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La dermatose et le Mercosur rassemblent au-delà du monde agricole

À l’appel de la Confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes, divers mouvements opposés à l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur se sont rassemblés à Lyon (Rhône).

À l’appel de la Confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes, divers mouvements opposés à l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur se sont rassemblés à Lyon (Rhône). Dans la lignée des nombreuses mobilisations de la semaine, le syndicat protestait aussi contre la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), et en particulier l’abattage total des bovins dans les foyers.

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Drapeaux jaunes de la Confédération paysanne, rouges du Parti communiste et de Force ouvrière, verts d’Europe Écologie et de Greenpeace, violets de la France insoumise… Le rejet de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur a rassemblé bien au-delà des rangs du syndicat agricole à l’origine de la mobilisation régionale à Lyon, le jeudi 18 décembre 2025.

Peu après midi, plus de deux cents piétons et une vingtaine de tracteurs se sont mis en marche jusqu’à la préfecture, où une entrevue avec la préfète était programmée. Sous son drapeau rouge, Maxime, responsable des jeunes communistes du Rhône, explique sa présence : « il y a une vraie convergence de lutte avec le monde paysan : partout où le pognon dirige le monde, on observe un nivellement par le bas. »

« Nous, on veut tirer tout le monde vers le haut, lance Sylvain Morel, éleveur et porte-parole de la Confédération paysanne du Rhône. On a des normes et tout ce qui entre en Europe doit les respecter. Quand on exporte à bas coût, on tue des paysans là-bas ; et en important des produits qu’on ne veut pas, on tue des paysans ici. »

Le représentant agricole passe ensuite la parole à Maxime Combes, l’économiste et coanimateur du collectif national Stop Mercosur, vent debout lui aussi contre ce traité. « On n’est pas contre tout échange international, mais contre le libre-échange dérégulé qui organise le moins-disant social et environnemental », pose celui-ci.

Mercosur : “Quelques gagnants, mais pas les producteurs”

Concernant particulièrement le Mercosur, ¯il y aura bien quelques filières gagnantes en Europe comme les vins et spiritueux ou le lait, admet-il. Mais qui sera gagnant ? Pas les producteurs locaux, mais les grands groupes comme Lactalis, qui pourra plus facilement se développer là où c’est le plus rentable ! » Et de mettre en garde contre les clauses de sauvegarde qu’il assimile à des « temps morts dans un match qui permettent seulement de mourir plus lentement ».

Quant aux améliorations récemment apportées à la clause de sauvegarde, « elles ont été affaiblies dès hier soir en trilogue, donc aucune raison ne justifierait que la France donne son accord », martèle l’économiste. Un sympathisant québécois prend alors le micro et lâche : « la nourriture au Canada, c’est de la cochonnerie à cause d’une agriculture bourrée de pesticides, mais vous avez en France une belle agriculture : c’est vraiment important de ne pas laisser passer cet accord ! »

DNC : pour l’accès à la vaccination pour tous

L’effervescence autour du traité de libre-échange aurait presque fait oublier la cause première de la manifestation, qui s’inscrit dans une semaine de colère paysanne face à « la gestion catastrophique de la DNC (1) ». Une maladie qui « fout la merde mais n’est pas si dangereuse, ce n’est pas une zoonose”, insiste l’éleveur ovin Sylvain Morel.

Dans cette région où la DNC a émergé il y a six mois, l’application rigoureuse du protocole sanitaire dans les Savoies, où plus de 1 700 bovins ont été abattus, a permis de lever les premières zones réglementées. Pour le porte-parole régional de la Confédération paysanne Xavier Fromont, cela ne suffit pas à valider la stratégie du gouvernement.

« D’autant que rien ne dit que la maladie est vraiment éradiquée et qu’on ne verra pas émerger de nouveaux cas au printemps, avance cet éleveur de l’Ain. On a pris du retard dans la compréhension de la maladie, on ne sait même pas comment elle évolue au sein d’un troupeau. En dépeuplant les lots infectés, on s’empêche de l’étudier. Et le plus efficace pour éradiquer la maladie, c’est la vaccination. »

Opposé depuis le début au dépeuplement total des lots infectés, le syndicat réclame un abattage partiel couplé à une vaccination à large échelle. « Tous les éleveurs qui le souhaitent devraient être autorisés à protéger leurs animaux, plaide Xavier Fromont. On nous l’interdit pour des raisons commerciales, mais des solutions peuvent toujours être négociées avec les pays importateurs. » Et de faire le lien entre les deux motifs de manifestation : « La politique sanitaire est liée à la politique du libre-échange, or il ne faut pas mettre sur le même plan la santé et le commerce. »

(1) dermatose nodulaire contagieuse

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