La Coordination rurale tente en vain de manifester à Paris
Des agriculteurs de la Coordination rurale ont tenté en vain ce lundi 6 janvier 2025 de se rassembler à Paris, pour exprimer leur mécontentement, juste avant les élections aux chambres d’agriculture. (Article mis en ligne le 6 janvier 2025 à 8h58, mis à jour à 16h37).
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En tracteur ou en voiture, des agriculteurs de la Coordination rurale ont tenté de rejoindre Paris pour se faire entendre auprès du gouvernement. Ils ont été retenus par les forces de l’ordre, alors que la ministre de l’Agriculture prévenait ce matin que la capitale ne devait pas être bloquée « un jour de rentrée scolaire ».
Dans la capitale même, quelques dizaines d’agriculteurs étaient présents lundi matin, venus notamment de la Marne et de l’Aube, et ont tenté de se rassembler au Trocadéro pour rejoindre l’Arc de triomphe. Mais contrôlés par les forces de l’ordre, ils n’y sont pas parvenus.
🔴 EN DIRECT : un groupe de la Coordination Rurale devant la Tour Eiffel !! 🎉
— Coordination Rurale (@coordinationrur) January 6, 2025
Nous ne lâcherons rien ! Nous voilà, face aux violentes réactions du gouvernement.
La Coordination Rurale sur le terrain pour les agriculteurs#CoordinationRurale #AgriculteursEnColère… pic.twitter.com/UghxGFIbP4
Non loin de Matignon, sept autres accompagnés d’une chèvre ont été « évincés sans incident », selon une source policière.
Discuter avec le gouvernement
Les autorités « n’ont jamais voulu nous laisser entrer dans Paris. On a demandé un point de chute pour un rassemblement mais on ne l’a jamais obtenu », a déclaré à l’AFP le secrétaire général du syndicat Christian Convers, depuis le Trocadéro, réfutant toute « intention de bloquer quoi que ce soit ». Les autorités peuvent faire « l’encadrement qu’il faut mais nous on assure qu’il n’y aura aucun problème de débordement », a-t-il ajouté.
« Que les parlementaires puissent venir discuter un moment avec nous, et on repartira. On n’est pas là pour camper à Paris, on n’est pas là pour embêter les Parisiens », a-t-il dit sur RMC. Quelques convois de tracteurs se sont mis en route dès dimanche depuis différentes régions de France, mais aucun n’est rentré dans la capitale, que quittaient les derniers vacanciers avant la rentrée scolaire.
Christian Convers avait été brièvement interpellé par la police dimanche en fin d’après-midi à Paris, au moment où il arrivait — en voiture — pour participer à un regroupement symbolique sur la place du Brésil, en protestation contre le récent accord commercial entre l’Union européenne et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay).
La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements non déclarés de dimanche 18h00 à lundi 12h00 dans un large périmètre du centre de Paris, incluant notamment Matignon et le ministère de l’Agriculture, « considérant les appels à manifester le 5 janvier 2025 lancés par un syndicat agricole en vue de “bloquer la capitale” ». La préfecture du Val-de-Marne en a fait de même autour du marché de Rungis et sur l’autoroute A6.
Des barrages forcés en Région parisienne
Dans les Yvelines, une dizaine de tracteurs et une quinzaine de voitures ont forcé le passage et se sont engagés sur la route nationale N10, avant d’être bloqués au niveau des Essarts-le-Roi, a-t-on appris de source policière.
Les agriculteurs sont encerclés par la police dans les Yvelines. Jamais en 30 ans de mouvement agricole une telle répression. Chaque agriculteur peut comprendre maintenant qui défend la profession et qui accepte le déclin pourtant évitable de notre agriculture pic.twitter.com/4tLcbq7fVJ
— Coordination Rurale (@coordinationrur) January 6, 2025
Dans l’Essonne, un barrage des forces de l’ordre a été forcé par six tracteurs, interceptés par la suite. Des agriculteurs ont été autorisés, dans un climat tendu, à rejoindre avec leurs 21 tracteurs le site d’une sucrerie Tereos située à Artenay dans le Loiret ; ceux en véhicule personnel se sont engagés à renoncer à Paris et partiront en trois convois encadrés, selon une source policière.
Dans la Seine-et-Marne, deux petits convois ont également été contenus par les forces de l’ordre, de même source. Dans le Rhône, une trentaine de tracteurs ont été repérés sur une route en direction de l’autoroute A7.
« Coup d’avertissement »
Le président de la Coordination rurale de l’Aube, Christophe Sichnknecht, a mis en avant l’urgence de certaines situations : « on a besoin de réponses ». « Aujourd’hui c’est le coup d’avertissement, on est capable d’aller où on veut », a-t-il assuré.
Adhérent du syndicat, Frédéric Bourbonneux, qui cultive 150 ha à Nogent-sur-Seine (Aube), raconte avoir perdu cette année 50 % de rendement en blé. « L’assurance climatique compense à peine 10 % (des pertes), les impôts et cotisations ont augmenté alors que le prix des céréales baissait sur les marchés, on n’y arrive pas », affirme-t-il.
Les agriculteurs protestent notamment contre la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur. À ce sujet, Emmanuel Macron a assuré lundi que la « messe n’était pas dite ».
Cette mobilisation intervient avant les élections professionnelles, organisées du 15 au 31 janvier, qui détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles : la Coordination rurale, qui a gagné en visibilité à la faveur d’actions coups de poing depuis l’hiver dernier, espère ravir une quinzaine de chambres à l’hégémonique alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :