Les légumineuses désherbent le colza Les légumineuses désherbent le colza
L’implantation de légumineuses gélives avec le colza montre un fort potentiel de régulation des adventices et peut limiter les utilisations d’herbicides.
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La pratique du colza associé à des plantes compagnes a augmenté de façon significative ces dernières années. « L’association des légumineuses gélives au colza a d’abord été vue comme une contribution à une stratégie d’amélioration de la fertilité du sol sur le long terme, par la production et la restitution de biomasse et d’azote », indique-t-on chez Terres Inovia. D’autres avantages ont également été identifiés, comme la perturbation des insectes à l’automne et la concurrence vis-à-vis des adventices.
Face à l’émergence d’insectes et d’adventices résistants aux insecticides et aux herbicides, le colza associé présente un intérêt majeur pour limiter l’usage des produits phytosanitaires.
Jusqu’à 70 % d’efficacité
Mathieu Lorin, enseignant-chercheur en agronomie à l’École supérieure d’agriculture (Esa) d’Angers, a montré dans son travail de thèse le potentiel de régulation que peuvent avoir les légumineuses face aux adventices. Dans ses essais réalisés à Grignon (Yvelines) en 2012 et 2013, du colza a été semé avec une abondance élevée de ces dernières (neuf espèces parmi les plus problématiques en colza), en présence ou non de légumineuses. « Les conditions étaient celles d’une très forte compétitivité sans désherbage », fait savoir le chercheur. Résultat : quelle que soit la légumineuse associée, on observe toujours une réduction des adventices par rapport au colza pur en entrée d’hiver. Certaines espèces montrent une efficacité significative, allant de 20 à 70 % (voir infographie). « Cette efficacité n’est pas totale, mais elle permet de réduire les apports d’herbicides par rapport à un colza seul », souligne Mathieu Lorin.
Compétition pour la lumière
Quels sont les mécanismes en jeu ? « Les légumineuses associées ont peu ou pas d’impact sur les levées d’adventices, mais contribuent à limiter leur développement, en raison d’un supplément de production de biomasse et d’une complémentarité de port avec le colza », explique Terres Inovia. En d’autres termes, du fait d’une couverture végétale plus dense, les adventices ont moins accès à la lumière et sont donc pénalisées.
Dans sa thèse, le chercheur démantèle l’idée selon laquelle « plus on mélange de plantes de service, plus on aura d’effet sur les adventices ».
Les essais montrent, par exemple, que la féverole pure est plus efficaceque l’association lentille + féverole. Le choix de plantes compagnes dépend ainsi des principaux bénéfices recherchés. S’il s’agit de la concurrence vis-à-vis des adventices, la vesce ou le trèfle d’Alexandrie (attention à bien choisir une variété gélive) sont conseillés. Si l’on recherche la perturbation des insectes à l’automne, ou la structuration du sol, la féverole sera plus efficace.
Enfin, dans les zones climatiques où le gel n’est pas très prononcé l’hiver, mieux vaut privilégier les espèces les plus gélives. Terres Inovia précise que, dans ce cas, la vesce commune est à proscrire.
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