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Porc : l’Europe continue de perdre du terrain

L'Union européenne a perdu l'équivalent de la moitié de la production porcine française entre janvier et juillet 2023, par rapport à 2022.

Le recul de la production et le manque de compétitivité ne permettent pas aux opérateurs européens de percer à l’exportation.

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« L’offre européenne de porcs est dans un mouvement de repli historique », observe Elisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’Institut du porc (Ifip) (1). En cumul sur les sept premiers mois de 2023, la production porcine dans l’Union européenne à 27 a chuté de 8,5 % par rapport à la même période en 2022, soit 11,7 millions de porcs en moins. « C’est l’équivalent de la moitié de la production française, ou de la totalité de la production italienne », illustre la spécialiste.

Les abattages de porcs ont plongé de 8,5 % dans l'Union européenne sur les six premiers mois de l'année 2023.

Des exportations à la traîne

En toute logique, les exportations communautaires font grise mine. En cumul de janvier à juillet 2023, elles chutent de 19 % par rapport à la même période en 2022. Elles se replient notamment de 12,5 % vers la Chine qui reste néanmoins le premier débouché des opérateurs européens vers les pays tiers.

Bien que la dynamique de production ne soit pas au rendez-vous sur le Vieux Continent, « l’offre de porcs va progresser dans le monde en 2023, principalement sous l’impulsion de la Chine, avance Elisa Husson. Dans le pays, l’amont s’est fortement redéveloppé depuis la crise de la fièvre porcine africaine. »

Dans ses prévisions publiées le 12 octobre 2023, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) anticipe une hausse de 0,8 % de la production porcine mondiale cette année, avec la Chine en tête qui enregistrerait une croissance de 2 %, à 56,5 millions de tonnes, loin devant :

Le continent américain à l’assaut

Malgré les difficultés du moment, l’empire du Milieu demeure le plus grand importateur mondial de viande porcine. « La concurrence se renforce de la part des États-Unis et du Brésil, dont les prix sont très compétitifs », note Elisa Husson.

Les filières porcines du continent américain restent très compétitive à l'exportation, face à celles de l'Union européenne.

Le Canada n’est pas non plus en reste. D’après les chiffres délivrés par les autorités chinoises (2), en cumul de janvier à septembre 2023, les importations de viande fraîche et congelée du pays ont progressé de 16,6 % sur un an en provenance du Brésil et des États-Unis, et de 51,6 % en provenance du Canada

La Chine fait jouer la concurrence

S’agissant des « sous-produits », les achats chinois sont en hausse de 110,8 % auprès du Canada et de 29,7 % auprès des États-Unis. Ils accusent toutefois une sensible baisse de 5,3 % auprès du Brésil.

Preuve que les opérateurs européens perdent des parts de marché, sur la même période, les approvisionnements de l’empire du Milieu auprès de l’Espagne, le premier exportateur européen, ont chuté de 9,4 % pour les viandes fraîches et congelées, mais sont restés stables (+0,6 %) pour les coproduits. « La Chine fait jouer la concurrence, elle cherche le meilleur prix », résume Elisa Husson.

(1) Lors du « Grand rendez-vous de l’élevage porcin » organisé par la Fédération nationale porcine, le 21 novembre 2023 à Paris.

(2) À considérer avec prudence.

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