Login

« Les œufs ukrainiens arrivent massivement sur le territoire »

En 2024, les importations d’œufs ukrainiens ont bondi de 60 % en un an.

La stagnation de la production française d’œufs ouvre davantage la porte aux importations, notamment en provenance de l’Ukraine. Pour les professionnels du secteur, cette montée en puissance d’œufs produits à moindre coût et selon des standards différents pose la question de l’équité des règles du marché.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« La production française d’œufs connaît une stagnation en 2024, avec une baisse de 0,4 % par rapport à 2023, indique Yves-Marie Beaudet, président du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Cette légère régression s’explique principalement par la vague de travaux qui se lance dans les élevages de poules en cages, dans le cadre d’une transition vers des modes alternatifs, et quelques arrêts d’activité. »

Des « difficultés à reconstituer l’ensemble de nos effectifs »

« Le temps de présence des lots de pondeuses s’allonge, et les animaux produisent donc un peu plus longtemps, décrit-il. Néanmoins, la production de 2024 reste largement inférieure à celle de 2021. C’est la première année où nous avons tant de difficultés à reconstituer l’ensemble de nos effectifs, bien que nous en soyons proches. »

« Cette situation a entraîné une augmentation des importations d’œufs coquille de 20 %, en 2024, tandis que les exportations ont diminué de 10 %. Ces importations sont essentiellement destinées aux ovoproduits et à l’industrie. Elles proviennent essentiellement de l’Ukraine, avec, en 2024, +60 % d’importation d’œufs ukrainiens en un an. »

Yves-Marie Beaudet, président du CNPO. (©  Adocom)

« En 2025, la hausse continue, puisque nous enregistrons à nouveau +60 % sur les onze premières semaines par rapport aux onze premières semaines de 2024, souligne Yves-Marie Baudet. Il y avait des accords de quotas au niveau européen, qui permettent d’avoir des droits de douane jusqu’à 40 et quelques milliers de tonnes. Malgré ces droits de douane, l’œuf ukrainien reste encore moins cher que l’œuf français. L’an dernier, ce quota a été atteint dès le mois de juin. »

« Une concurrence déloyale »

« Qui dit production d’œufs insuffisante en France, dit porte ouverte aux importations. C’est aussi une concurrence déloyale, de la part d’entreprises qui n’ont ni les mêmes normes environnementales et sociales, ni la même réglementation sur le bien-être animal. Un œuf qui n’est ni allemand ni français, c’est un œuf qui tue les poussins, puisqu’il vient d’un pays qui n’est pas passé à l’ovosexage. »

« Tout ce qui vient d’ailleurs — et en particulier d’Ukraine — bénéficie de coûts alimentaires largement inférieurs aux nôtres, insiste le président du CNPO. Les personnels sont moins bien payés, avec des conditions sociales très différentes. Les conditions sanitaires aussi, sont loin des standards que nous appliquons. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement