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Utilisation des phytos en hausse « Nouvelle impulsion » donnée au plan Ecophyto

© Twitter Stéphane Travert

Lors du comité d’orientation stratégique et de suivi du plan Ecophyto, les quatre ministres concernées ont pris des décisions au sujet du plan Ecophyto.

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Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ont réuni le comité d’orientation stratégique et de suivi (COS) du plan Ecophyto vendredi 27 juillet 2018.

Les ministres ont tout d’abord constaté que les résultats attendus du plan Ecophyto « ne sont pas au rendez-vous ». L’utilisation des produits phytopharmaceutiques a globalement augmenté depuis le lancement du plan Ecophyto en 2009. L’indicateur Nodu (nombre de doses unités) qui est utilisé pour mesurer l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, a en effet progressé de plus de 12 % en valeur entre 2014 et 2016 avec une légère baisse en 2015 et une stabilité en 2016.

Selon les ministres, ces résultats ne doivent pas masquer les avancées concrètes du plan Ecophyto sur de nombreux volets comme le développement du réseau des fermes Dephy, le déploiement des certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP) ou encore, les actions visant les jardins et espaces verts.

« Mais ces résultats confortent la nécessité de donner une nouvelle impulsion au plan Ecophyto et de mettre en œuvre des actions complémentaires à celles déjà engagées, estiment-ils. C’est tout l’objet du plan d’action sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides qu’ils ont présenté le 25 avril dernier et du plan d’action de sortie en trois ans du glyphosate présenté le 22 juin dernier. »

Programme prioritaire de recherche

Les ministres ont donc examiné, la version II + du plan Ecophyto, qui actualise et renforce le plan Ecophyto II en intégrant les actions engagées dans le cadre de ces deux plans.

Ainsi pour renforcer l’efficacité du plan et accompagner le déploiement de solutions pour les agriculteurs, les ministres ont décidé, dans le cadre des 71 M€ de crédits publics mobilisés chaque année au titre d’Ecophyto au niveau national et régional, de cibler plus particulièrement les actions de recherche appliquée et de transfert de l’innovation ainsi que le déploiement des collectifs d’agriculteurs. Ce renforcement des actions de recherche sera coordonné par les quatre ministères.

Autres décisions : un programme prioritaire de recherche (30 millions d’Euros) destiné à accroître la mobilisation de la communauté scientifique a également été annoncé.

Par ailleurs, Stéphane Travert a déclaré jeudi lors d’un déplacement dans les Bouches-du-Rhône, une enveloppe de 2 millions d’euros pour multiplier par dix le nombre de fermes Dephy : des fermes expérimentales aux méthodes de production adaptées pour diminuer l’usage des produits phytosanitaires. Elles passeraient ainsi de 3 000 à 30 000 à l’horizon de 2021.

La version II + du plan Ecophyto sera soumise à la consultation publique à l’automne prochain et publié avant la fin de 2018.

Groupes de travail en action

Par ailleurs, les différents groupes de travail annoncés le 25 avril dernier ont tous commencé leurs travaux.

« Pour ce qui est de la sortie du glyphosate, la task force a été constituée pour finaliser d’ici à la fin de l’année le centre de ressources sur les alternatives et sera accessible à chaque agriculteur », ajoutent les ministres. Les filières ont de plus présenté de nouveaux engagements de réduction des usages du glyphosate, soit 45 % de réduction en grandes cultures et 50 % en viticulture d’ici à 3 ans.

Les ministres ont demandé aux filières de poursuivre ce travail collectif pour renforcer et préciser les objectifs en cohérence avec le calendrier fixé par le gouvernement et les actions de déploiement. Ils ont également salué les propositions constructives des agriculteurs sur les actions à mener pour réduire l’usage de pesticides.

Les ministres ont aussi annoncé que la substitution du glyphosate sera encouragée dans le cadre du renouvellement des autorisations de mise sur le marché de produits contenant du glyphosate par l’Anses, qui seront délivrées dans un premier temps pour une durée n’excédant pas 3 ans. Une évaluation comparative sera conduite avant tout renouvellement et les usages pour lesquels des solutions alternatives non chimiques existent et sont couramment utilisées seront progressivement interdits.

Néonicotinoïdes : quelques rares dérogations

Enfin, pour ce qui est des néonicotinoïdes, compte tenu de l’évolution réglementaire des substances actives au niveau national et européen, et des conclusions du rapport de l’Anses publiées à la fin de mai, les ministres ont annoncé que seules quelques rares dérogations aux interdictions décidées sont envisageables. Elles ne pourront concerner que des produits à base d’acétamipride pour de faibles volumes et feront l’objet d’une instruction approfondie quant à leurs impacts.

L’AGPM (producteurs de maïs) estime que les annonces du gouvernement « sont un camouflet pour la position défendue par le président de la République et les agriculteurs qui vont en subir les conséquences ».

Les producteurs de maïs rappellent en effet que l’avis de l’Anses est clair : « La suppression des néonicotinoïdes actuellement autorisés conduit à une impasse totale dans la lutte contre les mouches, qui concerne plusieurs centaines de milliers d’hectares en France ». « Et la seule molécule efficace disponible, que le gouvernement s’apprête à interdire, est autorisée au niveau européen. »

« Cette situation est inacceptable, et ce d’autant que cette annonce est faite aujourd’hui, sans aucune concertation avec les parties ; alors même que l’AGPM a demandé formellement une dérogation le 7 juin dernier et qu’aucun rendez-vous, ni au ministère de l’Agriculture, ni au ministère de la Transition écologique, ni au ministère de la Santé, tous trois compétents sur le dossier, ne lui a été accordé pour expliciter les difficultés des producteurs et les efforts envisagés pour continuer à utiliser la seule solution efficace disponible en en réduisant l’usage », conclut l’AGPM.

La FNSEA indique qu’à l’occasion de cette réunion, « Stéphane Travert a demandé à Eric Thirouin de présenter le contrat de solutions, dont il préside le comité de pilotage. Avec ce contrat, la profession agricole est au rendez-vous pour répondre aux attentes des consommateurs et des pouvoirs publics.

Elle propose des solutions concrètes pour réduire l’utilisation et les impacts des produits phytosanitaires, et les modalités de leur déploiement à très large échelle. L’ensemble des ministres ont salué cet engagement et annoncé leur intention de l’annexer au plan Ecophyto 2 +. Nicolas Hulot l’a même accueilli « avec enthousiasme ». Pour notre part, nous ne pourrons partager cet enthousiasme que quand les pouvoirs publics ajusteront leurs moyens à leurs ambitions : nous attendons toujours la consolidation de l’ensemble des actions ministérielles ».

« Notre association déplore cette nouvelle hausse, a déclaré à ce sujet François Veillerette porte-parole de Générations Futures. En l’état, l’actuelle ébauche de plan présentée aujourd’hui ne pourra pas permettre selon nous une évolution à la baisse de ses chiffres significative. En effet, pour notre association, ce nouveau plan manque d’une approche claire sur de nécessaires changements radicaux de systèmes agricoles. »

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