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Phytos Le glyphosate dans le viseur,mais pas seulement...

« Non au Round-up », « Stop aux poisons »… Les appels de la société civile se sont multipliés cette année, et demandent plus que jamais l’interdiction des phytos. Au grand dam du monde agricole.

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Certaines affaires trouvent plus facilement écho que d’autres auprès du grand public. C’est le cas du procès de l’Américain Dewayne Johnson contre Monsanto, très relayé par les médias français. La firme a été condamnée le 13 août à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide, le Round-up. La somme a ensuite été réduite à 78 millions de dollars. Le retentissement qu’a eu cette affaire illustre bien l’attention que porte la société française sur le désherbant.

Zéro pesticide

L’avenir du glyphosate, sa substance active, a été au cœur des débats sur la loi résultant des États généraux de l’alimentation. L’objectif pour certaines associations : inscrire son interdiction d’ici 2021 dans le texte de loi par l’adoption d’un amendement. Le 22 mai, une pétition a été lancée en ce sens par plus de trente organisations de la société civile, dont Génération futures, Greenpeace, France nature environnement, ou encore WWF. Selon UFC-que choisir, également signataire, 80 % des Français se déclarent favorables à une telle interdiction. Relancée au gré des réécritures du projet de loi, la pétition a récolté près de 360 000 signatures. L’amendement en question n’aura finalement pas été adopté dans la version finale, parue au Journal officiel le 1er novembre. Le gouvernement a tout de même fait savoir qu’il maintenait le cap d’une sortie du glyphosate d’ici trois ans. Les remaniements ministériels n’y auront rien changé. Le 7 juin, Emmanuel Macron a annoncé qu’il passerait par la loi dans trois ans si les choses n’avancent pas.

Alors que le Président avait annoncé début octobre une « start-up » d’État pour la sortie du glyphosate, c’est un site internet (*), visant à donner de la visibilité aux agriculteurs ayant renoncé à la molécule qui a été lancé le 22 novembre. Initiative qui a été mal reçue par la FNSEA et les JA : « à quel moment le compteur sera-t-il jugé suffisant pour ne plus désigner les agriculteurs à la vindicte de l’opinion publique ? », s’insurgeaient les deux syndicats. Ils ont vu dans la démarche une « nouvelle escalade dans l’agribashing », créée sans concertation avec les agriculteurs.

Par sa notoriété, le glyphosate est au cœur de la cible sociétale. Mais la pression s’intensifie également sur un plus large spectre. Pour preuve, l’année a vu naître, le 12 septembre, l’appel « Nous voulons des coquelicots ». L’objectif est de faire interdire tous les pesticides de synthèse. Selon ses représentants, le mouvement ne cherche ni à aider les paysans, ni à les condamner, mais à « montrer que la société ne veut plus des pesticides ». La pétition associée à cet appel compte à ce jour un peu plus de 410 000 signatures, dont une centaine de personnalités. Nombreux sont les agriculteurs à avoir réagi et regretté une campagne « anxiogène ».

Autre indicateur : le développement, cette année, des produits alimentaires estampillés « zéro résidu de pesticides ». Sécurité sanitaire pour certains, labels trompeurs pour d’autres, il n’en reste pas moins que les entreprises qui se lancent dans le mouvement s’attendent à trouver un marché.

Hélène Parisot

(*) www.glyphosate.gouv.fr

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