Bien raisonner son mélange de couverts d'interculture
Il existe un large choix d’espèces pour couvrir les sols entre deux cultures. S’interroger en amont sur les objectifs agronomiques ciblés permet d’affiner la sélection.
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Si les couverts d’interculture ont d’abord été promus comme un outil permettant de lutter contre la lixiviation des nitrates (Cipan (1) réglementaires), des études ont depuis démontré les multiples services qu’ils rendent.
Le meilleur moyen de maximiser les bénéfices des couverts est de diversifier les espèces du mélange. Florian Lemoine, responsable agronomique chez Valfrance, détaille le raisonnement : « Une bonne base sont les crucifères pour leur faible coût économique, et les légumineuses pour la restitution d’azote. Il est intéressant de mixer au sein d’une même famille, en associant par exemple un radis fourrager, pour l’exploration du sol, à une moutarde d’Abyssinie, pour la production de biomasse. Sur le territoire de la coopérative, inclure le tournesol et la phacélie apporte de bons résultats, en plus de favoriser certains auxiliaires à une période où le pollen est moins disponible. Je conseille un mélange de cinq, six espèces différentes. »
Complémentarité et optimisation
Lors de la constitution du mélange, l’agriculteur doit s’interroger sur les objectifs agronomiques qu’il vise. La complémentarité entre espèces est la clé pour optimiser les résultats.
Ainsi, la production de biomasse est favorisée par une interculture qui explore les différentes strates herbacées (par exemple une association trèfle incarnat — phacélie — sorgho). Certaines espèces telles que le tournesol jouent un rôle de tuteur pour les plantes au port volubile. « Dans une approche encore plus technique, on peut se pencher sur le choix des variétés. Des essais sur radis fourrager montrent des variations de biomasse jusqu’à 50 % entre la variété la moins productive et la meilleure », note Florian Lemoine.
L’association de différentes architectures racinaires (pivotante, fasciculée, profonde ou superficielle) optimise la structuration et l’exploration du sol. La remobilisation en éléments minéraux à destination de la culture suivante est assurée, entre autres, par les légumineuses : « en intégrant cette famille au mélange, on peut espérer une restitution de 30 à 40 kg/ha d’azote » précise l’agronome. La phacélie est quant à elle intéressante pour le potassium et les crucifères pour le phosphore.
Plus le couvert sera diversifié et plus la vie du sol sera stimulée. A contrario, s’il est uniquement composé de crucifères il ne favorisera pas les champignons, car cette famille botanique ne bénéficie pas de la mycorhization. La concurrence sur les adventices pourra être améliorée par le choix d’espèces couvrantes (trèfle ou vesce par exemple) et vigoureuses à la levée (moutardes). Enfin, l’introduction de plantes mellifères (phacélie, tournesol, vesce…) sera source d’alimentation pour les pollinisateurs et favorisera donc la biodiversité.
Considérer la rotation
Il existe cependant des points de vigilance afin d’éviter un effet dépréciatif du couvert dans la rotation. Certaines espèces peuvent être un relais maladie (sclerotinia, aphanomyces…) ou héberger des ravageurs (pucerons…) pour les cultures suivantes. Il est totalement déconseillé d’utiliser dans le mélange la même plante qui sera cultivée ensuite, tout comme il est recommandé de limiter la proportion de la même famille botanique. À l’inverse, certaines variétés peuvent assurer un effet biocide sur les ravageurs, comme le radis anti-nématode. L’outil « Choix des couverts » d’Arvalis indique les espèces à éviter dans le mélange en fonction de la rotation sur l’exploitation.
Pour constituer un couvert d’interculture efficient, les paramètres à prendre en compte sont nombreux, tout comme le catalogue de plantes disponibles. Le tableur ACACIA, développé par le GIEE (2) Magellan, et dont la dernière version est disponible sur le site de Terre Inovia, sera une aide précieuse pour aiguiller l’agriculteur dans ses choix.
(1) Cultures intermédiaires pièges à nitrates
(2) Groupement d’intérêt économique et environnemental.
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