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La France profite de l’intérêt des fabricants d’aliments pour le blé tendre

La France profite de l'intérêt des fabricants d'aliments du bétail européens pour le blé tendre pour gonfler ses ventes vers l'Union européenne.

Le faible écart entre les prix du blé et du maïs favorise un report de consommation du maïs vers le blé tendre chez les fabricants d’aliments du bétail européen. Ce phénomène expliquerait, du moins en partie, la faiblesse des exportations européennes de blé tendre vers les pays tiers, et le dynamisme des ventes tricolores vers l’espace communautaire.

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Au 12 décembre 2025 sur Euronext, l’écart des prix du blé et du maïs n’était « que de 3,25 €/t » en faveur du blé, constate Jean Jacquez, chargé d’études économiques sur le marché européen des céréales à FranceAgriMer, le 16 décembre 2025 lors de la conférence mensuelle de l’organisation. « Quand on tient compte du combo énergie-protéines, [on retrouve un] blé plus compétitif que le maïs pour les fabricants d’aliments du bétail, explique-t-il. [À l’échelle européenne,] On sait qu’il y a déjà des remplacements qui ont lieu dans les formulations, et qu’ils pourraient s’accentuer si cet écart de prix reste aussi bas. »

Ce phénomène pourrait expliquer la faiblesse des exportations européennes de blé tendre vers les pays tiers, finalement consommé sur place : au 5 décembre, sur 2025-2026, « on est à 10,2 millions de tonnes exportées par l’Union européenne […] pour un objectif de 31 millions de tonnes sur la campagne », estime l’expert. Un rythme similaire à celui de 2024-2025. S’il restait sur les mêmes bases jusqu’à la fin de la saison, les 31 millions de tonnes seront difficilement atteignables.

Opportunité pour la France

Même son de cloche pour les importations de maïs, cette fois-ci, dans l’Union européenne. À 7,1 millions de tonnes au 5 décembre, celles-ci ne sont pas aux niveaux initialement projetés. « La production communautaire est inférieure cette année de 8 % à la moyenne quinquennale. On devrait importer davantage que les deux années précédentes, or ce n’est pas le cas », rapporte Jean Jacquez.

À nouveau, la compétitivité du blé tendre par rapport au maïs est avancée pour justifier ces chiffres. La récolte ukrainienne de maïs qui patine, avec une perte probable de 2 à 3 millions de tonnes sur la récolte initialement estimée, selon les sources, pèse également dans la balance. « Il y aurait aussi, selon Argus Media, une demande assez forte en Iran et Égypte, qui ont capté une partie du volume de maïs qui aurait pu être destiné au marché européen », ajoute le spécialiste.

FranceAgriMer a intégré cet arbitrage dans les formulations européennes puisqu’elle a rehaussé, en décembre, ses prévisions d’exportations de blé tendre français vers l’Union européenne par rapport à novembre, de 300 000 tonnes. Celles-ci atteignent désormais les 7,4 millions de tonnes. Elles sont en revanche réduites de 250 000 tonnes par rapport à novembre vers les pays tiers, et seraient désormais de 7,6 millions de tonnes.

Bon début de campagne

Malgré la révision en baisse des exportations vers les pays tiers et les opportunités que la France savait limitées sur ces destinations dès le début de la campagne, le blé tendre français se montre pour le moment « compétitif », estime Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur le marché français des céréales à FranceAgriMer. « On a encore de gros volumes en “line up”. On anticipe une dynamique importante vers le Maroc, au moins jusqu’en janvier. Il y aura ensuite probablement cette concurrence de l’hémisphère Sud américain », présente-t-il.

À ce sujet, Argus Media notait le 12 décembre que la question de la qualité restait toujours en suspens pour le blé tendre argentin, avec des taux de protéines « particulièrement faibles ». « Il convient donc de scruter de près le comportement des acheteurs marocains en cas de déception sur les qualités sud-américaines », ajoutait le cabinet.

En cumulé, le total des exportations de blé tendre français sur les quatre premiers mois de la campagne de commercialisation (de juillet à octobre), de 5,4 millions de tonnes, est ainsi supérieur de 12 % à la moyenne quinquennale. Les exportations de maïs sont également dynamiques, avec le « deuxième meilleur départ, ex aequo avec 2018 », sur 2016-2025, a rappelé Habasse Diagouraga. Et toutes céréales confondues, les quelque 10 millions de tonnes exportées de juillet à octobre font de 2025-2026 le troisième meilleur départ des dix dernières années.

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