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Les prix des céréales et du colza reculent

Les prix français du blé reculent sous la pression de la parité entre l'euro et le dollar et de la concurrence des grains originaires de la mer Noire.

Le rebond des cours du blé et du maïs a pris fin à cause de la remontée de la parité entre l’euro et le dollar et de la pression des prix des céréales de la mer Noire. Les prix du colza sont tirés à la baisse par les perspectives rassurantes de la récolte de canola au Canada.

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Au début de décembre, les prix des céréales accusent un repli. En blé, le mouvement récent de baisse casse ainsi la tentative de rebond des dernières semaines, pénalisé par la remontée de la parité entre l’euro et le dollar. Le mouvement de repli s’observe également en colza lequel efface ainsi le mouvement de fermeté des dernières semaines. Sur le plan géopolitique, les négociations amorcées par les États-Unis sur un projet de paix du conflit russo-ukrainien ne montrent à ce jour aucun signe concret d’évolution. Malgré tout, les prix des céréales en mer Noire reculent et mettent sous pression les prix des autres exportateurs.

Un contexte concurrentiel pour le blé

Malgré un contexte géopolitique toujours mouvementé, le blé rendu Rouen base juillet continue sa consolidation entamée depuis septembre autour des 190 €/t, en s’affichant à 188 €/t. Pourtant, l’actualité ne manque pas d’occuper les opérateurs sur le marché des céréales cette semaine, entre la situation très instable en mer Noire et les appels d’offres de la part d’importateurs majeurs, à l’instar de l’Algérie.

Malgré la très bonne compétitivité du blé français sur la scène à l'exportation, l’origine hexagonale est une fois de plus exclue de cet appel d’offres algérien pour raison diplomatique, au profit d’origines mer Noire ou encore argentine. Cet exportateur sud-américain sera d’ailleurs sous l’œil des projecteurs ces prochaines semaines avec l’avancée des récoltes dans le pays, aujourd’hui à environ 40 %, qui devrait donner davantage d’indications quant aux teneurs en protéines.

Si cette dernière se révèle être suffisante pour la majeure partie de la récolte, le pays pourrait entrer en concurrence avec la France sur la destination devenue cruciale qu’est le Maroc. La Bourse de Buenos Aires a d’ailleurs récemment relevé son estimation de production à 25,5 millions de tonnes, ajoutant ainsi aux larges volumes attendus dans l'hémisphère Sud.

L’Australie pourrait également produire plus de 37 millions de tonnes selon Argus, chiffre également relevé par Abares à 35,6 millions de tonnes. Enfin, StatCan confirme en cette fin de semaine les très bonnes attentes de récolte canadienne pour 2025 avec une production tous blés à 39 millions de tonnes, soit au-dessus des estimations des opérateurs.

À ces fondamentaux lourds s’ajoute la hausse de la parité cette semaine entre l’euro et le dollar à 1,666, allant en défaveur des blés européens sur la scène internationale, alors que les exportations vers les pays tiers sont au cœur des enjeux pour l’équilibre du bilan. Avec un stock de fin de campagne attendu au plus haut depuis plus de 15 ans à 3.5 millions de tonnes, la France, et plus globalement l’Europe, devra redoubler ses efforts pour trouver de nouveaux débouchés, dans un contexte d’accélération attendue des flux mer Noire.

Les prix du maïs proches de ceux du blé

L’ajustement des prix du maïs face au blé se poursuit avec un écart qui continue de se réduire. Néanmoins, le mouvement de baisse des prix du blé pèse sur les cours du maïs. Ainsi sur la semaine écoulée, le prix du maïs Fob Rhin s’est replié de l’ordre de 4 €/t et s’affiche à 193 €/t en équivalent base juillet pour la récolte de 2025. La baisse observée est plus faible pour les prix en Fob Bordeaux ou en rendu Bretagne.

L’écart de prix entre le maïs et le blé baisse toujours, dans l’attente de voir se confirmer la perspective d’une plus forte disponibilité à l’importation et tout particulièrement de maïs d’Ukraine. Avec une récolte ukrainienne, actuellement réalisée à hauteur de 75 % des surfaces, le retard dans les chantiers de moisson est toujours visible. Le volume récolté dépasse désormais 22 millions de tonnes. Il reste encore plus de 25 % du volume de production sur pied.

