La production de jeunes bovins reste fragile en France
Malgré la reprise des achats de broutards à engraisser en France, les effectifs de jeunes bovins à l’engraissement dans l’Hexagone restent modestes.
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Depuis l’année dernière, l’engraissement de jeunes bovins (JB) en France reprend des couleurs. En 2024, les achats de broutards français pour la mise en place de JB ont augmenté de 5,1 %. Ils sont montés à 406 000 têtes, au détriment de l’exportation de broutards, en repli de 5,5 % sur la même période.
Les mises en place progressent
Les achats de broutards pour l’engraissement n’avaient pas dépassé 400 000 têtes depuis 2019. La tendance haussière se poursuit sur les huit premiers mois de 2025 : les mises en place de jeunes bovins en France progressent de 4,2 % entre janvier et août 2025 par rapport à la même période de 2024.
« Ces achats ne représentent que la moitié des broutards engraissés en France, a précisé Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage (Idele), lors du Grand angle viande organisé le 13 novembre 2025 à Paris. L’autre moitié concerne les ateliers naisseurs engraisseurs, qui ont fait moins de naissances et qui ont peut-être vendu plus d’animaux maigres pour profiter des prix élevés. Malgré la hausse des achats, les effectifs à l’engraissement restent modestes. »
Moins de naissances
Le nombre de bovins mâles type viande de 12 à 18 mois recensés en France s’est érodé de 11 000 têtes en septembre 2025 par rapport à 2024. « Il y a un fort recul des naissances issues de mères allaitantes, poursuit Caroline Monniot. En cumul sur les huit premiers mois de 2025, il y a 4,9 % de têtes en moins, soit un manque de 99 000 veaux. »
Cette hausse de l’engraissement a des effets directs sur les tonnages abattus. « Ils étaient à la baisse depuis 2021, en raison de la décapitalisation, ajoute-t-elle. Mais en 2024, les volumes ont été maintenus grâce à la production de jeunes bovins de type viande et une hausse des poids de carcasse de l’ensemble des catégories de bovins. » En 2025, la baisse s’accentue à nouveau. De janvier à septembre, les volumes abattus reculent de 2,9 %.
Les prix explosent
« Cette baisse de production conduit à une hausse des prix assez forte », complète Caroline Monniot. Sur la semaine du 13 au 18 octobre 2025, les broutards limousins E de 350 kg étaient cotés à 5,95 €/kg vif, et les charolais U de 450 kg à 5,61 €kg. « Ces cotations sont en forte hausse, de 49 % par rapport à 2024. Cela se répercute sur les prix des jeunes bovins finis. »
Les jeunes bovins étaient vendus 7,38 € par kilo de carcasse la dernière semaine d’octobre, soit 32 % plus cher qu’il y a un an. Cette tendance est observée partout en Europe, comme en Espagne avec un bond des prix de 29 % pour les jeunes bovins U allemands, ou en Italie avec une envolée de 26 % des tarifs des charolais « di prima qualità ».
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