La Coordination rurale bloque des plateformes logistiques
À l’appel des Coordinations rurales départementales, des blocages de plateformes logistiques sont en cours ce 26 novembre 2024 en Isère et Savoie. Cependant, la mobilisation est moins importante qu’espéré par le syndicat.
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Ils ont quitté leur ferme avant l’aube et sont là depuis 6 heures du matin, ce mardi 26 novembre 2024, devant la plateforme logistique de Lidl à Saint-Quentin-Fallavier en Isère. « On contrôle les camions qui arrivent : seuls les produits français ont le droit de passer, explique Alexandre Constantin, céréalier en Isère. Notre point de vue est simple : en France, on produit tant et on consomme tant, donc on peut importer tant… » « On n’est pas contre les importations quand on n’est pas autosuffisant et tant qu’on applique les normes françaises », précise son épouse Amandine. Le couple se dit prêt à rester « le temps qu’il faudra ».
Des agriculteurs « désabusés »
Instaurer un blocage durable était bien l’ambition de la Coordination rurale du Rhône et de l’Isère, qui lançait cette action conjointe le mardi 26 novembre en réponse au mot d’ordre national. Tous les agriculteurs, membres ou pas du syndicat, étaient conviés. « Si la mobilisation est suivie, les blocages entraîneront des conséquences dans les magasins au bout de quelques jours : les Français comprendront ce que risque un pays sans souveraineté alimentaire », expliquait le président de la Coordination rurale du Rhône Serge Genevay, la veille.
Sur place, cependant, les agriculteurs sont désabusés. Une dizaine de tracteurs et une vingtaine de paysans : « On n’est pas assez nombreux, c’est triste », lâche Hervé Cellard, polyculteur-éleveur en Isère. Il est venu parce qu’il a du mal à joindre les deux bouts, même avec de la vente directe.
« Nos charges ont augmenté de 40 % en deux ans, les prix ont à peine suivi, décrit-il. Si le Mercosur passe, il y aura forcément un impact sur le prix de la viande. On ne pourra plus en vivre. On est déjà sur le fil. » Lui qui avait déjà manifesté l’hiver dernier se sent « complètement abandonné par l’État ».
« L’agriculture française n’est plus respectée
« Le monde paysan est aujourd’hui trop divisé pour se mobiliser ensemble, soupire un collègue en passant. Certains sont trop occupés par leur méthaniseur et plus assez concernés par les prix agricoles… » Pour sa part, Jérôme Batret n’a pas hésité à rouler deux heures pour venir de la Haute-Loire. « Le problème n’est pas seulement le Mercosur : l’agriculture française n’est plus respectée donc vouée à disparaître », pense cet éleveur de bovins et maraîcher.
Dans le même temps, en Haute-Savoie, le blocage de la plate-forme logistique de CSD à Alby-sur-Chéran se poursuivait depuis la hier, tandis qu’un autre à Rumilly avait été levé. Là aussi, les rangs étaient moins fournis qu’espéré. « On pensait être une cinquantaine et on était une trentaine, mais quelques agriculteurs sont passés rapidement exprimer leur soutien », indique au téléphone Gilles Chatelain, président de la Coordination rurale des Savoies.
Pourquoi si peu de mobilisation ? « Certains sont résignés. Et beaucoup sont trop occupés à la ferme. À force d’augmenter les tailles d’exploitation avec moins de main-d’œuvre, ça coince. Quand on est submergé de travail, aller manifester n’est pas la priorité. Mais il faut que certains y aillent. » Pour cela, lui s’est relayé avec son salarié.
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