Céréales La flambée des blés américains soutient les cours
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les prix des céréales ont plus ou moins tenu leurs positions cette semaine après la hausse observée la semaine dernière, portés par la flambée des prix du blé américain. Les prix français du blé tendre finissent la semaine très proches du niveau d’il y a sept jours. Les cotations ont d’abord poursuivi leur trajectoire baissière initiée à la fin de la semaine dernière, faisant suite à l’annonce du retour de températures moins chaudes et de pluies en France.
Cela avait alors mis fin au sursaut des prix engendré par la canicule dans l’Hexagone et par la situation critique des blés de printemps aux États-Unis. Après avoir baissé à 162 €/t mercredi, le rendu Rouen (nouvelle récolte) est reparti à la hausse jeudi, pour retrouver le niveau de 164,5 €/t. Même dynamique sur Euronext : le contrat de septembre, qui était à 173,25 €/t le 23 juin, a reculé à 169,75 €/t le 28 juin, pour remonter à 173,25 €/t le 29 juin. Euronext restait orienté à la hausse vendredi 30 juin, dépassant 176 €/t en cours de séance.
Ce sont à nouveau les conditions des blés américains qui focalisent l’attention du marché, car la sécheresse perdure dans les plaines du nord des États-Unis (Dakota, Montana), zone de production du blé de printemps, tandis qu’un tiers des blés arrivent à épiaison dans le Dakota du Nord. Cela a propulsé le prix des blés de printemps américain cotés à Minneapolis, au plus haut depuis trois ans, tirant à sa suite les blés d’hiver en cours de récolte.
Le contrat du Soft Red Winter à Chicago (marché à terme américain le plus actif en blé) a ainsi atteint son niveau le plus élevé depuis un an. Autre élément susceptible d’alimenter la hausse : la révision à la baisse le 29 juin par StatsCan des surfaces ensemencées en blé au Canada. À l’échelle européenne, deux éléments tempèrent le phénomène haussier observé aux États-Unis : l’appréciation de l’euro face au dollar après les dernières déclarations du patron de la Banque centrale européenne (phénomène défavorable aux exportations de l’Union européenne) et un impact de la canicule sur le remplissage des grains moins grave que ce que l’on aurait pu craindre dans de larges zones de production en France (avec toutefois des situations très hétérogènes).
Orge : beaux jours en printemps, morosité en hiver
En orge, la situation est contrastée selon les types de variétés. La cotation de l’orge fourragère rendu Rouen a suivi l’évolution du blé, perdant du terrain au début de la semaine avant d’en regagner ces tout derniers jours. La cotation s’affichait ainsi à 141,75 €/t jeudi, en petite hausse (+1,25 €/t) par rapport au prix d’il y a sept jours. En revanche, le Fob Moselle (fourragère) et le Fob Creil (brassicole d’hiver) se replient d’environ 3 €/t sur la semaine, reflétant les résultats plutôt satisfaisants de la récolte d’orge d’hiver, achevée à 50 % en France.
Les variétés d’hiver ont en effet peu subi les effets de la canicule, arrivée en fin de cycle pour cette céréale. A l’inverse, la cotation Fob Creil pour les orges de brasserie de printemps poursuit sa hausse, à 198 €/t (échéance d’octobre), gagnant 3 €/t de plus cette semaine après avoir progressé de 11 €/t la semaine précédente. Les variétés brassicoles de printemps risquent en effet de payer le plus lourd tribut à la canicule, en volume, mais aussi en qualité (calibrage et protéines), ce qui est susceptible d’entraîner un déclassement.
Chute de tension (provisoire ?) en maïs
En maïs, les prix de l’hémisphère Sud continuent d’être tirés à la baisse par les très bonnes récoltes au Brésil, en Argentine et en Afrique du Sud (-6 à 7 $/t sur la semaine au Brésil et en Argentine). Aux États-Unis, le marché est dans une phase attentiste. Les conditions météo jusqu’ici trop sèches pourraient s’améliorer, mais il est aussi annoncé des températures supérieures à la normale sur la Corn Belt alors que l’on s’approche du stade sensible de la floraison. Et les opérateurs attendent la publication, le 30 juin (à 18 h, heure française), du rapport de l’USDA qui dévoilera les nouvelles estimations de surfaces aux États-Unis ainsi que les stocks au 1er juin.
