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Guerre en Ukraine Moscou menace de suspendre l’accord d’exportation

La Russie remet en question l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes prolongé tacitement de 120 jours depuis le 19 mars 2023.

À l’image du mois dernier, la Russie affirme que la poursuite de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes pourrait ne plus être « nécessaire » s’il n’y a pas de « progrès » concernant les exportations de ses engrais.

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Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a menacé ce vendredi 7 avril 2023 à Ankara de suspendre l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes si les ventes de produits agricoles russes restent entravées.

Prolonger l’accord de soixante jours plutôt que cent vingt

Sergueï Lavrov s’exprimait devant la presse à l’issue d’un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, dont le pays s’est beaucoup investi dans la conclusion de cet accord l’été dernier. « S’il n’y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d’engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire », a déclaré Sergueï Lavrov.

Selon un responsable turc, Sergueï Lavrov devait aussi être reçu ce vendredi par Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour sa réélection le 14 mai. Le président turc et Vladimir Poutine se sont rencontrés à quatre reprises l’an dernier et échangent régulièrement par téléphone, la dernière fois le 25 mars.

L’accord, qui permet d’exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré la guerre, a été prolongé le 19 mars dernier pour une reconduction tacite de cent vingt jours. Mais Moscou a proposé soixante jours, en insistant sur le respect de l’autre volet de l’accord, qui concerne ses propres exportations d’engrais.

Théoriquement, ces produits indispensables à l’agriculture mondiale ne tombent pas sous le coup des sanctions occidentales imposées à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Mais elles sont de fait entravées par les banques.

La question des engrais russes « n’est pas résolue »

Selon le ministre turc, « les États-Unis et le Royaume-Uni ont pris des mesures en termes de paiement et d’assurance, mais des problèmes persistent. Certaines banques n’ont pas fait le nécessaire ».

De même, a poursuivi Mevlüt Cavusoglu, « des mesures ont été prises pour réexpédier de l’ammoniac et des engrais russes des pays occidentaux vers les pays africains, mais le problème n’est pas résolu ».

Par ailleurs, Sergueï Lavrov a dénoncé l’inégalité des exportations ukrainiennes entre pays riches et pauvres. Selon le Centre de coordination conjointe chargé de superviser l’accord international, 56 % des exportations étaient destinées aux pays en développement, et 5,7 % ont concerné les pays les moins avancés, qui totalisent plus de 12 % de la population mondiale.

« Un nouvel ordre mondial » sans domination américaine

La Russie et la Turquie agissent de concert dans plusieurs dossiers internationaux et Moscou avait fait valoir avant l’arrivée de Sergueï Lavrov la nécessité de « synchroniser les montres » avec Ankara.

La Turquie est parvenue depuis le début du conflit à maintenir des relations avec l’Ukraine et la Russie et Mevlüt Cavusoglu a exprimé ce vendredi « son inquiétude (concernant) une escalade du conflit au printemps ».

Mais, a prévenu Sergueï Lavrov, des négociations de paix sur l’Ukraine ne seront possibles que si elles visent à l’établissement d’un « nouvel ordre mondial » sans domination américaine. « Les négociations ne peuvent avoir lieu que sur la base de la prise en compte des intérêts russes, a-t-il insisté. Il s’agit des principes sur lesquels sera fondé le nouvel ordre mondial. »

Poutine veut réconcilier Erdogan et Bachar al-Assad

La Russie entend promouvoir une réconciliation entre Ankara et son allié syrien et a convoqué plusieurs réunions, restées jusqu’ici sans résultat. Le président syrien Bachar al-Assad a conditionné toute rencontre avec Recep Tayyip Erdogan à un retrait des forces turques présentes dans le nord de la Syrie pour prévenir les attaques kurdes.

Mais le porte-parole et conseiller diplomatique du président Erdogan, Ibrahim Kalin, a annoncé mercredi 5 avril une prochaine réunion à Moscou des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, plus ceux de Russie et d’Iran.

Celle-ci aura lieu « dans les jours qui viennent » avec les chefs des renseignements des quatre pays, a précisé Ibrahim Kalin. Ce dernier a d’ailleurs rencontré le président Poutine hier, jeudi 6 avril 2023, à Moscou, a annoncé le Kremlin. « Le dialogue doit se poursuivre. Il serait bénéfique que les consultations se poursuivent de la même manière », a confirmé ce vendredi le ministre turc.

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