Les prix du maïs sur les marchés physiques locaux trouvent à court terme également plusieurs éléments de soutien face à un réel manque de liquidité lié à une certaine rétention de la part des producteurs et aussi à quelques difficultés logistiques. En ce début de décembre, la perspective de la période de fin d’année pousse également à accélérer les chargements ou à finaliser les négociations sur de nouvelles couvertures des achats de la part des industriels.

Néanmoins, le récent rebond de l’euro face au dollar, de retour au-dessus de 1,1650, conduit assez logiquement à un ajustement des prix à la baisse. Ce facteur demeure un élément important à suivre en raison du potentiel attendu d’importations de maïs dans l’Union européenne cette année, annoncé autour de 21 millions de tonnes par l’USDA. La situation sanitaire de certaines filières animales, tant en volaille qu’en porc, impose toutefois une certaine prudence face à la demande intérieure européenne.

Un repli des cours du colza après un retour sur les plus hauts depuis trois mois

La graine de colza enregistre un recul après avoir retrouvé son plus haut niveau en se négociant à 485 €/t en équivalent Fob Moselle en début de semaine. Les cours enregistrent depuis un net recul. Sur le marché à terme d’Euronext, la séance de jeudi s’est clôturée à 475 €/t pour l’échéance de février 2026, revenant ainsi s’afficher sous son plus bas niveau depuis la fin d'octobre.

Les nouvelles rassurantes concernant la production de canola au Canada ont pesé sur les prix. Dans sa dernière estimation, Statistique Canada, l’organisme national canadien de la statistique, a annoncé jeudi une récolte en hausse de 19.4 % par rapport à l’an dernier avec un chiffre de 21,80 millions de tonnes. Une hausse des volumes était évidemment anticipée par les opérateurs mais le volume annoncé à tout de même surpris plusieurs intervenants.

Les cours du canola qui avaient depuis octobre affiché un rebond sur le marché de Winnipeg ont marqué une violente correction. L’échéance de janvier 2026, sur le marché canadien, a ainsi perdu en deux séances consécutives de baisse, plus de deux mois de hausse et revient désormais s’appuyer sur le niveau support de 620 $CAD/t. Les exportations canadiennes sont depuis plusieurs mois fortement pénalisées par les taxes mises en place par la Chine, limitant ainsi ce débouché. Par conséquent, la graine canadienne de canola cherche à renforcer d’autres débouchés dont celui du marché européen.

Les tourteaux sous pression

Les prix du tourteau de soja à Montoir ne cessent de baisser depuis un mois, pour s’afficher désormais à 348 €/t en délivré Montoir. Il faut dire qu’après l’euphorie aux États-Unis d’annonces d’achats chinois de graine de soja, les opérateurs se montrent maintenant davantage sceptiques face à des fondamentaux qui restent lourds.

Au sujet de la relation sino-américaine, le doute est maintenant de mise après les annonces d’un report de la date butoir de l’accord commercial. Ce dernier prévoyait initialement 12 millions de tonnes d’achats d’ici à la fin de l’année, mais la nouvelle version suggérerait des achats possibles jusqu’à la fin de février 2026, de quoi alléger la tension sur les États-Unis.

Par ailleurs, la très bonne activité de trituration aux États-Unis permettra très certainement d’accélérer les flux d’importation en Europe, ralentis depuis plusieurs semaines. Le chiffre américain de trituration sera à surveiller lors de la parution du rapport mensuel de l'USDA mardi prochain, le 9 décembre 2025.

En Europe, le report d’une nouvelle année de la loi RDUE entraîne des réajustements. À la suite du vote du Parlement européen, un délai supplémentaire sera accordé aux opérateurs pour s’organiser et s’épargner un surcoût lié à la traçabilité des tourteaux importés en France. Cette annonce a participé à la détente récente des cours. Désormais, les opérateurs seront attentifs aux conditions climatiques au Brésil en ce début de cycle, alors que certaines régions affichent un retard dans les semis de soja.

À suivre la semaine prochaine : la progression des récoltes de blé en Argentine, la concrétisation de nouveaux achats chinois au départ des États-Unis, la publication du rapport mensuel de l’USDA le mardi 9 décembre, le mouvement de hausse de la parité entre l’euro le dollar à confirmer ; le weather market dans l’hémisphère Sud, les réajustements américains des chiffres et statistiques après la période de shutdown.

(1) Société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

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