Cidre Tripler la surface bio en 4 ans
Le millésime 2018 de cidre s’annonce bon selon l’interprofession, qui souhaite convertir 1 800 hectares supplémentaires au bio d’ici à 2021.
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La récolte en cours laisse présager un bon millésime pour le cidre. « Les fruits cette année ont un jus très riche par rapport aux autres années, très concentré en sucre, en arômes et en tanins », se félicite Jean-Louis Benassi, directeur d’Unicid, l’Union nationale interprofessionnelle cidricole.
Si la qualité est au rendez-vous, le volume s’annonce moyen, avec des différences fortes entre les régions. « Il y aura peut-être une pénurie en Bretagne », estime-t-il. Le bilan national sera préservé par la Normandie, qui retrouve son volume de production normal après une campagne difficile en 2017.
Merci la sécheresse
Avec la sécheresse estivale, les fruits sont sains cette année, facilitant le travail de ramassage au sol dans les vergers. « C’est une récolte qui se passe très bien pour l’instant », se réjouit Jean-Louis Benassi. Si les conditions se maintiennent, elle se terminera à la fin d’octobre.
« L’expression des arômes, rappelle Jean-Louis Benassi, se fait à la fermentation. » Avec plus de matière dans les fruits cette année, les jus seront plus faciles à travailler, et permettront d’obtenir des produits plus variés.
Un secteur en transformation
Les consommateurs historiques du Nord-Ouest, les Bretons et les Normands, boivent aujourd’hui moins de cidre, et la filière cherche de nouveaux débouchés en proposant des produits de haut de gamme. « On est dans une érosion des achats, constate Jean-Louis Benassi, et c’est par la qualité qu’on pourra répondre. »
La filière du cidre veut développer son offre haut de gamme. © Unicid
Du côté des arboriculteurs, on tente de répondre à cet objectif en développant l’offre biologique. « La filière s’est fixé l’objectif de tripler les surfaces de pommes à cidre bio d’ici à 2022 », annonce le directeur d’Unicid. Actuellement, près de 10 % des 9 000 hectares de pommiers à cidre seraient certifiés.
Autre créneau porteur : le jus de fruit. La plupart des jus de pomme sur le marché sont pressés à partir de pommes à cidre, et l’offre bio pourrait permettre aux fabricants de mieux valoriser leur production.
La pomme à cidre, fierté nationale
Pour le directeur d’Unicid, la conversion des surfaces sera aisée. « En pomme à cidre, rappelle-t-il, il y a très peu d’exigence sur l’aspect du fruit, son calibre ou sa forme. » Des contraintes plus faibles qui permettent de réduire plus facilement les traitements, et de modifier rapidement les itinéraires techniques.
Autre avantage, les pommes à cidre sont rarement irriguées. Cette situation, cependant, pourrait évoluer. « On constate que certaines grandes régions productrices, comme les Pays de Loire, subissent plus régulièrement des épisodes secs. »
Avec la plus grande surface mondiale de verger à cidre, la France serait bien positionnée, selon Unicid, pour séduire à l’étranger. « Au niveau international, prédit son directeur, la demande pourrait entraîner une demande sur la pomme à cidre française. » Les Anglais et les Américains notamment sont de gros consommateurs de « cider », un mélange d’eau, de sucre, et de cidre tel que nous le consommons.
Alors, faut-il envisager la diversification vers le cidre ? Six ans sont nécessaires avant d’obtenir la première récolte, et un verger est conservé entre vingt et trente ans. Les exploitants tentés par la diversification doivent donc l’envisager à long terme.
Ivan LogvenoffPour accéder à l'ensembles nos offres :