Marchés Le colza encore soutenu à la différence du blé
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Malgré la faiblesse de l’euro qui soutient les prix français, les prix du blé sont restés orientés en légère baisse cette semaine pour tomber à 158,5 €/t à Rouen (base juillet) ou à 155 €/t Fob Moselle.
Des prix du blé qui peinent à remonter
Les bonnes conditions climatiques dans l’ouest de l’UE permettent actuellement d’envisager de bons rendements en France et le retour des pluies attendues dans l’est de l’UE est venu soulager les inquiétudes. On observe également un tassement des valeurs des blés mer Noire sur l’ancienne campagne en raison de la faiblesse des achats, le marché étant désormais tourné vers la nouvelle campagne.
Il est à noter toutefois que les stocks restant disponibles en fin de campagne en Russie se sont nettement amenuisés au cours des dernières semaines. Nous les estimons à 15 millions de tonnes mais un débat fait rage actuellement sur la taille exacte de ces stocks résiduels : certains opérateurs les placent plus haut, ce qui leur permet, à l’instar de l’USDA, de prévoir des exportations qui pourraient dépasser largement le niveau de 40 millions de tonnes en 2018-2019, point de vue que nous ne partageons pas.
Cette question, associée au potentiel de récolte dans ce pays, reste un aléa de taille. Justement, la situation n’est pas excellente actuellement en Russie : les pluies arrivées récemment sur le sud du pays ne sont pas suffisantes pour les blés d’hiver et les semis restent très en retard à l’est à cause de conditions trop froides et neigeuses.
Autre inquiétude grandissante cette semaine : la situation reste sèche en Australie où les semis sont en cours. Le marché du blé demeure donc encore sous l’influence des facteurs climatiques mais, pour l’instant, le bon niveau des stocks de la fin de campagne et l’arrivée prochaine de la nouvelle récolte empêche toute hausse.
Baisse des prix brassicoles mais hausse des fourragers
L’orge fourragère s’est renchérie cette semaine à Rouen (+2 €/t à 166,5 €/t en base juillet) mais elle a perdu un peu de terrain en Moselle (–1 €/t à 153 €/t). L’orge française gagne donc 1 $/t sur le marché mondial à 212 $/t en raison d’une bonne demande qui continue de se matérialiser et d’une perspective de stocks juste à l’équilibre en fin de campagne.
Sur le créneau brassicole, en revanche, les prix baissent avec l’amélioration et la poursuite des semis dans le nord de l’UE et au Royaume-Uni. Les orges brassicoles perdent ainsi 3 €/t à 167 €/t Fob Creil en variétés d’hiver et 192 €/t pour les variétés de printemps.
Maïs : la guerre commerciale Chine-Etats-Unis influent sur les prix
Les semis français progressent (86 % au 13 mai), mais restent en retard par rapport à l’an dernier (97 % à la même date). Le retard concerne surtout la façade atlantique. Malgré cela, les prix Fob Bordeaux cèdent presque 1 €/t cette semaine à la suite des prix mondiaux. En revanche, le Fob Rhin gagne 1 €/t.
En Ukraine, les prix continuent de baisser (–4 $/t) car la demande à l’exportation est moins présente (notamment de la part de la Chine et de l’Égypte). Les prix argentins et US perdent 2 $/t. Cette baisse est liée d’une part à la bonne progression des semis US et d’autre part à la réduction par la Chine de ses approvisionnements en soja US, ce qui libère les infrastructures portuaires pour l’exportation de maïs.
La Chine a annoncé ce vendredi (18 mai) qu’elle renonçait à la taxe (prohibitive) sur les importations de sorgho US. Cette taxe, mise en place en avril, avait eu pour effet de faire chuter les prix de sorgho US, qui était ainsi devenu compétitif par rapport au maïs pour l’utilisation dans les rations animales et la production d’éthanol. Par ailleurs, plusieurs bateaux de sorgho US initialement destinés à la Chine ont fini leur route en Espagne, chassant également le maïs en alimentation animale. L’abolition de cette taxe signifie donc que la pression baissière du sorgho devrait s’estomper. D’ailleurs, les prix US ont réagi à la hausse à l’annonce de cette nouvelle. A voir si cette embellie se poursuit.
L’avancée des semis US cette semaine va être regardée de près par le marché car la fenêtre idéale se termine le 20 mai dans les États clés. Les semis US ont nettement progressé entre le 6 et le 13 mai, ils étaient proches de la moyenne quinquennale à l’échelle nationale mais restaient en retard dans le principal État producteur qu’est l’Iowa.
Les cours de la fève évoluent au gré des négociations sino-américaines
Le complexe soja US affiche une nouvelle baisse cette semaine. Bien que le bilan mondial de 2017-18 apparaisse équilibré et que celui de 2018-19 s’annonce légèrement fragile en nouvelle campagne, la fève cède 7 $/t à Chicago sur juillet 2018 et 10 $/t sur novembre 2018. Ces replis s’expliquent par la faiblesse des exportations vers la Chine qui privilégie l’origine brésilienne. En effet, les autorités chinoises sont toujours en pourparlers avec le gouvernement US concernant les désaccords commerciaux.
Malgré des signes d’apaisement dans les négociations en milieu de semaine, Pékin a réitéré sa menace d’instaurer des taxes dissuasives sur les importations de soja en rétorsion à la politique douanière nord-américaine. Toutefois, le sorgho US qui était également candidat à la surtaxe ne fera finalement pas l’objet de telle mesure, selon une récente annonce. Par ailleurs, le repli de la production de viande de porc chinoise et la baisse concomitante des besoins en protéines importées pèsent cette semaine sur les tourteaux de soja qui perdent 17 $/t sur le CBOT et 3 €/t à Montoir.
Le pois fourrager est incoté cette semaine.
Le colza ballotté entre baisse du soja et fermeté des huiles et du pétrole
Le colza français est presque inchangé à Rouen alors qu’il gagne 4,5 €/t pour le Fob Moselle en réponse aux problèmes de floraison en France et en Allemagne qui préoccupent les opérateurs. Globalement, les prix restent tiraillés entre le repli du soja à Chicago et la fermeté de l’huile à Kuala Lumpur. Selon de récentes estimations, le rythme des exportations d’huile de palme a dépassé les attentes en avril tandis que les stocks affichent un repli par rapport au mois de mars.
L’escalade des prix du pétrole contribue également à la relative robustesse des cours des huiles et de la graine de colza par ricochet. Au contraire, les prix du canola canadien perdent presque 13 $/t cette semaine à Winnipeg faisant suite à la publication de StatCan qui prévoit une hausse de 14,4 % des stocks d’une campagne à l’autre à 9,1 Mt. Toutefois, la situation climatique et notamment le déficit hydrique dans l’Ouest canadien reste à suivre de près dans les semaines à venir.
Le marché du tournesol est resté relativement calme avec des cotations qui sont reconduites sur une semaine à 320 €/t à Saint-Nazaire. Les travaux de semis sont maintenant bien engagés dans l’hémisphère Nord et semblent se dérouler sans encombre pour le moment.
Le pois reste coté proche de 170 €/t départ Marne.
A suivre : climat en Russie, retour ou pas des pluies en Australie, semis de canola au Canada, négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis, climat dans l’hémisphère Nord (colza/tournesol), cours du pétrole
Tallage
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