La Coordination rurale veut s’affirmer comme « un syndicat de propositions »
La Coordination rurale a profité de sa conférence de presse de rentrée pour présenter ses propositions budgétaires. Des mesures que le syndicat espère présenter prochainement au Premier ministre.
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Rendez-vous traditionnel annuel pour les syndicats agricoles, la Coordination rurale a tenu sa conférence de presse de rentrée ce 22 septembre 2025 à Paris. Quelques mois après sa percée historique aux élections des chambres d’agriculture, la Coordination rurale tient à se présenter comme « un syndicat de propositions » selon les mots de sa présidente Véronique Le Floc’h.
« Je m’excuse de tant de détails, mais si nous souhaitons progresser, il faut aussi montrer que nous sommes vraiment source de propositions comme n’importe quel premier syndicat en France (1) », a-t-elle indiqué aux journalistes présents après avoir présenté les propositions que le syndicat entend porter lors d’un prochain rendez-vous espéré avec le nouveau Premier Ministre, Sébastien Lecornu. Dans le viseur les débats de la future loi de finances.
Des mesures budgétaires et politiques
« À défaut de participer aux mobilisations qui produisent en général peu de résultats politiques concrets, même si des initiatives vont être menées ici et là, notre syndicat prend l’initiative, avant même la formation d’un nouveau gouvernement, de proposer des mesures budgétaires et politiques aux décideurs », a déclaré la présidente du syndicat en préambule.
Si le début de la phrase résonne avec les mobilisations annoncées une semaine plus tôt par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, cela n’empêche pas le secrétaire général de la Coordination rurale, Christian Convers, d’affirmer qu’« il y aura de l’action » d’ici la fin d’année avec « d’autres corporations ». Cette mobilisation pourrait s’inscrire avec le mouvement les Gueux lancé par l’écrivain Alexandre Jardin, présent à la conférence de presse.
« Un plan de développement pluriannuel de l’agriculture »
Mais avant cela, le syndicat souhaite s’inscrire « dans le dialogue » avec le gouvernement et les Parlementaires « pour mettre en avant et faire valider toutes (ses) propositions » dans la perspective de « la souveraineté alimentaire » en relançant la production agricole.
Pour ce faire, Véronique Le Floc’h souhaite d’abord inscrire l’agriculture dans la Constitution en y intégrant une Charte de l’agriculture et de l’autosuffisance alimentaire. L’objectif est de faire en sorte que le principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’environnement qui a valeur constitutionnelle, ne l’emporte pas sur l’agriculture. Le 7 août dernier, le Conseil constitutionnel avait censuré la réintroduction de l’acétamipride sur le fondement de ce texte.
Face à la dégradation de la balance commerciale agricole et en lien avec l’objectif affiché de maintenir 400 000 exploitations en France, Véronique Le Floc’h plaide pour « un plan de développement pluriannuel de l’agriculture » basé sur les besoins de production par filière afin de fixer des objectifs de développement.
TVA sociale
L’une des mesures budgétaires proposée par le syndicat concerne la mise en place de la « TVA sociale » pour améliorer la compétitivité et réduire le coût du travail. Son expérimentation a minima pour le secteur agricole souhaité par la présidente de la Coordination rurale « permettrait de faciliter les exportations et de taxer les produits d’importation, contribuant ainsi au système social français ».
Le terme de « TVA sociale » décrit un système qui consisterait à modifier le financement de la Sécurité sociale : les cotisations assises sur les salaires seraient diminuées et cette baisse des recettes compensée par des points de TVA en plus. Un dispositif que la Coordination rurale défend depuis des années.
Des économies à aller chercher du côté de l’écologie
Le syndicat réclame également des crédits pour remplacer l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), un crédit d’impôt pour les élevages de montagne et un crédit d’impôt pour le bio. « Il nous faut une fiscalité particulière quand on reçoit des compensations ou des indemnisations suite à un abattage total et inadmissible de troupeaux », a insisté Véronique Le Floc’h. Elle propose également de doubler les budgets alloués au ministère de l’Agriculture pour adapter les filières à l’évolution des marchés et à la gestion des crises et aléas, soit 760 millions d’euros supplémentaires selon ses calculs.
Pour financer ces mesures, la Coordination rurale affirme que ses propositions peuvent être financées sans augmenter la dépense publique globale. Son plan repose sur des redéploiements budgétaires et des économies. Sont ciblés principalement des budgets dédiés à la planification écologique (forêt et haies) à l’environnement et des frais de fonctionnement de certains établissements publics (comme l’Office national des forêts et le Centre national de la propriétaire forestière).
(1) Pour se déclarer premier syndicat agricole de France, la Coordination Rurale compare ses résultats aux dernières élections aux chambres d’agriculture à ceux de la FNSEA et Jeunes Agriculteurs pris individuellement. L’alliance FNSEA et Jeunes Agriculteurs reste majoritaire au vu de leurs résultats et du nombre de chambres remportées.
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