Marché des céréales et des oléagineux Le colza résiste
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les céréales repartent à la baisse cette semaine mais le colza, avec des baisses de surfaces pour l’an prochain, résiste au mouvement baissier, soutenu par le pétrole.
Le décollage est retardé en blé
Les prix du blé font le yo-yo ces temps-ci, reperdant cette semaine entre 2 et 3 €/t sur les marchés physiques à 197,75 €/t rendu Rouen en base juillet cet après-midi, et 1 €/t sur Euronext, à 200,50 €/t, pour l’échéance de décembre 2018.
Sur le marché mondial, le blé français abandonne 6 $/t à 238 $/t Fob Rouen, baissant de concert avec les Américains à 234 $/t pour les blés HRW, et les Argentins à 215 $/t avant la taxe à l’exportation. Du côté de la mer Noire en revanche, le mouvement de baisse est bien terminé. Les prix des blés meuniers russes à 12,5 % de protéines restent stables à 228 $/t Fob tandis que ceux des Ukrainiens gagnent 4 $/t, à 212 $/t Fob.
Deux tendances s’opposent actuellement : les blés européens restent comprimés par leur manque de compétitivité et la faiblesse des exportations réalisées à ce jour au départ de l’Union européenne : 3,8 millions de tonnes (Mt) depuis le 1er juillet contre 5,4 Mt l’an dernier à la même date. L’euro a beau avoir légèrement rebaissé par rapport au dollar cette semaine, cela n’a pas poussé les prix en euros vers le haut.
Un autre élément légèrement baissier est venu aussi impacter les prix cette semaine : c’est le fait que, l’été terminé, il apparaît clairement que les surfaces de colza seront nettement plus basses que prévu, et que celles récoltées cette année, à cause de la sécheresse. Cela va renforcer la hausse déjà attendue des surfaces de blé tendre dans l’Union européenne pour la récolte de 2019.
Du côté des Amériques, les blés américains doivent aussi s’efforcer de trouver leur compétitivité alors qu’en Argentine, les perspectives de récolte s’annoncent bonnes et que les prix doivent s’ajuster en baisse pour compenser l’application d’une taxe à l’exportation de 10 % environ.
Des exportations records de blé russe
De bonnes nouvelles climatiques sont parvenues d’Ukraine et de Russie cette semaine où il a plu dans les principales régions de production. Cela est venu améliorer les conditions de semis en cours des céréales d’hiver. Malgré tout, sur le court terme, les prix mer Noire restent influencés par l’énorme flux d’exportation qui a eu lieu au cours du premier trimestre de cette campagne.
Entre 12,1 et 12,8 Mt de blé selon que l’on regarde les statistiques douanières ou les statistiques de chargements portuaires, ont déjà été exportés de Russie depuis juillet, soit la moitié déjà de l’objectif annuel envisagé (officieusement) par le gouvernement avant la mise en place éventuelle de mesures de restrictions.
Cette situation vient encore plus souligner, s’il en était besoin, le fait que la Russie ne pourra pas maintenir un tel rythme pendant l’ensemble de la campagne. Ceci, ainsi que le renforcement des mesures de contrôle sanitaire dans les ports russes, commence à refaire partir en hausse les prix de la mer Noire même s’il est encore trop tôt pour que les valeurs européennes suivent tout de suite.
L’orge obligée de suivre
Comme l’orge reste très influencée par les évolutions du blé, son prix s’affaisse aussi cette semaine de 1 à 3 €/t selon les places, à 197,25 €/t rendu Rouen (en base juillet) ou 193,25 €/t Fob Moselle.
Après la hausse de la semaine dernière, l’orge française était devenue nettement plus chère que ses concurrentes de la mer Noire et nous soulignions que cela risquait de limiter sa hausse à court terme.
Cet élément est justement le second facteur qui a probablement repoussé les orges françaises vers le bas ces derniers jours. Elles se retrouvent maintenant à 237 $/t Fob Rouen soit seulement 2 $/t de plus que les orges de la mer Noire contre presque 10 $/t de plus la semaine dernière.
Sur le segment brassicole en revanche, les prix demeurent quasi stables à 209 €/t Fob Creil pour les orges d’hiver et 231 €/t pour les orges de printemps. Ils sont soutenus par une situation tendue sur le créneau des orges de printemps.
