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Vendange/Marne 10 mois avec sursis pour avoir hébergé 237 Polonais dans des conditions indignes

Dix mois de prison avec sursis ont été requis mercredi devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne contre un couple d’ouvriers viticoles polonais, accusés d’avoir recruté puis hébergé 237 vendangeurs de la même nationalité dans des conditions indignes à Fleury-la-Rivière (Marne) en 2014.

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Le 19 septembre 2014, un contrôle antifraude à Fleury-la-Rivière, village viticole au cœur du vignoble champenois, avait révélé que des saisonniers polonais étaient hébergés dans des locaux insalubres. Espaces « surpeuplés », sanitaires « sales », aération « insuffisante » : la présidente du tribunal a énuméré les conditions dans lesquelles s’entassaient les vendangeurs, tous originaires d’une région défavorisée du sud-est de la Pologne.

« La dignité ne se négocie pas »

« Il y a des règles en France : il s’agit d’une entreprise de prestations viticoles qui doit faire les mêmes démarches que toutes les entreprises en France », a affirmé la procureure, Cécile Houede, réfutant tout bénévolat et dénonçant une « concurrence déloyale ». Aux yeux du ministère public, le droit français n’est pas « à géométrie variable » et « la dignité ne se négocie pas ».

Une confiscation des biens saisis ou 23.000 euros d’amende ont également été requis à l’encontre des prévenus. Le couple de quadragénaires est accusé de « soumission de plusieurs personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d’hébergement indignes », « d’exécution d’un travail dissimulé » et de « détention de denrée alimentaire, boisson ou produit agricole falsifié ».

Les « boucs-émissaires » d’une affaire « politico-médiatique »

Selon les prévenus, les vignerons leur demandaient de recruter la main-d’œuvre et de la loger mais ces prestations étaient désintéressées. « Je n’ai jamais touché d’argent, c’était pour les gens de la famille, pour aider », a répété Andrzej Piejko, veste en cuir, les mains croisées dans le dos. « Il a agi sans arrière-pensée et sans mauvaise intention », a défendu son avocate Me Hania Goutierre, qui a plaidé la relaxe.

Selon elle, en voulant « rendre service », les « deux pauvres bougres » sont devenus les « boucs-émissaires » d’une affaire « politico-médiatique ».

À l’époque des faits, le syndicat général des vignerons (SGV) avait condamné « ce type de pratiques inadmissibles et indignes » pour la Champagne, sans toutefois se porter partie civile. Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 15 mars.

AFP

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