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Saccage de tournesol L’incompréhension des chercheurs

L’équipe en charge des essais. © F. Jacquemoud

Dans la nuit du 16 au 17 août 2017, des « faucheurs volontaires » ont détruit cinq parcelles d’essais de tournesol, sur la plateforme Syppre de Montesquieu-Lauragais (Haute-Garonne). Arvalis-Institut du végétal, Terres Inovia et l’Institut technique de la betterave portent plainte.

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Le 17 août au matin, les chercheurs des trois instituts qui portent le projet Syppre et Yannick Jean, agriculteur à Montesquieu-Lauragais, qui met à disposition ses terres pour les essais, ont retrouvé leurs cinq parcelles de tournesol (0,75 ha) saccagées. Une année de travail perdue ! Toutes les tiges avaient été minutieusement plaquées au sol. Dans la nuit, des « faucheurs volontaires », venus à Foix (Ariège) pour le procès de certains d’entre eux, avaient mené une « action commando » anti-OGM.

« Un hybride simple parmi les plus cultivés »

« Nous n’avons pourtant que du tournesol oléique LG 5687HO, un hybride simple parmi les plus cultivés dans cette région du Lauragais, affirme Anthony Cazaban, technicien d’Arvalis responsable du site. Il ne s’agit pas de tester des variétés tolérantes aux herbicides, et nous n’en avons aucune. Les parcelles étaient propres car elles avaient fait l’objet d’un désherbage chimique en postsemis-prélevée, puis d’un désherbage mécanique à la bineuse. Preuve que la technique fonctionne. Les faucheurs ont cru qu’il s’agissait d’OGM. »

Le projet Syppre est tout ce qu’il y a de plus vertueux. Commencé en 2015 et prévu sur huit à dix ans, il compare une rotation courte blé dur/tournesol, telle qu’elle existe majoritairement dans le Lauragais, et une rotation longue blé tendre, colza, blé dur, orge d’hiver, culture intermédiaire à vocation énergétique, sorgho, pois d‘hiver, sarrasin, blé dur, féverole et tournesol.

Des essais en grandeur nature

« Nous cultivons vingt parcelles sur 5 ha, en “condition agriculteur”, avec le matériel de Yannick Jean, pour avoir des essais en grandeur nature, explique Jean-Luc Verdier, responsable de la plateforme. Les cultures se font en sec, sur sol argilo-calcaire. L’objectif est de limiter les attaques des bioagresseurs en variant les cultures, de réduire les dégâts climatiques, en rendant les plants plus robustes, tout en gardant une exploitation économiquement viable, grâce à la diversification. Nous luttons aussi contre l’érosion, déjà en retrait grâce aux couverts, et sur la fertilité des sols. »

Trois plaintes seront déposées

Sur deux des cinq parcelles, les chercheurs ont récupéré à la main les capitules qui sèchent aujourd’hui sous serres, mais les données économiques sont perdues. L’agriculteur a passé la moissonneuse. De nombreuses graines tombées au sol se retrouveront dans la prochaine culture et fausseront les données. Les trois autres parcelles, semées plus tard devraient être « récoltées » la semaine prochaine.

« Nous ne comprenons pas pourquoi ces parcelles ont été détruites, ajoute Julie Malecot, responsable de l’expérimentation chez Terre Inovia. Le site est accessible à la visite, nous avons fait une inauguration et des portes ouvertes, nous avons publié le protocole de recherche, rien n’est caché. Si les faucheurs avaient des questions, ils n’avaient qu’à demander. » Les trois instituts porteront plainte contre les faucheurs volontaires dans les jours qui viennent.

Florence Jacquemoud

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