La Coordination rurale bloque le congrès de Légumes de France

La tension est montée d’un coup ce vendredi 22 novembre 2024 à Agen (Lot-et-Garonne), où se déroulait le congrès annuel de Légumes de France, l’association spécialisée de la FNSEA. Après la prise de parole d’Arnaud Rousseau devant la salle, une cinquantaine de militants de la Coordination rurale s’est massée devant les grilles du centre des congrès vers 11 h 45, protégé par une trentaine de CRS casqués.

Une cinquantaine d’agriculteurs face aux CRS casqués

« Tranquille, tout se passera bien, a lancé aux militants Serge Bousquet-Cassagne, le président de la chambre d’agriculture départementale aux mains de la Coordination rurale. On reste là et on attend », disant vouloir « empêcher de partir » le président de la FNSEA. Des militants et tracteurs s’étaient installés aux abords du bâtiment ce vendredi matin.

Le syndicat souhaitait rencontrer le président de la FNSEA sur place. « Nous voulions qu’il discute avec les deux coprésidents de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, Karine Duc et José Perez. Il a refusé et a été exfiltré par la police comme un voleur », a expliqué Serge Bousquet-Cassagne, le président de la chambre d’agriculture départementale, a constaté la correspondante de La France Agricole sur place.

Dans une atmosphère électrique, les troupes de la Coordination rurale ont hué le patron de la FNSEA, le laissant rejoindre son véhicule sous escorte policière. « Vous ne l’empêchez pas de sortir mais qu’il voit bien qu’en Lot-et-Garonne, on est chez nous », a lancé à ses troupes Serge Bousquet-Cassagne. « Les gars, on peut discuter mais pas comme ça », a réagi Arnaud Rousseau avant de s’engouffrer dans sa voiture.

« Il ne faut pas simplement utiliser l’outil de communication. »

À son arrivée au congrès, Arnaud Rousseau a expliqué à la presse être venu « parler devant les producteurs de légumes. Le reste, vous savez… Il y a dans ce département des gens […] qui veulent le chaos. Je leur laisse cette responsabilité. Chacun choisit son mode opératoire. […] Ce qui compte […] c’est qu’on obtienne des résultats. Mais pour ça, il faut travailler […] à Bruxelles, […] à Paris. Et il ne faut pas simplement utiliser l’outil de communication. »

En fin d’après-midi, le président de la FNSEA a dénoncé des « méthodes lamentables » et des « menaces pas acceptables », dans une déclaration à l’AFP. « Je rappelle que la FNSEA et Jeunes agriculteurs sont majoritaires dans 95 % des chambres [d’agriculture] et que pour ma part, jamais je n’accepterai que la présidente de la Coordination rurale ne puisse pas aller dans un département, qu’elle soit menacée physiquement. »

Arnaud Rousseau a ajouté qu’il se « réserve le droit de porter plainte, mais à ce stade je ne l’ai pas fait ». Il a précisé qu’il avait quitté le centre des congrès d’Agen « à la demande du préfet », escorté par « deux policiers jusqu’à une voiture qui était garée devant ». « Que la FNSEA soit ciblée, ce n’est pas la première fois, mais là, que ce soit par des agriculteurs, ça m’interroge parce que ça ne fait pas avancer le projet agricole. »

Vers 13 h 15, les congressistes ont pu commencer à quitter le centre des congrès d’Agen, au moment où arrivaient les tracteurs qui avaient bloqué le port de Bordeaux la veille. La situation se tend sur le terrain à l’approche des élections professionnelles agricoles. La Coordination rurale, avec ses bonnets jaunes, espère ravir 15 à 20 chambres d’agriculture à l’alliance FNSEA-JA.