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« La défense collective n’a jamais eu autant d’importance »

Dans un climat de tensions entre syndicats ou avec certaines ONG, la Coordination rurale, par la voix de sa présidente Véronique Le Floc’h, pose son diagnostic sur le syndicalisme agricole.

Dans un climat de tensions entre syndicats ou avec certaines ONG, la Coordination rurale, par la voix de sa présidente Véronique Le Floc’h, pose son diagnostic sur le syndicalisme agricole.

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De quelle manière la Coordination rurale se différencie-t-elle ?

Je dirais que nous ne sommes pas dans la désobéissance civile, mais parfois dans la désobéissance syndicale, et toujours dans le but de défendre l’agriculture. La Conf', d'un côté, a beaucoup de liens avec la société civile ou avec des associations sur l’environnement. La FNSEA est très lié aux coopératives, banques, politiques… Nous, nous sommes indépendants et nous cultivons cette indépendance. Notre ligne est la même depuis le début et nos idées sont aujourd’hui reprises par le syndicat majoritaire et les responsables politiques. Aujourd'hui, tout le monde parle de souveraineté alimentaire mais, à la Coordination Rurale, cela fait 30 ans qu'on évoque le sujet. Comme quoi nous étions dans le vrai.

Comment se passe le recrutement de nouveaux adhérents sur le terrain ?

Dans le métier, on se ferme un peu comme des huîtres. On va s’intéresser exclusivement à la technique, à l’agronomie ou à l’élevage. C’est une forme d’autoprotection alors que la défense collective n’a jamais eu autant d’importance. C’est une question de survie. Il y a un individualisme grandissant et en plus les agriculteurs n’aiment pas parler de leurs difficultés. Recruter de nouveaux adhérents dépend de notre discours. Certains, peu importe ce qu’on leur dit, ça ne leur fait ni chaud ni froid. On a aussi des déçus de la FNSEA et qui pensent que CR et Conf c’est pareil.

Quels sont vos rapports avec les autres syndicats agricoles ?

Quand on se voit entre syndicats, on arrive toujours à discuter. Mais je sais aussi rappeler quand je ne suis pas d’accord. Il y a malheureusement des syndicats qui choisissent d’autres alliés qui sont loin d’être des agriculteurs ou des ingénieurs agri ou agro.

C’est une faiblesse de la part de la Conf’. Ça veut dire qu’ils ont cédé à une partie de la société et qu’ils ont adopté un discours qu’on leur dicte. Ça ne fait pas plaisir à tous leurs adhérents d’ailleurs. S’inscrire en opposition par rapport à des collègues parce qu’on n’est pas d’accord avec le modèle de production, alors que c’est autorisé, pour moi, ce n'est pas tolérable.

Le grand public s’empare désormais de nombreux sujets agricoles. Comment se faire entendre pour un syndicat agricole aujourd’hui ?

Ma méthode, c’est de rappeler les faits scientifiques. Ce que les soulèvements de la terre viennent dénoncer par exemple, je rappelle que c’est faux. Je présente des rapports et des études qui ont été publiées. Sur la question des pollutions des plages bretonnes, c’est la même chose. Je rappelle que les bactéries retrouvées en mer ne sont pas présentes dans les lisiers de porc d’après les analyses chimiques. On essaie de demander au citoyen « arrêtez d’être naïf » la nourriture vous en avez besoin, ne tapez pas sur votre meilleur allié. Cela étant, on peut critiquer autant qu’on veut les ONG, mais tant qu’on ne les arrêtera pas ça veut dire qu’on cautionne. Si on laisse notre place à d’autres sur les sujets agricoles, on ne la reprendra jamais.

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