Le maïs garde sa tendance baissière
Les maïs français perdent encore 3 €/t sur le Rhin, à 162 €/t en base juillet, et 7 €/t sur la façade atlantique à 169,5 €/t. Cette chute découle en partie de l’évolution des prix du blé, mais elle est aussi due à l’ampleur des disponibilités mondiales et à l’arrivée massive des maïs ukrainiens sur le marché. La récolte ukrainienne est bonne et doit trouver sa place sur un marché mondial où les maïs américains et sud américains sont les plus compétitifs aujourd’hui. L’importance des ventes américaines à l’exportation cette semaine en atteste.
En Europe, la récolte se poursuit avec des résultats très hétérogènes selon les pays et les régions. La récolte française reste prévue très basse avec de gros transferts de surfaces du maïs grain vers l’ensilage. Mais les résultats sont bons dans le sud-est de l’Union européenne. Malgré tout, la récolte européenne aura du mal à dépasser celle de l’an passé, contrairement à ce qu’annonce cette semaine le Conseil international des grains.
Les prix du colza repartent à la hausse
Les prix de colza gagnent du terrain cette semaine après des semaines de baisse. Le rendu Rouen grimpe de 8,5 €/t à 362 €/t. Le Fob Moselle monte de 7 €/t à 371 €/t. Sur Euronext, la hausse est plus significative, la tonne de colza gagnant 19 €, à 372,25 €, en une semaine. Divers éléments sont à l’origine de ce rebondissement : les conditions de semis en Europe de l’Est ne sont pas favorables, le déficit hydrique a fortement impacté l’avancement des implantations.
En France, les surfaces semées sont inférieures aux attentes du fait de l’absence de précipitations et à ce stade les levées sont très hétérogènes. De plus, les prix du colza sont soutenus par la hausse des cours du pétrole sous la crainte d’une offre insuffisante provoquée par les sanctions américaines sur l’Iran.
Toutefois, une nouvelle importante à noter est la décision de la Commission européenne de ne pas remettre en place immédiatement les taxes sur le biodiesel argentin importé dans l’Union européenne. Bruxelles considère qu’elle ne dispose pas d’informations suffisantes pour imposer ces taxes à ce stade. Cette décision contraire à ce que les producteurs européens anticipaient, pourrait impacter rapidement les prix à la baisse, la demande en huiles et en colza pouvant être plus faible que prévu sur la campagne de 2018-2019.
Au Canada, le cours du canola gagne 2 US$/t à 381 $ sous l’influence des précipitations qui retardent la moisson. Les prévisions météorologiques pour la semaine à venir sont légèrement meilleures. Par ailleurs, les conditions climatiques en Australie ne sont pas très bonnes, le temps restant très sec.
La récolte mer Noire continue à faire plier le tournesol
Les cours du tournesol continuent de se replier. Ils cèdent 5 €/t de plus cette semaine et s’affichent à 302,5 €/t à Saint-Nazaire. Les récoltes très bonnes qui se confirment en mer Noire et en Europe de l’Est constituent le principal facteur de baisse. L’Ukraine anticipe notamment une très nette progression de sa production par rapport à l’an dernier. De plus, des rendements records sont attendus en Bulgarie.
Les cours de soja soutenus par des ventes de masse
Les cours du soja ont légèrement monté à Chicago depuis la semaine dernière : +1,7 $/t, à 314,2 $/t. Le prix du soja américain s’est beaucoup dégradé depuis l’annonce de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et sous la pression de la bonne récolte attendue aux États-Unis.
Le petit rebond enregistré depuis la semaine dernière s’explique par la forte demande non anticipée sur les sojas américains. En effet, les ventes nettes à l’exportation de soja aux États-Unis ont atteint près de 900 000 tonnes cette semaine avec notamment une vente massive de plus de 670 000 t à destination du Mexique.
Les opérateurs restent cependant prudents face à toute nouvelle sur les discussions commerciales entre Washington et Pékin et dans l’attente de la déclaration, prévue cet après-midi par le ministère américain de l’Agriculture, des chiffres trimestriels sur le niveau des stocks de produits agricoles dans le pays.
Les tourteaux de soja sont en recul cette semaine de 3,5 $/t, à 340 $/t, à Chicago et de 2 €/t, à 334 €/t, à Montoir. Cette baisse est expliquée le niveau relativement élevé des stocks mondiaux de tourteaux. En effet, la production est très dynamique dans l’Union européenne et les États-Unis en raison de très bonnes marges de trituration de soja.
TallageÀ suivre : semis des céréales d’hiver dans l’hémisphère Nord, exportations de la mer Noire en céréales, importations de maïs dans l’Union européenne, tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, le prix du pétrole, importations de biodiesel dans l’Union européenne.
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