Login

Des signaux positifs sur le marché de la viande bio

Interbev bio ira cet hiver à la rencontre des enseignes de grande distribution pour réaugmenter la visibilité des viandes bio dans les étals.

Malgré un recul de la production, le bilan de 2024 de la filière viande bio donne l’espoir d’une reprise de la consommation.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Les filières de viande bovine et ovine ont été frappées de plein fouet par la crise de l’agriculture biologique », affirme Philippe Sellier, président de la commission bio de l’interprofession du bétail et de la viande (Interbev). Selon lui, deux effets se sont cumulés pour ces produits. « Nous avons été doublement impactés, par une image du bio trop cher, et un coût de la viande qui a également augmenté », dans un contexte inflationniste où les consommateurs ont davantage tendance à trancher par le prix.

Reprise des ventes en magasins spécialisés

La grande distribution (grandes et moyennes surfaces, GMS), qui représentait 66,44 % des ventes de viandes bio en 2019, a réajusté son offre en la matière, entraînant une moindre visibilité de ces produits sur les étals. Interbev chiffre à 43 % les ventes de viandes bio via ces rayons en 2024, accusant un recul de 6,4 % par rapport à 2023.

La grande distribution recommence à renforcer la présence des viandes bio dans ses rayons. Pour accompagner ce mouvement, Interbev Bio ira cet hiver à la rencontre de plusieurs grandes enseignes. L’occasion de leur confirmer que le retour du consommateur se fait sentir et qu’ils peuvent accompagner cette dynamique en mettant plus de visibilité sur ces produits. Les ventes en GMS ont baissé de 42 % entre 2021 et 2024.

En revanche, celles en magasins spécialisés et en restauration collective ont repris des couleurs, respectivement de + 8,88 % et + 14 % en volumes entre 2023 et 2024. « Les ventes en GMS spécialisées et en restauration collective repartent bien, se réjouit Philippe Sellier. Ce ne sont pas de gros volumes, mais ce sont des signes positifs que nous accueillons favorablement. »

Des abattages en berne depuis 2021

Du côté de la production, les abattages de viande bio accusent un net recul depuis 2021, à -29 %. Les volumes de viande bovine s’élèvent à 28 236 tonnes équivalent carcasse (téc) en 2024, contre 30 918 téc en 2023, soit une baisse de 9 % selon l’observatoire de l’Agence Bio. Pour la viande ovine, la chute est de -22 % par rapport à 2023, pour s’établir à 1 569 téc en 2024. Interbev explique ces baisses par une réaffectation de la production vers le marché conventionnel.

« Si l’on regarde les cotations officielles de France AgriMer, le prix des viandes bio est légèrement plus haut que le conventionnel. On parle de l’ordre de 10 à 20 centimes au-dessus, alors que nous étions autour de 1 euro d’écart auparavant », souligne Philippe Sellier. Le cahier des charges de l’agriculture biologique impose des moyens de production qui réduisent le ratio de kilo de viande produit à l’hectare.

« Les cours du bio ont également augmenté, comme le conventionnel, mais pas suffisamment. Les éleveurs ne couvrent pas leur coût de revient […] et malheureusement, la décapitalisation se vérifie bien aussi en bio », déplore l’éleveur. Et pour cause, le nombre de vaches allaitantes et laitières élevées en bio est en recul en 2024, respectivement à 223 059 têtes (-0,9 % par rapport à 2023) et 283 919 (-2,9 %).

Le nombre d’exploitations bovines bio est en légère baisse de 1,98 % par rapport à 2023. « J’estime que par rapport à la crise subie dans la filière bio, les déconversions sont moindres », assure Philippe Sellier. Certains éleveurs, pour une question de rentabilité, arrêtent de payer la certification tout en gardant un système identique. « De plus, nous subissons le même problème de la pyramide des âges que la filière conventionnelle. Parmi les chiffres d’arrêt du bio, il y a ceux qui arrêtent leur activité ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement