Des agriculteurs « en colère » reçus par Emmanuel Macron
Avant de rencontrer le président de la République Emmanuel Macron pour évoquer l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur ainsi que la situation agricole « tendue » en Occitanie, 300 agriculteurs environ étaient rassemblés à Toulouse (Haute-Garonne) pour montrer leur « détermination ».
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Le regard « plutôt positif » porté par Emmanuel Macron sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur a mis le feu aux poudres. Alors, en quelques jours, les syndicats agricoles et les « Ultras de l’A 64 » (association créée notamment par l’emblématique Jérôme Bayle) ont profité de la visite du président de la République à Toulouse pour obtenir un rendez-vous.
Un rassemblement intersyndical
Les « Ultras », la FRSEA et JA de l’Occitanie appelaient également à une manifestation à quelques encablures de l’École nationale d’aviation civile, où Emmanuel Macron et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, devaient les recevoir en début d’après-midi pour déminer le terrain.
« Ce qu’on veut, c’est une position claire sur le Mercosur ! », tonnait, avant la rencontre, Denis Carretier, président de la chambre régionale d’agriculture et membre de la FDSEA. « Avec ce traité, ils ne tirent pas une balle dans le pied mais une balle dans la tête des éleveurs », tranchait pour sa part Jean-Philippe Viguier, président de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne (FDSEA).
« Les agriculteurs ont des revenus très faibles »
Mais, au-delà du Mercosur, c’est la situation de l’agriculture occitane qui alimentait les inquiétudes des manifestants. « Il y a deux ans, les manifestations sont parties de chez nous parce que les agriculteurs ont des revenus très faibles, souligne ainsi Jean-Marie Dirat, président de la FRSEA. Nous sommes fortement touchés par le changement climatique et nos rendements sont plus faibles qu’ailleurs. »
« Il nous faut un cap et des réponses claires pour l’avenir, abondait Jean-Baptiste Gibert, secrétaire général de JA (Jeunes Agriculteurs) de l’Occitanie. Nous avons tous travaillé à un plan de souveraineté pour l’Occitanie, il faut avancer. » La question de l’eau et de « l’abaissement des contraintes » a également été soulevée par Denis Carretier. Jérôme Bayle, qui assure être à l’initiative de l’invitation intersyndicale, souhaite pour sa part « montrer un visage uni dans une période où les agriculteurs vont très mal ».
Les manifestants ne disaient pas le contraire. « On ne demande pas l’aumône mais de vivre dignement de notre métier, témoignait Sylvain Jubely, polyculteur-éleveur à Beaumont-sur-Lèze (Haute-Garonne), non syndiqué. La viande bovine se porte un peu mieux depuis quelque temps. Mais si ce traité est signé, ça ne sera qu’éphémère. » Céréalier à Auterive (Haute-Garonne), Philippe Gambazza complète : « Je vends mes céréales aussi cher que mon grand-père dans les années soixante alors que tout a augmenté, ce n’est pas possible ! »
Le ministre de l'Agriculture redonne la position de la France
Le président de la République Emmanuel Macron "a été extrêmement clair" pour leur dire que le projet d'accord, "tel qu'il existe aujourd'hui, recueillera un non très ferme de la France", a rapporté la ministre de l'Agriculture Annie Genevard devant la presse, à l'issue de l'entrevue à laquelle elle a également participé.
En l'absence de clause de sauvegarde, de "mesures miroirs" ou encore de "contrôles aux frontières", "la France ne peut pas valider à ce stade le projet d'accord avec les pays du Mercosur parce que ce projet d'accord ne protège pas les intérêts de nos agriculteurs", a ajouté la ministre.
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