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Adapter l’ACS aux systèmes pluviaux du Sud-Est

Le sainfoin est semé en guise de couvert avec la féverole à la mi-septembre. Après la récolte de cette dernière en juin, il repart et fait office de couverture du sol en été.

Arvalis teste depuis plus d’une dizaine d’années des couverts semi-permanents pour l’ACS en conditions méditerranéennes.

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Relever le défi. Dans le Sud-Est, Arvalis a lancé un essai de longue durée sur l’agriculture de conservation des sols (ACS) adaptée aux conditions méditerranéennes. « En système pluvial, les couverts annuels post-moisson ont peu de chances de réussir sous notre climat, annonce Mathieu Marguerie, ingénieur régional. Les pluies à cette période se font en effet de plus en rares. » Parallèlement, la pression du ray-grass résistant aux herbicides est élevée et nécessite un allongement des rotations. Pas évident, quand on ne peut pas implanter de cultures de printemps sans irrigation.

Partenariat avec un agriculteur

Les travaux d’Arvalis, qui ont débuté en 2013, sont conduits en partenariat avec l’agriculteur Daniel Brémond, engagé dans ce modèle depuis 2009. Les essais ont lieu sur son exploitation située à Oraison (Alpes-de-Haute-Provence). Ils se composent de 30 bandes de 6 m de largeur et 150 m de longueur pour tester le plus de modalités possibles. La plateforme a été séparée en deux parties, en régime pluvial et avec irrigation. « Il n’y a pas eu de comparaisons avec d’autres systèmes bio ou conventionnel, précise Mathieu Marguerie. Nous voulions bâtir des références propres à l’ACS sans diminuer la fréquence des cultures les plus rémunératrices, que sont le blé dur et le maïs, dans la rotation. »

Luzerne et sainfoin sont les plus intéressants

Les couverts annuels étant impossibles en régime pluvial, Arvalis et Daniel Brémond ont choisi de travailler sur des couverts semi-permanents pour couvrir les sols en été. Ils ont testé plusieurs plantes pluriannuelles. La luzerne et le sainfoin se montrent les plus intéressants. Le sainfoin est une variété locale. La luzerne est de type méditerranéenne ou africaine. Elles peuvent être semées seules, où associées à des cultures de vente. Pour éviter la compétition hydrique et azotée avec ces dernières, les densités de semis du couvert sont réduites : 10-12 kg/ha pour la luzerne, 100 kg/ha pour le sainfoin.

Implantées seules, les plantes pluriannuelles peuvent être semées en septembre ou sortie d’hiver et valorisées par de la fauche ou de la récolte en graines. Le couvert reste en place deux ans, le temps de permettre la régulation du ray-grass par les fauches. Il fait ensuite office de précédent à des cultures exigeantes en azote, comme le blé dur ou le maïs.

En combinaison avec d’autres cultures, plusieurs créneaux de semis ont été testés. Le couvert peut ainsi être implanté à la mi-août, associé au colza. On peut y associer une culture annuelle, la lentille, qui va geler en hiver. Toutefois, cette stratégie reste délicate, car le colza a besoin d’eau, souvent rare en août.

Le sainfoin ou la luzerne peuvent être semés plus tard, à la mi-septembre, en même temps que de la féverole. Après la récolte de la féverole en juin, le couvert repart au gré des pluies. Un autre créneau, plus tardif, consiste à semer du pois chiche à la mi-janvier et à implanter le sainfoin ou la luzerne un mois plus tard, à l’intérieur de ce dernier. L’essai a démontré que l’introduction de ces plantes pluriannuelles dans un blé dur échoue. Le couvert est donc généralement détruit avant un blé à l’automne. Si la pression du ray-grass est forte, il peut être laissé une année supplémentaire, et le blé dur semé l’année suivante.

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