au Maroc, exigent une application sans emballage. Le traitement de ces emballages ne leur est en effet pas possible. Ce faisant, la décision de l’Anses « remet en cause la capacité exportatrice de la France sur les pays tiers, en particulier en Afrique », explique Eric Thirouin. Il souligne également que seule la France est concernée par cette décision.
Dans les pays de l’Union européenne, autres destinations des blés français, « ce n’est pas un sujet car on sait traiter les emballages », indique Eric Thirouin. Il estime qu’il reste 600 000 tonnes de blé à exporter durant la campagne en cours.
Question de droit européen
Marc Fesneau a soulevé un besoin de clarification juridique. En effet, le droit européen « permet l’application de phytosanitaires sur les produits agricoles exportés, quand c’est une exigence du pays d’accueil, à partir du moment où la molécule n’est pas interdite au niveau européen. Or, la phosphine n’est pas interdite au niveau européen. Ce cadre juridique permettant l’exportation des céréales peut donc s’appliquer pleinement. »
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