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Céréales 2017, encore une année délicate pour les revenus

Philippe Pinta, président de l’AGPB (à gauche), demande aux pouvoirs publics de « remettre en place, dans certains départements des cellules de crise comme en 2016 (à droite, François Jacques, secrétaire général d’Arvalis). © I. Escoffier/GFA

Alors que depuis un mois, le prix du blé tendre ne cesse de chuter, l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) alerte sur les difficultés de nombreuses exploitations, et notamment dans les zones intermédiaires. Et ce malgré une récolte bien meilleure qu’en 2016.

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L’AGPB prévoit une production de 36,8 millions de tonnes de blé tendre, avec un rendement moyen de 71,5 q/ha. Sur le plan qualitatif, la teneur en protéines s’annonce très bonne. Selon les derniers résultats de FranceAgriMer (portant sur 77 % des échantillons), 85 % des volumes collectés présentent un taux de protéines situé entre 11,5 et 13 %. Malgré cela, de nombreuses exploitations vont faire face à une nouvelle année délicate, particulièrement en Bourgogne, dans le Centre et la Lorraine.

Un prix descendu à 130 €/t

« Le prix du blé est descendu à 130 euros la tonne départ ferme ces derniers jours, ce qui ne permettra pas de rémunérer les producteurs dont les trésoreries sont déjà très fortement affectées par 2016 », a estimé Philippe Pinta, le président de l’AGPB, lors d’un point de presse à Paris le 29 août 2017 sur le bilan des moissons. Et d’indiquer que cette année, sur la base des derniers chiffres, le « revenu annuel des céréaliers spécialisés pourrait descendre à 2 000 € après déduction des charges sociales ».

« Le gros point noir en 2017, c’est le revenu, martèle Philippe Pinta. On pensait se refaire après 2016 où on a perdu 30 % du chiffre d’affaires, mais la moisson de cette année ne sera pas assez rémunératrice. Chez certains producteurs, il y a des ardoises un peu partout. »

« Sur une moyenne de cinq ans, on arrive à un revenu proche de zéro pour la ferme France céréalière spécialisée », souligne l’AGPB, qui demande aux pouvoirs publics de « remettre en place dans certains départements des cellules de crise comme en 2016. »

Retrouver le chemin de la compétitivité

Dans ce contexte, le syndicat des producteurs de blé compte sur les États-généraux de l’alimentation pour redonner de la compétitivité à la filière. « À condition que ce ne soit pas un Grenelle de l’environnement bis », a lancé Philippe Pinta, qui souhaite qu’il y ait une approche filière, « tenant compte de tous les acteurs : producteurs, collecteurs, transformateurs, consommateurs ».

L’AGPB a fustigé le transfert des aides du premier pilier vers le second à hauteur de 4,2 % supplémentaires. Agacés de « payer pour l’incurie de l’État », les producteurs de blé dénoncent l’accroissement des distorsions de concurrence avec leurs voisins européens. « Les 160 millions d’euros de prélèvement supplémentaires associés au seul secteur des grandes cultures auront un impact considérable sur la compétitivité des producteurs », estime l’AGPB. L’association spécialisée indique que dans les zones intermédiaires, le déficit de compétitivité atteint 12 à 15 €/t par rapport à l’Allemagne, du fait des aides Pac.

Le syndicat demande par ailleurs une « politique efficace de gestion des risques climatiques et économiques, une harmonisation des règles communautaires et un accompagnement des investissements à l’innovation ».

I.E.

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