«Je répartis mieux mon temps de travail «Je répartis mieux mon temps de travail avec des betteraves »
Mélanie Chardon a réalisé sa première campagne betteravière en 2017. Démarchée par la sucrerie de Souppes (77), elle profite de la proximité de ses parcelles avec l’outil industriel.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
À son installation à la suite de son père en 2016, Mélanie Chardon ne pensait pas produire de betteraves. Sur son parcellaire, elles avaient disparu en 1989. « Mon père en cultivait 15 ha sur des parcelles irriguées qui ne font plus partie de ma ferme, et je ne me voyais pas mener cette culture sans eau », explique l’agricultrice. Mais avec l’ouverture du marché pour la campagne 2017, dans le cadre de la fin des quotas, elle a finalement signé son premier contrat en engageant 20 ha avec la sucrerie de Souppes-sur-Loing, (Seine-et-Marne), située à 5 km de son siège d’exploitation. La proximité de l’outil industriel et l’engagement sur le prix ont eu raison de ses réticences.
Mélanie exploite 230 ha près de Chaintreaux, au sud de la Seine-et-Marne, avec un assolement classique blé, orge et colza. La betterave permet d’introduire une nouvelle culture de printemps dans la rotation, en évitant le retour trop systématique des céréales à paille et du colza. « Je la considère comme une diversification supplémentaire qui donne aussi la liberté d’étaler davantage le temps de travail sur les grandes cultures », juge-t-elle. Elle emploie un salarié à plein-temps et dispose du matériel de semis acheté lors de la reprise de l’exploitation. « Je me serais posé la question autrement si j’avais dû réaliser des investissements matériels », souligne-t-elle. L’arrachage est réalisé par une ETA qui appartient à son mari. « Cela facilite les décisions, même si le coût reste là », lâche Mélanie.
Maintien des outils
« 2017 était une année presque exceptionnelle pour nous en betteraves. Les terres étaient vierges. Nous avons recensé peu de maladies et bénéficié de bonnes conditions d’arrachage. Les rendements étaient au rendez-vous avec 98 t/ha de moyenne », retrace Mélanie.
La nouvelle campagne ne se présente pas sous les mêmes auspices. Des implantations tardives puis la sécheresse ont fait chuter le rendement. Ce dernier ne dépasse pas 62 t/ha. « Nous sommes contraints de faire avec la météo, se désole-t-elle. En revanche, l’avenir est plus incertain sur les prix. La variation des cours des céréales m’avait aussi poussé à aller sur une culture contractualisée. »
La sucrerie Ouvré Fils SA, de Souppes, est une entreprise familiale. En 2017 comme en 2018, Mélanie a conclu un contrat pour 1 400 t à 26 €/t. Les prix sont proposés d’une année sur l’autre par l’usine. Alors que les cours du sucre brut ont plongé de plus de 25 % depuis le début de l’année, les incertitudes vont bon train pour la prochaine campagne. Pour autant, Mélanie estime qu’il est important d’être « solidaire » avec le sucrier. « Beaucoup d’emplois sont en jeu entre la Sica pour le séchage de la pulpe et la distillerie. Ces entreprises entretiennent notre dynamique locale, pense l’exploitante. En tant que producteur, il paraît plus logique d’arrêter une culture pas ou peu rentable. Mais que se passera-t-il si tout le monde fait la même chose ? »
[summary id = "10021"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :