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Observatoire des marchés Le prix de l’agneau ne suit pas l’explosion des charges

La bonne tenue des cours depuis Pâques ne couvre pas la flambée des intrants.

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Autour de 8 €/kg de carcasse en moyenne depuis Pâques, la cotation de l’agneau s’accroche à un niveau supérieur à celui des années précédentes. Contrairement à d’habitude, les cours n’ont pas fléchi après la fête chrétienne. La fin du Ramadan, quelques semaines après, a continué de tirer la cotation. Puis, l'équilibre entre de faibles niveaux d'offre et de demande a pris le relais . « En moyenne de janvier à septembre 2022, le prix de l’agneau est 0,70 €/kg de carcasse plus élevé qu’en 2021, soulignait Cassandre Matras de l'Idele, le 11 octobre, lors des journées techniques ovines qui se déroulaient à Gramat, dans le Lot. Cette cotation historiquement élevée est due à une offre et une demande d’un faible niveau. »

© GFA

La production française sur les sept premiers mois de 2022 accuse une légère baisse par rapport à 2021. « Cela s’explique par un recul des sorties d’agneaux (–3 %) et une baisse des importations d’agneaux vivants (–10 %) », poursuit-elle. Le total des ovins vif importés recule de 3 % sur les sept premiers mois de 2022 par rapport à 2021. Les envois d’agneaux vifs de l’Espagne, notre fournisseur principal, ralentissent. « Ce pays s’est davantage tourné vers le Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et la Jordanie, explique l’experte. Cependant, la découverte de cas de clavelée (variole ovine) dans deux provinces espagnoles pourrait modifier la nature et la destination de ses envois dans les prochains mois. Le pays a perdu le statut indemne pour cette maladie auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) »

Faible niveau de l’importation

Du côté de la viande ovine, les importations restent faibles, même si sur les sept premiers mois de 2022, elles sont légèrement supérieures à celles de 2021. « Ce modeste niveau d'importations explique aussi, en grande partie, la bonne tenue des cours », souligne Cassandre Matras. Le Royaume-Uni, notre fournisseur principal, après une forte baisse de ses envois en 2020 et 2021, a renforcé légèrement ses expéditions en 2022. Idem pour la Nouvelle-Zélande qui nous a expédié davantage de viande sur les sept premiers mois de 2022. « Ces dernières années, la Nouvelle-Zélande était particulièrement concentrée sur le marché chinois très demandeur en protéines, explique Cassandre Matras. Mais la politique zéro Covid de l’empire du Milieu et l’augmentation de sa production ont ralenti ses besoins et par conséquent ses importations de viande ovine en provenance d'Océanie. »

La filière ovine subit aussi l’explosion des prix des charges (carburants, aliments du bétail et engrais). « Cette hausse n’est pas nouvelle, rappelle l’experte. La pandémie a fait flamber les prix du carburant en 2020. Les mauvaises récoltes mondiales ont aussi tiré à la hausse les prix des matières premières. Et l’invasion en Ukraine a accentué le phénomène. »  Résultat, l’indice des prix Ipampa ovin viande a explosé au cours des derniers mois. Il s’affiche à 136,3 en juillet 2022 (base 100 en 2015), sachant que l’indice de l’énergie et des lubrifiants a bondi de 57 % en 2022 par rapport à 2021, celui des aliments achetés de 29 % et celui des engrais de 86 %.

© GFA

Pour les prochains mois, « le prix des intrants devrait rester élevé, déclare Cassandre Matras. La sécheresse de 2022 pourrait peser sur la production au premier trimestre de 2023, alors même que Pâques et la fin du Ramadan seront très proches. L'offre suffira-t-elle pour répondre à ce bond de la demande en avril ? », s'interroge-t-elle. 

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