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Marché Une récolte européenne de blé en baisse

© P. Peeters/GFA

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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C’est le blé d’hiver américain HRW (bonne qualité meunière) qui affiche la plus forte variation de prix cette semaine sur le marché mondial. Malgré des rendements affectés par la sécheresse de l’hiver, il vient de perdre plus de 20 $/t, à 218 $/t Fob US Gulf, à la suite de la progression de la récolte et du maintien du dollar à un niveau élevé.

Désarroi général aux États-Unis

Le désarroi général des opérateurs américains à la suite de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine continue aussi de peser. En raison des bas rendements attendus, ce blé HRW, qui constitue la plus grosse part des exportations de blé américain, avait vu son prix grimper très haut au cours des semaines passées.

Il avait perdu ainsi toute compétitivité au point d’être devenu beaucoup plus cher que le blé de bonne qualité allemand par exemple. Le recalage de son prix vers le bas le ramène à un niveau beaucoup plus proche de ses concurrents. Cela signifie donc une concurrence accrue pour les blés européens de bonne qualité meunière.

Chute des volumes dans la zone de la mer Noire

Du côté de la mer Noire, les prix se sont légèrement affaissés avec le déroulement des moissons. Bien que les volumes récoltés vont chuter en Russie et en Ukraine. Ce qui va conduire ces deux pays à exporter moins que l’an dernier, les volumes qui devront sortir sur les premiers mois de la campagne resteront conséquents et pousseront la mer Noire à rester compétitive sur le court terme.

Les derniers développements géopolitiques et l’arrivée des récoltes ont donc comprimé momentanément les prix malgré une perspective de baisse des stocks mondiaux en fin de campagne à l’été 2019. La confirmation, conforme aux prévisions, aujourd’hui au Canada d’une hausse de 10 % de la surface de blé est aussi un facteur qui a été baissier cette fin de semaine.

En conséquence, les prix des blés français sur le marché physique se sont plutôt affaissés perdant, à la date du 28 juin, entre 1 et 3 €/t selon les places par rapport à la semaine dernière. Dans l’Union européenne pourtant, les inquiétudes montent. La récolte est bien lancée dans le Sud-Est où les pluies sont en train de fortement dégrader la qualité (Bulgarie).

Au nord de l’Union européenne, la sécheresse a causé de très graves dégâts et les estimations sont révisées à la baisse, pour la Scandinavie notamment. En France, notre prévision de récolte se dégrade fortement aussi. Euronext avait suivi la tendance baissière en début de semaine mais repart en nette hausse ce soir : +2,5 €/t par rapport à la semaine dernière.

Les orges suivent le blé

Le prix des orges fourragères s’est affaissé à Rouen, abandonnant 2,5 €/t à 161,5 €/t rendu. Peu de changement en départ Moselle. Les orges ont suivi la tendance baissière du blé et du maïs, tendance renforcée par l’arrivée des récoltes de la mer Noire dont les prix ont légèrement reculé : de 1,5 $/t pour les orges ukrainiennes à 190 $/t Fob.

Pour l’instant, les orges françaises de la nouvelle récolte, à 193 $/t Fob, demeurent légèrement plus chères que leurs concurrentes. La récolte est en cours avec des résultats plutôt moyens. Les prix brassicoles sont restés quasi stables, à 169 €/t Fob Creil pour les variétés d’hiver et 210 €/t pour celles de printemps (Sebastian). Les primes par rapport aux orges fourragères restent soutenues par les inquiétudes concernant le nord de l’Union européenne.

Le maïs encore plus bas

Comme pour le blé, les prix ont poursuivi leur baisse sur le marché mondial du maïs, toujours sous l’impact de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Et aussi faisant suite au bon niveau de précipitations sur les plaines américaines. En deux semaines, les maïs américains ont perdu 15 $/t à 163 $/t Fob actuellement, ce qui a poussé les autres origines vers le bas : –7 $/t en deux semaines pour les maïs ukrainiens, à 182 $/t Fob.

Cette situation continue de peser sur les maïs français qui abandonnent 2,5 €/t Fob Rhin sur l’ancienne récolte et 7,5 €/t sur les échéances de la nouvelle campagne. Attention toutefois aux prévisions de fortes températures pour les États-Unis au cours des prochains jours.

Le colza et le tournesol rebondissent sur fond d’aléa climatique

Les prix des colzas sont en hausse sur la semaine, en raison des conditions climatiques particulièrement chaudes sur le nord de l’Europe, qui affectent les rendements. En France, où la récolte va bientôt commencer, une grande incertitude est de mise du fait des conditions climatiques extrêmes qui ont prévalu pendant le cycle des cultures.

Nous prévoyons pour le moment la production européenne de colza à 21,1 Mt, en baisse de presque 1 Mt par rapport à 2017. Le prix du colza grimpe de 7 €/t en Fob Moselle et sur Euronext cette semaine, et de 3,5 €/t en rendu Rouen.

Au contraire, au Canada les prix sont en repli de 10 $/t. Le marché était dans l’attente de la publication du résultat d’une enquête du ministère de l’Agriculture auprès des agriculteurs canadiens. Il s’attendait à une révision en hausse des surfaces par rapport aux précédentes estimations. La publication de ce 29 juin a confirmé cette attente.

Les surfaces n’ont finalement quasi pas reculé par rapport à l’an dernier (–1 %) et le Canada pourrait récolter 21,5 Mt de canola, soit quasi autant que l’an passé. Il faudra pour cela que le climat soit normal durant les prochaines semaines dans les provinces de l’Ouest. Pour l’instant avec un déficit de précipitations de 60 % en moyenne sur les deux dernières semaines sur les zones de production principales, la situation reste à surveiller.

Les prix du tournesol gagnent 5 €/t, à 325 €/t, à Saint-Nazaire en ancienne et nouvelle récolte. En effet, dans la zone de la mer Noire, le déficit hydrique reste important. Le rendement de tournesol pourrait être affecté dans ces régions si la sécheresse perdure.

Le soja continue sa chute

Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine continue de peser sur les prix outre-Atlantique, avec une baisse de 7 $/t du soja en ancienne et nouvelle campagne cette semaine. Le soja américain, malgré cette chute spectaculaire, n’est toujours pas compétitif rendu Chine si l’on ajoute une taxe d’importation de 25 % au prix rendu port.

Cela devrait continuer à peser sur les prix américains et mondiaux tant que les Chinois pourront trouver des sources alternatives de soja, probablement jusqu’en septembre. Le prix des tourteaux à Montoir recule encore de 3 €/t sous la pression du soja cette semaine.

Le pois fourrager voit sa cotation inchangée.

Tallage

À suivre : relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, climat et résultats des récoltes dans l’hémisphère Nord (blé/colza/tournesol/soja), en France notamment.

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