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Crise laitière En Belgique, une aide d’urgence payée par le consommateur

Daniel Coulonval (à gauche), producteur laitier belge, est venu présenter une mesure d’urgence mise en place en 2015 dans son pays à l’invitation du président de la FDSEA des Côtes-d’Armor, Didier Lucas (à droite). © I. Lejas/GFA

À l’invitation de la FDSEA des Côtes-d’Armor le 24 mars à Plérin, Daniel Coulonval, producteur laitier belge, a présenté une action menée dans son pays en 2015 pour apporter des solutions concrètes aux éleveurs pour passer la crise.

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La situation des exploitations laitières est inquiétante. Dans les Côtes-d’Armor, 50 % d’entre elles ne couvriraient plus leurs charges, selon la FDSEA. Que faire ?

« Des leviers existent. Il y a moyen de faire quelque chose ! » Daniel Coulonval, éleveur laitier à la tête d’une exploitation de 80 vaches laitières et 80 vaches allaitantes sur 145 ha à la frontière franco-belge, s’est voulu résolument optimiste. Vendredi 24 mars, devant un parterre d’éleveurs, d’élus et de plusieurs distributeurs, il a présenté les mesures d’urgence mises en place en 2015 en Belgique et dans sa région de Wallonie pour aider les éleveurs laitiers à passer la crise.

Au niveau national, en 2015, les producteurs de lait ont réussi à mettre en place une aide d’urgence payée par le consommateur et distribuée aux éleveurs. Les producteurs ont ainsi récupéré 0,027 € par litre et par mois sur une durée de six mois, soit un budget de l’ordre de 46 millions d’euros. Le calcul a été réalisé sur la référence historique de 2015, ne privilégiant pas ainsi « les surproducteurs » responsables de la désorganisation des marchés.

Le coût du travail pris en compte

Ils se sont inspirés du fonds Fedis mis en place lors de la crise de 2009 avec l’objectif de calculer le manque à gagner du producteur au litre de lait en actualisant les chiffres. La grande nouveauté par rapport à 2009, c’est que les producteurs ont obtenu d’y inclure le coût du travail (chiffré à 0,12 €/l). Un accord a été trouvé sur un manque à gagner. Les centimes manquants ont été perçus sur les ventes de lait de consommation et de beurre du mois précédent (tarifs différents selon premier prix et marque). L’impact sur le consommateur a été lissé sur neuf mois pour ne pas avoir d’effet inflationniste.

La mesure a été rapide, efficace et validée par les autorités de la concurrence européenne. Tous les syndicats agricoles ont parlé d’une seule voix. Grâce à « la chaîne agroalimentaire » (plateforme informelle regroupant tous les acteurs : producteur, transformateur, distributeur et association de consommateurs), un accord a été trouvé et validé par le ministre de l’Économie et ses pendants en région.

Le même type de négociations a eu lieu dans le secteur porcin avec un accord sur 18 € par porc charcutier.

« Mettre la perfusion tant que le producteur est en vie »

Au niveau de la Région wallonne, un autre levier a été actionné. « Nous avons obtenu le paiement des aides directes du premier pilier dans l’année en cours », a expliqué l’éleveur. Au 31 décembre 2016, 95 % des aides étaient payées. « Une mesure qui a toute son importance quand la trésorerie est tendue », a admis le producteur ayant eu connaissance des déboires qu’ont connus les producteurs français.

Il a ajouté : « De même, pour les mesures de crise prises par l’Union européenne en 2016, elles ont été prises très rapidement. » Il part d’un principe : « Il faut mettre la perfusion tant que le producteur est en vie, après il est trop tard. »

Des solutions dont les acteurs de la filière laitière bretonne présents ont prévu de s’inspirer pour donner un avenir à la production laitière sur le territoire.

Isabelle Lejas

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