Dans ce contexte plutôt baissier, le maïs français cède 2,75 €/t Fob Bordeaux à 165 €/t échéance de juillet, mais la hausse de l’euro induit toutefois une hausse du prix français exprimé en dollar. La baisse des températures et le retour des pluies en France apportent en effet du répit aux cultures, tandis que les arrêtés d’interdiction d’irrigation continuent de se répandre sur le territoire. Il faudra aussi surveiller le déplacement de la vague de chaleur sur l’Europe du Sud-Est, qui pourrait pénaliser les maïs bulgares et roumains.
À suivre : impact des estimations publiées dans le rapport de l’USDA de ce jour, impact de la canicule sur le blé et l’orge de printemps en France, dégradation de la situation des blés de printemps aux États-Unis et au Canada, conditions météo aux États-Unis pendant la floraison du maïs, limitations d’irrigation en France sur le maïs et vague de chaud sur l’Europe du Sud-Est.
Le colza français remonte à peine malgré la hausse des prix mondiaux
Malgré la forte hausse du prix du canola canadien, les prix des colzas français – en euros – n’augmentent que de 1 à 2 €/t sur la semaine, en raison du rebond de la monnaie européenne. Pourtant, le mois de juin extrêmement chaud succédant à un printemps trop sec a affecté le potentiel des cultures en Europe de l’Ouest.
À Winnipeg, les cours du canola gagnent 27 $/t cette semaine (clôture de l’échéance de juillet). Bien que les surfaces semées aient dépassé les attentes – ce qui a été confirmé par un rapport du gouvernement canadien le 29 juin – les conditions de cultures ne sont pas vraiment bonnes. Au Saskatchewan (état qui rassemble la moitié de la surface canadienne), seuls 60 % des champs de canola sont jugés dans un état bon à excellent.
Plus inquiétant encore, à peine 55 % des oléagineux affichent une avance de développement dans la moyenne. Le canola étant particulièrement sensible aux gels pouvant avoir lieu dès le début d’octobre dans les prairies canadiennes, tout retard de développement peut s’avérer catastrophique en cas de gelées précoces. Par ailleurs, les conditions restent trop sèches en Australie, ce qui pourrait pénaliser l’émergence des plants et réduire le potentiel de récolte de canola dans ce pays.
Cette semaine, le prix de la graine de tournesol est remonté à Saint-Nazaire, à 347,5 €/t, en réaction aux conditions de cultures sèches et chaudes ayant pénalisé le développement des cultures et le remplissage des grains en Espagne, en Hongrie et dans une moindre mesure en France. Au contraire, les conditions restent plutôt favorables aux plantes dans le Sud-Est européen (Roumanie et Bulgarie).
Petite hausse du soja
À Chicago, les cours du soja remontent de 4 $/t cette semaine. Les conditions de culture se sont légèrement dégradées, les champs en conditions bonnes à excellentes perdant un point à 66 % (72 % l’an dernier à la même date). La situation est moins favorable que l’an passé aux États-Unis, principalement à cause d’une sécheresse importante dans le Dakota du Nord et celui du Sud et dans l’est du Montana, mais aussi en raison d’excès de précipitations printanières (au-delà de 150 %, voire 200 % de la norme) dans le Wisconsin, l’Indiana et le sud du Missouri.
Des conditions climatiques encore trop humides en Argentine pourraient légèrement aggraver les pertes dans les régions qui ont été le plus affectées par les précipitations excessives des derniers mois. La récolte argentine de soja approche de la fin : un niveau de récolte entre 57 et 58 millions de tonnes semble désormais faire consensus.
Nouvelle chute des tourteaux à Montoir
Ignorant les aléas de développement des cultures oléagineuses, les cours des tourteaux sont stables sur le marché mondial. Les marges de trituration soutiennent les productions en Amérique latine et en Asie. Sur le marché à terme de Chicago, les cours sont stables à 325 $/t.
À Montoir, les tourteaux de soja perdent encore 8 €/t à 301 €/t sur le rapproché, la remontée de l’euro faisant fortement reculer les prix (la majorité de ces tourteaux étant importés et achetés en dollar). Ce niveau de prix n’avait pas été atteint depuis janvier 2012. Le tourteau de soja devrait ainsi fortement s’intégrer dans les rations animales.
Le prix du pois fourrager départ Marne recule sur la semaine sous l’influence du tourteau de soja et de la récolte française de pois, à 200 €/t (–5 €/t). Le prix du pois jaune recule également de 5 €/t à 231 €/t rendu Rouen.
À suivre : conditions climatiques au Canada et en Australie (colza), aux États-Unis (soja), taux de change.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :