Céréales Le blé plonge
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Après le petit soubresaut de la semaine dernière, les prix du blé sont en chute libre cette semaine.
L’euro poursuit sa hausse
Les cotations meunières et fourragères ont perdu presque 10 €/t à Rouen depuis la semaine dernière (à 158 et 157 €/t respectivement). La baisse est marquée aussi sur Euronext à 168,25 €/t pour l’échéance décembre (-6,5 €/t). Les variations sont plus modérées à la Pallice, en Moselle ou à Creil où le blé abandonne tout de même entre 1 et 3 €/t. En toile de fond derrière cette baisse, les deux facteurs principaux à relever sont la poursuite de la hausse de l’euro face au dollar (ce dernier souffrant fortement des incertitudes liées au gouvernement Trump), et les très bons échos provenant de Russie.
Impact baissier d’une récolte énorme en Russie
Dans ce pays, il reste encore beaucoup à récolter mais les résultats du Sud et du centre conduisent tous les analystes à relever leurs estimations. La récolte russe est maintenant prévue aux alentours de 75 Mt, un niveau supérieur à celui de l’an dernier alors que les bons rendements de l’an dernier semblaient difficiles à dépasser.
Les perspectives se dégradent pourtant en Amérique du Sud (pluies en Argentine qui empêchent les semis, gel au Paraguay qui risque d’amputer à la fois les surfaces récoltées et les rendements). Par ailleurs, les conditions restent encore très mauvaises pour les blés de printemps américains. La moisson va commencer dans les plaines du nord et les pluies qui arrivent maintenant seront de peu d’utilité.
Malgré tout, c’est bien la situation en mer Noire qui est en train de tout tirer vers le bas. Paradoxalement, les prix russes, eux, ne bougent pas beaucoup ; ils sont restés stables en qualité meunière (12,5 % de protéine) et n’ont abandonné que 4 $/t en qualité fourragère. En effet, l’activité d’exportation est forte dans les ports de la mer Noire et cela y soutient les prix.
Manque probable de blé de haute qualité
L’ampleur des disponibilités russes fait peur et cela a donc conduit momentanément à gommer largement l’effet haussier du mois dernier provenant du manque attendu de blé de printemps très protéiné aux États-Unis. Ce point n’est pas à oublier : le bilan des blés à teneur en protéines très élevée (supérieure à 14 %) sera tendu et celui des blés à bonne teneur (12,5 %) risque d’être moins lourd que prévu. Pourquoi ? En raison de déboires qualitatifs en Russie et des inquiétudes qui prévalent actuellement en Allemagne où la moisson est retardée par les pluies.
L’orge fourragère suit modérément la baisse
En orge, les prix à Rouen suivent, mais avec prudence, ceux du blé et perdent 3,5 €/t à Rouen à 140,75 €/t. En revanche, l’achat saoudien la semaine dernière est venu apporter un soutien au prix des orges de la mer Noire qui ont gagné entre 8,5 et 10 $/t cette semaine à 177-179 $/t.
Les orges fourragères françaises (172 $/t) se retrouvent maintenant moins chères que les orges de la mer Noire alors qu’elles étaient plus chères au cours des dernières semaines. Cela a probablement limité la quantité achetée par l’Arabie : 900 000 tonnes seulement alors que l’appel d’offres portait sur un volume de 1,5 million de tonnes.
Inquiétudes sur la production brassicole
Les orges de brasserie, elles, voient leur prix grimper cette semaine avec les inquiétudes climatiques dans le nord de l’Union européenne et les révisions en baisse des estimations de production (Scandinavie notamment). Les orges d’hiver brassicoles gagnent ainsi 4 €/t à 168 €/t Fob Creil et celles de printemps montent de 9 €/t à 206 €/t.
Évolutions disparates du maïs
Après avoir chuté nettement la semaine dernière, le maïs voit son prix remonter à la Pallice (+10 €/t à 157 €/t) mais baisser à la suite du blé dans l’est de la France (-11 €/t Fob Rhin à 147 €/t). Sur le marché mondial, les maïs US sont tirés à la baisse par l’amélioration des conditions climatiques même si plusieurs sources révisent les prévisions de production aux États-Unis à la baisse. En revanche, les prix remontent légèrement au Brésil en raison de blocages logistiques (grève des camions). Suite à la chute des prix mondiaux, il devient quasiment certain que des droits à l’importation seront instaurés prochainement dans l’Union européenne.
Les pluies font couler le soja
Les prix du soja à Chicago chutent fortement cette semaine, à 349 $/t sur le rapproché (-16 $/t). Les cours se sont affaissés toute la semaine, car les opérateurs ont été rassurés par les pluies et le rafraîchissement induit, ainsi que par une légère amélioration de l’état des plants. Ceux-ci sont en effet notés pour 59 % bons à excellents, contre 57 % la semaine passée (mais 72 % l’an dernier).
Cela correspond à une note moyenne, qui permettrait un rendement correct. La spéculation haussière, qui pariait sur une sécheresse estivale, est donc en train de s’effondrer, avec les fonds qui revendent leurs positions. Les pluies devraient se poursuivre dans les prochains jours, assurant une fin de développement correcte dans la phase clé de remplissage.
À noter toutefois que les échéances éloignées ont des cours plus élevés que le rapproché, avec une possible hausse de demande une fois la récolte achevée. Les ventes des États-Unis pour la nouvelle campagne sont pour l’instant assez faibles : 6,4 millions de tonnes contre presque 11 l’an dernier à la même date.
Les cours du colza résistent
Les prix du colza sont proches de ceux de la semaine dernière, avec un léger recul sur le physique mais une hausse à Paris. Ainsi, en rendu Rouen, les cours perdent 2 €/t (à 353 €/t), comme en Fob Moselle (à 363 €/t). Sur Euronext, la cotation du colza sur le rapproché remonte de 2,5 €/t, à 366 €/t. Ainsi, malgré les très bons résultats de la récolte hexagonale, qui devrait dépasser 5 millions de tonnes, les prix français résistent cette semaine à la chute des cours mondiaux.
Au Canada, la sécheresse persiste et fait croître les risques de pertes de rendement. Ainsi, à la fin juillet, seuls 52 % des plants de canola sont estimés « bons à excellents » au Saskatchewan, contre 92 % l’an dernier. Cependant, comme la semaine passée, les cours du canola canadien ont de nouveau été entraînés par la baisse du soja. Ils ont cédé presque 9 $/t sur le rapproché, à 395 $/t. La récolte devrait commencer dans les prochaines semaines.
En tournesol, les cours reculent cette semaine : le prix des graines se situe à 340 €/t à Saint-Nazaire (-10 €/t cette semaine). Les récoltes en Mer Noire s’annoncent bonnes, ce qui pèse sur les cours.
Les prix des tourteaux suivent le retrait de la graine de soja
Les tourteaux de soja sont de nouveau en forte baisse aux États-Unis. À Chicago, les cours reculent ainsi de presque 18 $/t sur le rapproché depuis la semaine dernière (à 338 $/t). La baisse est plus modérée à Montoir (-7,5 €/t à 300 €/t), et ce malgré un nouveau renchérissement de l’euro. Les prix continuent à être fortement influencés par les graines de soja, ainsi que par le recul du maïs.
Le prix du pois fourrager départ Marne est stable cette semaine (à 205 €/t), tandis que le cours du pois jaune en de nouveau en baisse en rendu Rouen (-6,5 €/t à 215,5 €/t).
À suivre : début de récolte au Canada (canola) et aux États-Unis (soja), poursuite de la récolte de blé et d’orge en Russie, en Europe et en Amérique du Nord
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