« Je teste le semis de couverts avec un drone »
Inciter les agriculteurs à implanter des cultures intermédiaires avant la moisson, tel est l’objectif de cet essai mené par la Fédération des chasseurs, Suez et ses partenaires.
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Ce matin du vendredi 5 juillet à Perdreauville dans les Yvelines, c’est un drôle de ballet qui s’opère au-dessus d’une parcelle de blé d’Alain Defresne. Un drone, guidé par un télépilote de la Fédération interdépartementale des chasseurs d’Île-de-France (Ficif), épand des semences à six mètres de hauteur, sur une largeur de six mètres. Dans les Yvelines, deux agriculteurs, la Ficif, Suez, Grand Paris Seine & Oise, l’agence de l’eau et la chambre d’agriculture de l’Île-de-France ont lancé cette expérimentation.
Une semaine avant la moisson, le drone sème trois couverts différents sur un hectare chacun : moutarde d’Abyssinie, radis fourrager/vesce/phacélie, puis un mélange mellifère composé de radis fourrager, vesce, tournesol, sarrasin, millet ou moha, trèfle, phacélie et bourrache. Alain Defresne réalisera la même opération juste après la récolte, avec son semoir direct, pour comparer les deux modalités. La densité de semis est 20 à 30 % plus élevée avec le drone (10 kg/ha) par rapport au semoir qui garantit un meilleur contact sol-graine.
Semé au plus tôt
« Nous sommes sur une aire d’alimentation de captage d’eau, souligne Lætitia Chegard, responsable ressource et qualité d’eau chez Suez France, et les cultures intermédiaires sont un moyen efficace pour capter les nitrates dans le sol avant le drainage hivernal, et donc pour réduire leur transfert dans la nappe. » Mais les agriculteurs sont parfois réticents à en implanter à cette période très chargée de l’année.
Des résultats d’essais concluants avec le drone et la prise en charge d’une partie des coûts par la Fédération de chasse (lire l'encadré) pourraient les convaincre. « D’autant que pour que le couvert soit protecteur et nourricier pour la faune sauvage, il doit être semé au plus tôt », appuie Ronan Tabourel, coordinateur technique à la Ficif. Par ailleurs, « quelques jours après le semis à la volée, la moisson fournit un mulch de paille sur les graines qui profitent de l’humidité résiduelle, souligne Alain Defresne, qui est également chasseur. Le couvert restera jusqu’à la fin de décembre au minimum, pour nourrir et abriter perdrix, passereaux, faisans, chardonnerets, cailles… »
L’objectif est d’atteindre trois ou quatre tonnes de matière sèche par hectare (t MS/ha), soit plus que les 2,5 t MS/ha produits en 2023, lors de la première année d’essai. « Semés au drone ou au semoir, les mélanges mellifères se sont développés autant et ont piégé quasi la même quantité d’azote (de 50 à 150 unités selon les parcelles), ce qui a contribué à réduire les reliquats en entrée d’hiver, et donc le risque de lessivage vers la nappe », souligne Lætitia Chegard.
« À résultats équivalents, le coût d’environ 50 €/ha pour le drone contre plus de 100 €/ha pour le semoir, éventuellement précédé d’un léger déchaumage, donne l’avantage au drone », appuie Ronan Tabourel. « Par ailleurs, le drone me fait gagner du temps et ne perturbe pas du tout le sol, ce qui est bénéfique pour sa vie biologique », précise Alain Defresne, en conduite proche de l’agriculture de conservation des sols.
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