Login

Déshydratation L’érosion des surfaces de luzerne devrait être limitée

Yann Martinet, directeur de La Coopération Agricole (LCA) – Luzerne de France, Éric Masset, président de LCA — Luzerne de France et Pierre Bégoc, directeur général de Désialis, en conférence de presse le 14 février 2023.

Le maintien de l’aide couplée dans la nouvelle Pac ainsi que la maîtrise des coûts énergétiques devrait permettre de stabiliser à peu près les surfaces de luzerne en 2023.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Malgré la sécheresse de 2022, la production de luzerne déshydratée est restée quasi stable par rapport à 2021, à 755 555 tonnes, avec toutefois de fortes disparités régionales. Les surfaces ont progressé de 1,5 % comparativement à l’an dernier pour atteindre 70 000 hectares, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2012. « Le verdissement de la Pac permet un dynamisme des surfaces, a indiqué Yann Martinet, directeur de La Coopération Agricole luzerne de France, le 14 février 2023 lors d’une conférence de presse à Paris.

Attractivité

Le maintien dans la nouvelle Pac de l’aide couplée à la production de légumineuses déshydratées est une bonne nouvelle pour l’attractivité de la culture, avec un montant d’aide unitaire prévu à mi-période situé entre 100 et 140 € par hectare (contrats de livraison coopérative). Les écorégimes pour mesures volontaires au-delà de la conditionnalité viennent en plus de cette aide couplée et s’appliquent à l’ensemble des hectares de l’exploitation.

Inquiétude sur la ressource en eau

"On observe toutefois des tensions pour les assolements en 2023, avec déjà des inquiétudes sur la ressource en eau disponible », a indiqué Eric Masset, président de l’organisation qui rassemble douze coopératives et deux filiales. La luzerne soufre ainsi d’un manque de compétitivité par rapport à la hausse du prix des céréales. « Mais l’érosion devrait être limitée, de l’ordre de –4 à –5 % », anticipe-t-il. En Espagne, premier producteur européen devant l’Italie et la France, la sole a diminué de 30 % du fait de l’absence de l’aide couplée en 2022 et de la perte de compétitivité par rapport au maïs.

Décarbonation

La crise énergétique n’a pas épargné la filière en dépit de la décarbonation mise en œuvre dès 2002, notamment avec la hausse du prix de l’électricité. « Grâce au virage énergétique entamé de bonne heure, on a pu tamponner les effets de la hausse des coûts énergétiques », témoigne Pierre Bégoc, directeur général de Desialis, qui produit 80 % de la luzerne déshydratée en France.

"Les charges ont été maîtrisées, ce qui nous aide aussi à stabiliser les surfaces », soutient par ailleurs Eric Masset. Ce qui n’est pas le cas par exemple en Allemagne et aux Pays-Bas, qui ont vu les surfaces de luzerne reculer de 20 % l’an dernier : ces pays ont très peu décarboné leurs usines de déshydratation et les prix de revient ont explosé. La luzerne y a aussi souffert d’un manque de rentabilité face au blé.

 

La décarbonation de la filière française s’est même accélérée en 2022 avec deux nouvelles lignes de déshydratation converties. La baisse des émissions de gaz à effet de serre atteint environ 90 % par rapport à 2005, soit très proche de l’objectif de 2025 voulu par la filière. En 2022, 0,105 tonne de CO2 a été émise pour produire une tonne de luzerne déshydratée, la filière visant 0,078 tonne en 2025.

"Pour 2023, deux nouvelles lignes sont en cours de conversion et en 2025 plus aucune ne sera pas décarbonée, développe Yann Martinet. La transition énergétique coûte cher, avec la hausse du prix des plaquettes forestières, mais elle est nécessaire. » Il souhaite par ailleurs que les efforts de la filière de la luzerne se retrouvent dans le bilan carbone des aliments pour animaux. Des simulations sont par exemple réalisées sur des formules lapins engraissement.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement