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Marché des céréales Le blé toujours dans les sables mouvants

© S. Champion

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Après l’Algérie la semaine dernière, c’est l’Arabie Saoudite qui a acheté les plus gros volumes sur le marché mondial récemment. Elle vient de contracter 495 000 tonnes pour livraison en février et avril et l’on peut supposer qu’une partie des livraisons viendront de l’Europe, le nord de l’Union européenne ou la Pologne, et peut-être des États-Unis (blé de type HRW, bonne qualité meunière).

Outre Atlantique, les prix soufflent le chaud et le froid : après une franche progression la semaine dernière, de 10 $/t pour le blé HRW et de 6 $/t pour le blé SRW (blé de qualité meunière passable), les prix américains relâchent la pression cette semaine en perdant respectivement 12 et 5 $/t. Digérés pour l’instant les inquiétudes concernant la sécheresse dans le sud du pays et l’impact d’une possible baisse des surfaces de blé d’hiver !

Au tour du Canada

Aujourd’hui, c’est le Canada qui vient ajouter sa contribution à l’environnement baissier avec une révision officielle en hausse de 3 millions de tonnes (Mt) des quantités engrangées cette année. Certes, la récolte canadienne (30 Mt) demeure inférieure au record de l’an dernier mais avec cette moisson combinée à des stocks de départ élevés, le bilan est en train de s’alourdir nettement. Cela a fait plus que gommer l’effet haussier qu’aurait pu jouer l’Australie où se confirment désormais des dégâts des intempéries récentes sur les volumes et la qualité.

La Russie, de son côté, affiche des exportations toujours records, qui pourraient bien mener le pays vers un niveau de 35 Mt pour l’ensemble de la campagne ! Ce rouleau compresseur poursuit sa route et interdit toute remontée marquée des prix pour les origines qui sont en compétition avec le blé russe sur le marché mondial. La France est évidemment dans ce cas et voit ses prix perdre 3 €/t, à Rouen à 150 €/t, tout comme sur Euronext pour l’échéance de décembre à 156,25 €/t.

Le marché européen est ainsi en train de se séparer en deux : d’une part, un marché des blés à taux de protéine inférieur à 13 % qui n’a d’autre issue que de suivre l’humeur russe. C’est le cas de la France. Et d’autre part un marché des blés plus protéinés, amputé des quantités dégradées à la récolte en Allemagne, qui peut se permettre de rester soutenu et de résister à la tendance baissière. C’est le cas des marchés allemand et polonais où la rétention continue de plus belle, y compris pour les blés fourragers. Les producteurs jugent les prix trop faibles face à des acheteurs très « shorts » qui n’ont pas couvert leurs engagements à l’exportation.

Les prix des orges fourragères ne peuvent résister

Semaine plus calme sur le marché des orges après le gros achat de l’Arabie. Ces derniers jours, c’est la Turquie qui a fait parler d’elle en achetant environ 80 000 tonnes. Toutefois, pas d’embellie en vue pour les prix français qui abandonnent 5 €/t cette semaine à 145,75 €/t à Rouen (soit 2 $/t) alors que les prix de la mer Noire se raffermissent très légèrement.

Les orges fourragères françaises apparaissent très compétitives actuellement mais elles ont perdu des parts de marché au début de la campagne au profit des orges russes et ukrainiennes. Par ailleurs, à un prix proche du blé, ces orges sont en train de perdre de la demande en alimentation animale. Finalement, les stocks européens d’orge devraient rester assez proches de ceux de l’an dernier. Cette situation et l’impact baissier du blé pèsent ainsi sur les prix.

Du côté brassicole, deux tendances différentes : stabilité à hausse sur le créneau des orges de printemps (+1 €/t à 198 €/t Fob Creil) caractérisé par un manque d’offre face aux besoins. En revanche, les prix baissent sur le segment d’hiver (–4 €/t à 153 €/t Fob Creil) où les disponibilités restent élevées et très excédentaires par rapport aux besoins.

Inquiétudes pour le maïs en Amérique du Sud

Les cours du maïs ont grimpé légèrement cette semaine à Bordeaux (+2,5 €/t à 153,25 €/t) mais ont chuté à La Pallice (–1,5 €/t à 146,25 €/t) et sont restés stables en Alsace (158 €/t Fob Rhin)… Pas de grosses variations toutefois avec en toile de fond, un marché mondial qui reste caractérisé par une offre plus qu’abondante comprimant les prix…

Soulignons toutefois un sursaut en Amérique du Sud à cause du manque de pluie en Argentine et dans le sud du Brésil, sursaut qui se reporte aussi sur les valeurs ukrainiennes alors que les valeurs américaines restent de marbre. La récolte de l’Amérique du Sud (qui arrivera au printemps 2018) est déjà anticipée comme nettement plus basse que celle de 2017. Malgré cela, l’offre sud-américaine restera importante quand même, faisant suite à des stocks élevés au début de la campagne.

Il faudrait vraiment de très graves problèmes climatiques pour que la donne change du tout au tout et pour l’instant, malgré le phénomène climatique de la Niña qui se met en place (apportant de la sécheresse en Amérique du Sud), rien ne permet de prévoir une remontée conséquente des prix du maïs.

Les cours du soja se reprennent légèrement

Les cours du soja sur le marché à terme de Chicago (CBOT) sont en très légère hausse cette semaine. Ils remontent d’un peu plus de 2 $/t sur le rapproché (échéance de janvier 2018). Comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, les conditions météorologiques en Argentine continuent de concentrer l’attention des opérateurs.

Le risque La Niña, caractérisé par une sécheresse potentielle en Amérique du Sud, soutient ainsi les cours. De plus, des ventes américaines qui repartent à la hausse, avec environ 2 millions de tonnes (Mt) pour la semaine du 30 novembre permettent aux prix à terme de grappiller quelques dollars. Il est à noter égalemennt des importations exceptionnelles de la Chine en novembre (8,7 Mt).

Le colza français à la peine

Pour la cinquième semaine consécutive, les prix du colza sont en recul sur le marché français. Le rendu Rouen perd 1,5 €/t, tout comme le colza Fob Moselle. Sur le marché à terme, les cours sur Euronext sont en recul de 2,25 €/t, à 365,5 €/t. Les cours des huiles ont encore reculé cette semaine, avec des stocks d’huile de palme en Malaisie qui pourraient être en hausse. Cela pèse donc sur les prix de la graine de colza européenne.

Par ailleurs, les prix du canola canadien sont en léger recul cette semaine. Ils perdent environ 1,5 $/t, faisant suite à la publication par l’office de la statistique d’une récolte en 2017 très supérieure au chiffre précédent. À 21,3 Mt, les fermiers canadiens signent un nouveau record. Toutefois, l’impact de cette révision officielle sur les prix est restée très modérée. En effet, face à cette offre revue à la hausse, la demande répond présente, avec là aussi un record d’exportations pour le mois d’octobre, et une trituration dynamique. L’arrivée des volumes australiens sur la scène mondiale sera donc à suivre de près, avec une possible compétition entre ces deux grands exportateurs sur la seconde partie de campagne.

Le prix du tournesol est n inchangé cette semaine, à 320 €/t à Saint-Nazaire.

Les tourteaux repartent à la hausse

Le prix du tourteau de soja sur le CBOT est en hausse de presque 10 $/t cette semaine, à 368 $/t. Les inquiétudes du marché sur les risques des pertes de récoltes en Argentine tirent ainsi fortement les prix à la hausse. Avec le recul de l’euro cette semaine, les prix français remontent fortement, avec la cotation à Montoir à 340 €/t (+23 $/t).

Le prix du pois fourrager est inchangé cette semaine à 175 €/t départ Marne, tandis que le prix du pois jaune rendu Rouen recule de nouveau à 182 €/t (–1,5€/t), après la forte chute de la semaine dernière.

Tallage

À suivre : rythme de vente des sojas américains, climat en Amérique du Sud, récolte de canola en Australie, taux de change. avancée de la récolte de céréales en Australie, logistique russe

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