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Le manque de broutards bouscule la filière

L'offre en broutards charolais était très faible en juin 2024, provoquant un pic des cotations à 3,92 €/kg vif.

Le repli des naissances dans le troupeau allaitant tire les prix des broutards vers le haut. Les volumes disponibles pour l’exportation continue de reculer en raison de la progression de l’engraissement en France.

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La saisonnalité des naissances qui évolue, la baisse de l’offre qui découle de la décapitalisation, et la réorientation des animaux vers l’engraissement en France reconfigurent le marché du broutard. Ainsi, les naissances poursuivent leur chute et se décalent progressivement à l’automne.

Des sorties d’animaux qui se décalent

« On observe l’intention des éleveurs de faire naître à l’automne afin de bien faire grossir les animaux grâce à l’herbe de printemps, et de pouvoir les vendre avant un potentiel manque de fourrages en été », analyse Maximin Bonnet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage. Les naissances sont moins nombreuses en juillet : elles reculent de 12,5 % par rapport à 2023, soit 15 000 veaux allaitants de moins, selon les notes de conjoncture mensuelles de l’Institut de l’élevage. « Des problèmes de fertilité lors des chaleurs de l’automne 2023 pourraient également justifier ce recul. »

Conséquence, les disponibilités de mâles allaitants de moins de six mois sont moindres. « Au premier août 2024, elles sont clairement en retrait, avec 7 % d’animaux de moins de six mois en moins par rapport à août 2023 », constate Maximin Bonnet. En revanche, les effectifs de broutards de 6 à 12 mois ont augmenté de 1 % pour atteindre 647 000 têtes.

Des mises en place en engraissement dynamiques en France

« Ces chiffres reflètent le décalage des naissances, mais on peut également les expliquer par la réorientation de l’engraissement en France, qui entraîne donc les effectifs d’animaux plus vieux à la hausse », souligne l’agroéconomiste. En effet, les mises en place en France sont dynamiques.

Évolution des achats de bovins mâles de type viande âgés de 4 à 15 mois par les engraisseurs français.

En cumul sur sept mois de janvier à juillet 2024, 203 000 broutards ont été achetés par les engraisseurs français, soit 10 000 têtes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Cette hausse de 5,2 % traduit la tendance actuelle à garder les animaux dans l’Hexagone, « stimulée par la demande de l’aval », explique l’Institut de l’élevage.

Des cours supérieurs de 9 % à 2023

Ces naissances moins nombreuses et le rebond des mises en place en France se traduisent par un recul des exportations de broutards. En cumul jusqu’au 18 août 2024, 573 000 broutards ont quitté le pays, soit 6 % de moins qu’en 2023 sur la même période. L’arrivée de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et de la maladie hémorragique épizootique (MHE) sur le territoire national n’a pourtant pas perturbé le marché (lire l’encadré ci-dessous).

Évolution des cours des broutards charolais U de 350 kg vif.

« Les maladies n’ont pas d’effet sur les prix. L’offre tire tellement que, par exemple, les cotations des charolais sont à un niveau bien supérieur à l’année dernière », s’étonne Maximin Bonnet. Le manque d’animaux en juin a entraîné un pic des prix des charolais U de 350 kg vif à 3,92 €/kg vif, qui s’est depuis stabilisé autour de 3,83 € au 1er septembre. « Malgré un léger repli, les cours restent supérieurs de 9 % à ceux de 2023. »

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