Projet Syppre Betteraves : le strip-till d’été, un défi dans les limons profonds
Malgré les ajustements, la technique testée dans le cadre du projet Syppre n’a pas fait ses preuves dans les limons profonds de Picardie.
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Sur la plateforme expérimentale d’Estrées-Mons en Picardie, les partenaires du projet Syppre ont testé en 2021 et 2022 le strip-till d'été pour implanter des cultures de printemps. La technique du travail en bande est d'ordinaire mise en œuvre en entrée d'hiver, mais les travaux aux champs se compliquent à cette période, de plus en plus pluvieuse. L'objectif était ainsi d’avancer le travail du sol pour bénéficier de bonnes conditions de portance et de fragmentation.
« Le strip-till est réalisé en août – septembre en semant un couvert, pour éviter que le rang ne se referme au cours de l’hiver », explique Nicolas Latraye, ingénieur Terres Inovia. Les sols, limoneux dans la région, sont sensibles à cette problématique. Ainsi, une culture gélive et aux racines pivotantes, le tournesol a été implanté sur le futur rang. Pour limiter le développement d’adventices, un mélange de phacélie, trèfle et moutarde a été semé sur le reste de la parcelle.
Arrêts de croissance
Lors de la première année de test, au printemps 2021, les betteraves ont été semées après un passage de disques ouvreurs. « La levée a été très homogène », se souvient l'expert. Mais le développement a ensuite été moins uniforme. « Les betteraves ont arrêté leur croissance pendant un mois à un mois et demi, relate-t-il. En juin, certaines n’avaient que quatre à cinq feuilles. »
Après de nombreuses discussions avec l'ITB (institut technique de la betterave), Nicolas Latraye évoque deux hypothèses qui pourraient expliquer ce phénomène : un manque de terre fine sous la graine suite au passage des disques, et/ou une carence de surface. La croissance avait redémarré après des pluies fin mai/début juin. Finalement, les rendements ont été nettement impactés : 76,7 t/ha en moyenne, contre 108,5 t/ha pour le témoin. Le système innovant a aussi montré un pourcentage de betteraves fourchues plus important (environ 6,5%, contre 3% pour le témoin).
Hétérogénéité
En 2022, une autre technique a été choisie : la reprise au condor line. Cet outil travaille le sol sur le rang, de manière superficielle à 2 cm de profondeur au maximum. Il est construit avec trois dents de vibroculteur par bande. De la même manière, la levée a été très homogène et satisfaisante, mais 2022 a été sèche.
« Dès que la betterave a rencontré la partie du sol non travaillée, même si la structure était plutôt bonne, elles ont commencé à couder », indique Nicolas Latraye. Le bilan n'est « pas satisfaisant non plus ». Sur cette deuxième année de test, le rendement moyen n'a pas été pénalisé (81,7 t/ha en moyenne, contre 81,2 t/ha pour le témoin), et la part de racines fourchues était équivalente. Mais l’expert souligne, pour ces deux critères, une plus grande hétérogénéité entre les parcelles avec le strip till d'été.
Par ailleurs, la technique nécessite un désherbage plus précoce et un passage de glyphosate pour détruire le couvert. L'IFT (indice de fréquence de traitement) herbicide s'en voit augmenté (+1,5 à +2) par rapport au témoin.
Finalement, face aux résultats jugés « à peine satisfaisants » en 2021 et 2022, « nous avons décidé de changer de technique pour 2023 », fait savoir l'expert. Les betteraves seront ainsi implantées en TCS (techniques culturales simplifiées) cette année.
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