Fertilisation Des pistes pour une gestion durable du phosphore
Le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture vient de faire une analyse sur le phosphore, un élément clé, souvent limitant.
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« Le phosphore est un nutriment indispensable aux êtres vivants et à leurs systèmes alimentaires », rappelle le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture dans une analyse publiée le 7 décembre 2016. Il est principalement apporté sous forme d’engrais de synthèse. Or, ces amendements reposent sur des réserves inégalement réparties dans le monde et non renouvelables à l’échelle du temps humain : les roches phosphatées.
Réduire les pertes
Le document évoque quelques pistes pour une gestion durable de la ressource. Au niveau de la plante, une option consiste à sélectionner les variétés qui ont les meilleures performances d’acquisition et/ou d’utilisation du phosphore (P) du sol. Au niveau de la parcelle, l’amélioration de l’efficience d’utilisation du P du sol est également explorée. Par exemple un essai de cultures associées céréales-légumineuses a montré que les interactions entre plantes pouvaient faciliter le prélèvement du P en début de cycle.
Certaines pratiques agricoles permettent de plus de réduire les pertes de P du sol dues à l’érosion et au ruissellement : incorporation des résidus agricoles dans les sols, couverts végétaux, aménagements comme les cultures en terrasses… Une autre piste serait la remobilisation du phosphore présent dans le sol, consistant à rendre à nouveau disponible pour la plante le phosphore qui lui est actuellement inaccessible. L’inoculation des graines ou des jeunes plantes avec des micro-organismes, qui solubilisent le phosphore inorganique, est un exemple d’application.
Cap sur le recyclage
Plus largement, au niveau des systèmes agroalimentaires, une piste majeure est le recyclage des résidus organiques, principalement les effluents d’élevage, mais aussi les boues de stations d’épuration, déchets agro-industriels, déchets verts… Une expertise scientifique collective sur ces matières fertilisantes d’origine résiduaire (Mafor) a conclu, pour la France, que « les quantités de phosphore présentes dans les Mafor pourraient couvrir l’ensemble des prélèvements annuels de phosphore par la production agricole ». Ainsi, le P contenu dans les effluents d’élevage pourrait être recyclé plus efficacement sur les terres cultivées.
À l’autre extrémité du système agroalimentaire, une autre piste consiste à favoriser les régimes alimentaires diminuant les exportations de P vers l’alimentation humaine. Par exemple, la consommation de protéines animales est plus consommatrice en P que celle de protéines végétales, du fait d’une faible efficience de la digestion du phosphore, en particulier des monogastriques.
En réduisant les pertes postrécoltes et les gaspillages alimentaires, on pourrait limiter les pertes de P associées.
Dans ce contexte, le document précise enfin que les experts de l’European Sustainable Phosphorus Platform, créé en 2013, appellent à une gouvernance mondiale, indispensable pour assurer la disponibilité et l’accès à long terme à cet élément. Elle viserait à informer et sensibiliser l’ensemble des acteurs, dont les citoyens, mais aussi à établir des normes et lignes directrices partagées pour assurer une gestion durable du P.
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