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Céréales L’AGPB défend le maintien d’aides directes fortes

© I. Escoffier/GFA

Après une « année noire » en termes de trésorerie, l’AGPB a essayé lors de son congrès de « redonner des perspectives » aux céréaliers. Elle a appelé au maintien d’aides directes fortes, avec en complément la mise en place d’outils de gestion des risques climatiques et économiques.

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C’est sur fond de crise céréalière faisant suite à la moisson catastrophique de 2016, et en l’absence remarquée du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, que s’est tenu le congrès de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) les 8 et 9 février 2017 à Orléans (Loiret) sur le thème de la « liberté d’entreprendre ».

Ce fut l’occasion pour les responsables du syndicat de demander, devant les 500 congressistes présents, « le maintien d’un niveau conséquent d’aides de base (DPB + verdissement) à 220 €/ha ». L’AGPB a par ailleurs insisté sur la nécessité « d’opérer la convergence nationale totale des 30 % restants en une seule fois. Et dans le même temps de supprimer le prélèvement redistributif dès 2018. » En revanche, les céréaliers refusent en bloc des aides contracycliques, modulées d’une année à l’autre en fonction du marché.

Une épargne de précaution

Au-delà de la nécessité d’aides directes fortes, il a beaucoup été question de gestion des risques climatiques et économiques avec l’importance de mettre en place des outils assuranciels efficaces, car « le chiffre d’affaires d’une exploitation peut varier de 1 à 3 », a souligné François Jacques, administrateur de l’AGPB lors d’une table-ronde sur le sujet.

« Le passé n’est plus un bon prédicateur de l’avenir en matière de climat, a souligné de son côté Thierry Martel, directeur général de Groupama SA. On court après la dégradation des sinistres climatiques. Plus la mutualisation sera grande, plus elle sera efficace pour réduire les tarifs. »

Les propositions du conseil d’administration de l’AGPB sur la gestion des risques ont été adoptées le 8 février en assemblée générale. Avec en premier lieu, la nécessité d’instaurer une épargne de précaution placée sur un compte spécifique. « Une véritable autoassurance destinée à lisser les chiffres d’affaires, a souligné Philippe Pinta, président de l’AGPB dans son discours de clôture le 9 février. Mais les entrées et sorties doivent pouvoir être opérées à la seule initiative du producteur, contrairement à la déduction pour aléas (DPA) d’aujourd’hui qui est une usine à gaz inefficace car administrée à l’excès. »

Réduire les franchises

Les céréaliers ont aussi appelé de leurs vœux à la diminution des niveaux de franchise et de seuil de déclenchement actuels (30 % pour l’assurance socle) dans le système d’assurance climatique. « Les seuils et franchises doivent impérativement être abaissés à 20 % et permettre ainsi de porter la diffusion du dispositif à 75 % des surfaces (26 % aujourd’hui, NDLR), et ceci dans un cadre volontaire », insiste Philippe Pinta.

Il s’est dit « optimiste » sur le sujet, après les propos de Michel Dantin, député européen, qui a précisé à la tribune que les parlementaires européens soutenaient cette proposition dans le cadre du règlement « omnibus » de simplification de la Pac, en cours d’examen à Bruxelles. L’abaissement à 20 % pourrait ainsi être immédiat, sans attendre la nouvelle Pac de 2020. « Mais si on passe à 20 %, on va augmenter fortement le coût des primes », alerte Thierry Martel.

Une assurance chiffre d’affaires

L’AGPB souhaite enfin ouvrir la possibilité d’une assurance chiffre d’affaires. Mais elle préfère cantonner ce dispositif, qui coûte cher, dans « la sphère d’une gestion privée des risques, à l’initiative d’un assureur, d’un groupe coopératif et pour les seuls producteurs intéressés. » Et de proposer que « la part climatique cette assurance, c’est-à-dire hors volatilité du marché, soit financée par l’Europe dans les mêmes conditions que l’assurance climatique ».

L’AGPB entend soumettre ses propositions au gouvernement, avec pour objectif qu’elles soient mises en œuvre des 2017 et 2018. « Elles seront également portées auprès des candidats à l’élection présidentielle » a indiqué Philippe Pinta. En ces temps de campagne électorale, le président du Sénat, Gérard Larcher, a ainsi apporté son soutien aux céréaliers par le biais d’une vidéo, ainsi que Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, venue en tribune et largement applaudie par les congressistes.

I.E.

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