Semis direct : « À cause des ray-grass, j’ai dû réintroduire ponctuellement la charrue »
Didier Blais est passé en techniques culturales simplifiées (TCS), puis en semis direct. Voulant utiliser moins d’herbicides, il s’est retrouvé face à un enherbement difficile à gérer. Face au ray-grass, il a ressorti la charrue.
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Depuis son installation en 1995, Didier Blais, agriculteur à Danzé (Loir-et-Cher), a fait évoluer son système dans l’objectif de travailler le moins possible la terre. Il limite peu à peu le labour, et passe en 2008 en techniques culturales simplifiées (TCS). « J’ai créé une société avec un collègue pour mutualiser notre matériel », explique-t-il. En 2015, les deux agriculteurs investissent dans un semoir à semis direct et réduisent le travail du sol au minimum.
5 ans pour diminuer ses IFT
En 2016, Didier Blais souscrit une mesure agroenvironnementale et climatique (MAEC) et s’engage sur cinq ans à réduire ses indicateurs de fréquence de traitements phyto (IFT), de 40 % ses usages herbicides, et 50 % hors herbicides. « Le volet hors herbicides ne m’a pas dérangé, car il y a des alternatives, explique-t-il. La partie herbicide en revanche a été plus compliquée. » Par crainte de ne pas répondre aux exigences de la MAEC, l’agriculteur a restreint les dosages, notamment de glyphosate. « C’était une erreur, j’ai sali mes terrains », confie-t-il. La difficile gestion des ray-grass résistants a signé le retour du labour ponctuel dans le système de Didier Blais.
En 2018, après le départ de son collègue, il mutualise le matériel avec le fils de ce dernier et un autre collègue, qui rencontrent les mêmes problématiques que lui. Ils reviennent à un système en TCS, avec labour sur de petites surfaces. « Quand je sors la charrue, j’ai l’impression de gâcher tout ce que j’ai fait en vingt ans, regrette-t-il. Mais il ne faut pas être obtus : quand ça ne va plus, il faut y remédier. S’entêter, c’est aller dans le mur. » Quand c’est nécessaire, l’agriculteur enfouit donc les ray-grass à une vingtaine de centimètres. « Ce n’est pas pour autant que le problème est réglé », estime-t-il.
Rotation et couverts
Pour gérer l’enherbement, Didier Blais s’appuie aussi sur sa rotation, qu’il adapte selon les parcelles. Sur la zone irriguée, autour de sa ferme, il cultive maïs, blé, orge et colza. Sur le reste de ses surfaces, il produit colza, blé, orge et pois d’hiver. « Quand c’est vraiment sale, je vais faire du colza derrière du pois, ce qui me permet des antigraminées deux années de suite », illustre-t-il.
Le protéagineux a toujours eu une place dans son assolement. Même si économiquement, « ce n’est pas la panacée », le pois a son intérêt sur le long terme, pour l’azote mais aussi pour alterner les matières actives. Avant son passage au semis direct, Didier Blais cultivait du pois de printemps. Il a ensuite opté pour le pois d’hiver, les conditions de passage étant meilleures en novembre que sur ses terres lourdes en sortie d’hiver. « J’ai aussi plus de solutions chimiques à disposition en pois d’hiver », note-t-il.
Le maïs a, lui, l’avantage d’être biné. L’agriculteur profite par ailleurs de l’interculture entre une céréale et le maïs pour implanter un couvert multi-espèces à base de moutarde, vesce, radis, féverole, tournesol, avoine rude ou phacélie. « Le couvert est un bon levier pour gérer le salissement quand il est réussi, ce qui n’est le cas que deux années sur cinq ici en moyenne », indique-t-il. Avant les semis d’automne, il conserve autant que possible les repousses de la culture précédente. Quand les conditions se présentent, il sème de la féverole dans les repousses du colza.
Malgré les difficultés, Didier Blais est toujours dans l’optique de ne pas, ou peu, toucher ses sols, et de garder la matière organique. Il n’exporte pas les pailles, sauf dans le cadre d’un échange paille-fumier avec l’un de ses associés qui est éleveur. S’il en a l’occasion, il sème couverts et cultures en direct, sauf le maïs, qui nécessite un passage à faible profondeur pour réchauffer la terre.
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