Céréales La canicule soutient les prix français du maïs (Tallage)
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Malgré la remontée du dollar, les cours du blé poursuivent leur baisse cette semaine, alors que ceux de l’orge évoluent en ordre dispersé et que le maïs a vu les siens monter. La canicule et la sécheresse en France, faisant craindre des pertes de rendement, alimentent cette hausse du maïs.
La cotation du blé rendu Rouen a perdu 2 €/t pour la qualité meunière et 4 €/t pour la fourragère à respectivement 161,75 €/t et 151 €/t. L’échéance de septembre sur Euronext s’affaisse également cette semaine de 5 €/t à 158,50 €/t.
Sur le marché mondial, les blés ukrainiens ont suivi les prix français à la baisse (–2 $/t), alors que le prix des blés américain de qualité standard s’est maintenu et que les blés meuniers russes ont gagné 4 $/t à 174 $/t Fob. Les blés russes sont en effet très demandés sur le marché mondial mais les agriculteurs russes retiennent les lots de bonne qualité.
Une récolte record de blé en Russie
Avec la progression de la récolte, il semble de plus en plus probable que la récolte russe dépassera les 70 Mt (million de tonnes), un record dans l’ère postsoviétique. Face à cette offre pléthorique, le gouvernement russe réfléchit à supprimer la taxe à l’exportation. Cette dernière est réduite pour le moment, car elle n’atteint que 0,15 $/t environ. Elle pourrait augmenter si le rouble baisse ou si les prix mondiaux montent. Cela pourrait soutenir et encourager les exportations de ce pays.
Du côté des pays importateurs, la Syrie a repoussé son appel d’offres pour 1 Mt de blé russe au 8 septembre. Et l’Égypte a annulé un appel d’offres pour l’achat de blé du début de la semaine, avant d’en relancer un nouveau ce vendredi. Cela est peut-être dû à la démission cette semaine du ministre de l’Approvisionnement égyptien pour cause de corruption.
La récolte européenne de blé est achevée dans la plupart des pays, sauf dans les zones les plus septentrionales. En Allemagne, le ministère de l’Agriculture a publié son estimation de la production de blé tendre à 24,4 Mt. Ce qui confirme une récolte en retrait de 2 Mt par rapport à l’an dernier, mais moins catastrophique qu’en France.
Des primes brassicoles toujours fortes
La cotation de l’orge rendu Rouen gagne 4 €/t à 136 €/t, alors que le Fob Moselle perd 1 €/t à 136 €/t également. Les prix des orges brassicoles montrent une certaine fermeté avec une hausse de 2 €/t pour les variétés d’hiver et une stabilité de celles de printemps. Les primes brassicoles restent fortes : 59 €/t pour celles de printemps et 38 €/t pour celles d’hiver. Cela reflète les problèmes qualitatifs de la récolte de 2015 et la tension du bilan brassicole. En Scandinavie, la récolte des orges de printemps progresse. Les premiers retours font état d’une bonne qualité.
En maïs, les prix restent soutenus par le temps chaud et sec. Le Fob Rhin gagne 2 €/t en ancienne récolte et 4 €/t en nouvelle, alors que le Fob Bordeaux progresse de 1 €/t. Nous prévoyons maintenant une récolte française en recul par rapport au niveau déjà faible de l’an dernier. En Hongrie, au contraire, les cultures de maïs continuent de bénéficier de conditions favorables et les rendements sont revus à la hausse.
Aux États-Unis, les résultats des tours de plaine menés par des analystes dans les principaux États confirment les très bons potentiels, sans pour autant atteindre les niveaux records envisagés par le ministère américain de l’Agriculture (USDA).
L’offre d’oléagineux fait plier les prix
Après la hausse de la semaine dernière, les prix du soja américain à Chicago (marché à terme) s’affaissent cette semaine. L’ampleur de la récolte à venir pèse sur les prix, qui perdent un peu plus de 12 $/t. Les conditions de cultures restent assez bonnes et l’état des plants est toujours très satisfaisant.
Un tour de plaine organisé par Pro Farmer, un analyste américain, qui se déroule actuellement aux États-Unis confirme un très bon potentiel dans les grands États producteurs. En face, la demande reste toujours forte, en particulier à l’exportation, avec 1,9 Mt vendues la semaine dernière en nouvelle campagne, dont 1 Mt vers la Chine.
Les prix du colza n’ont pas vraiment suivi ceux du soja. D’une part, le recul de la récolte dans l’Union européenne (UE) reste dans les esprits. Il sera nécessaire d’importer et donc de garder des prix élevés. D’autre part, le prix du pétrole poursuit sa progression, soutenant le prix des huiles et donc du colza. La cotation Rouen gagne ainsi 3 €/t cette semaine. En revanche, Le colza Fob Moselle recule de 1 €/t, dans le sillage d’Euronext (–2,25 €/t).
Des craintes pour le canola canadien
Le canola canadien chute de 8 $/t cette semaine, alors que les rapports régionaux signalent un très bon potentiel de rendement et une récolte qui avance bien. Notons que l’office statistique a publié son estimation de récolte à 17 Mt, ce qui va à l’encontre des rendements rapportés dans les différentes régions.
Le différend entre la Chine et le Canada sur la qualité des chargements de canola se poursuit. Cela fait craindre à certains opérateurs un ralentissement des flux à partir de septembre, ce qui pourrait profiter à d’autres importateurs, comme le Pakistan, ou l’UE.
Le prix du tournesol à Saint-Nazaire recule de 5 €/t sur la semaine, à 355 €/t. Les perspectives de récolte en mer Noire restent bonnes malgré un temps sec, enrayant la hausse observée la semaine dernière.
Le tourteau de soja plonge
Les cours du tourteau de soja perdent 11 $/t à Chicago à 358 $/t, en lien avec le recul des prix de la graine (récoltes records en vue). Dans leur sillage, les prix à Montoir baissent de 8 €/t.
Le pois fourrager départ Marne est coté (en nominal) à 215 €/t cette semaine (pas de prix la semaine dernière).
À suivre : impact de la canicule sur les rendements de maïs en France, conditions de fin de cycle pour les cultures de maïs et de soja aux États-Unis, résultats qualitatifs des orges brassicoles en Scandinavie, début de la récolte de canola au Canada et du tournesol dans la zone de la mer Noire, flux de canola canadien vers la Chine, demande mondiale de soja américain.
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