Les disponibilités mondiales de soja sont satisfaisantes

Les cours des tourteaux de soja ont lourdement chuté, de 25 % ces trois derniers mois. À 435 €/t départ Montoir, le 21 mars, les prix s’affichent dorénavant sur leur plus bas niveau depuis plus de deux ans. En toile de fond, les opérateurs sont rassurés par la forte progression de la production mondiale de soja. Elle devrait atteindre le niveau record de 397 millions de tonnes, selon l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, en hausse de 5 % par rapport à l’an passé. La récolte mondiale est notamment portée par l’Argentine qui retrouve des niveaux de productivité élevés.

Pour rappel, en 2022-2023 le phénomène climatique La Niña et l’absence de précipitations avaient provoqué une chute de 50 % de la production du troisième exportateur mondial. Dans ce contexte et en dépit d’une demande dynamique, les stocks mondiaux sont appelés à progresser de 12 % sur un an, sur leur plus haut niveau depuis six ans à 114 millions de tonnes, selon l’USDA.

Seule ombre au tableau, la production brésilienne est en balance. Les estimations de production diffèrent selon les analystes. La Conab, Compagnie nationale d’approvisionnement, l’estime à seulement 147 millions de tonnes contre 155 millions de tonnes, selon l’USDA. L'État du Mato Grosso où est produite 26 % de la récolte brésilienne a subi une sévère sécheresse d’octobre à janvier durant la phase de développement des fèves de soja. Les rendements sont hétérogènes pour les récoltes qui atteignent 70 % des surfaces. Les prochaines semaines vont permettre d’affiner les estimations.

La concurrence mondiale accrue pèse sur les prix

Malgré une récolte en repli, le Brésil, premier exportateur mondial de soja, aura la capacité à répondre présent dans les échanges mondiaux. La Chine délaisse d’ores et déjà les origines États-Unis pour se tourner vers le marché sud-américain. Cette forte concurrence entre les trois grands exportateurs mondiaux devrait avoir pour vocation de maintenir des prix relativement bas sur le marché.

Sur le continent européen, les importations de tourteaux bénéficient également de cette tendance. Les disponibilités européennes sont par ailleurs pour le moment satisfaisantes. L’activité soutenue de trituration de graines oléagineuses, liée à la hausse de consommation en huile végétale, dynamise la production de tourteaux de colza et tournesol.

Cette année, la consommation de tourteaux est attendue stable en Europe après quatre années de repli. Cette stabilité cache des disparités selon les filières. La baisse de consommation pour l’élevage porcin est en partie compensée par le secteur de la volaille. À noter que le retour des prix sur des niveaux historiques bas pourrait favoriser une reprise de la consommation à plus long terme. Dorénavant, le potentiel de baisse se réduit et l’hypothèse d’un marché stable semble à privilégier.