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La baisse des prix du blé et du colza se poursuit

Sans regain d’activité notable en zone portuaire en France, c’est surtout le marché intérieur du blé qui profite de la détente actuelle des prix.

À peine la fin du shutdown actée aux États-Unis, l’USDA a publié son rapport mensuel. Si certaines nouvelles estimations ont surpris les opérateurs, le contexte de prévisions de production mondiale demeure inchangé. Toutefois, le repli de l’euro face au dollar a permis de soutenir les prix des grains européens sur la semaine.

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Le shutdown terminé aux États-Unis, les opérateurs ont fait face aux nouvelles estimations de l’USDA pour le mois de novembre. Du côté de la production mondiale, les prévisions restent les mêmes, mais l’euro baissier face au dollar soutient le prix des céréales européennes.

Ajustement des prix du blé face à la concurrence sud-américaine

Pourtant favorisé par la détente de la parité de l'euro par rapport dollar, le prix du blé, qui avait progressé au début de la semaine, revient finalement en cette fin de semaine à un niveau quasi inchangé. Après le rebond observé jusqu’à 190 €/t base juillet rendu Rouen en milieu de semaine, les cours enregistrent depuis une détente. Les origines françaises cherchent en effet à rester attractives vers les débouchés à l’exportation, face à l’arrivée des volumes de la nouvelle récolte en Argentine.

L’avancée des récoltes argentines se confirme, avec un potentiel de rendement toujours élevé. L’USDA a revu à la hausse son estimation de production en Argentine, tablant désormais sur 22 millions de tonnes, un niveau encore inférieur à certaines autres sources. En raison des bons rendements observés, les exportateurs argentins surveillent désormais la qualité et tout particulièrement la teneur en protéines des blés.

Sans regain d’activité notable en zone portuaire en France, c’est surtout le marché intérieur qui profite donc de la détente actuelle des prix. Les acheteurs, notamment dans l’alimentation animale, cherchent à sécuriser de nouveaux volumes. Malgré des quantités importantes encore à commercialiser, les transactions restent limitées, en raison d’une rétention existante à la vente de la part des producteurs. Ces derniers observent toujours avec intérêt les écarts de prix entre livraisons rapprochées et échéances éloignées.

Pour la nouvelle récolte, les semis de blé d’hiver se finalisent, avec désormais plus de 95 % des surfaces en place, selon les derniers chiffres de FranceAgriMer.

Le maïs à parité avec le blé

L’ajustement des chiffres de l’USDA a, pour l’instant, seulement conduit à une légère révision du rendement aux États-Unis. L’édition de novembre du rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture n’a ainsi mis en avant qu’un timide repli de son estimation par rapport à celle de septembre dernier. Avec une révision de –0,7 boisseau par acre, l’hypothèse de rendement s’établit désormais à 186 boisseaux par acre, ce qui porte la production de maïs aux États-Unis à 425,53 millions de tonnes, un niveau toujours record. Les prix sur le marché américain ont donc marqué un repli après la fermeté observée la semaine précédente.

Dans l’hémisphère Sud, les semis se poursuivent au Brésil, avec des opérateurs désormais plus attentifs à l’évolution des conditions météorologiques, notamment en matière de précipitations. En France, les cours du maïs ont peu évolué, face à des volumes d’importation encore limités en provenance de l’Ukraine vers le marché nord-communautaire. Le maïs Fob Rhin a ainsi retrouvé au milieu de la semaine son plus haut niveau depuis août dernier, en s’affichant à 198 €/t base juillet.

L’écart de prix entre le maïs et le blé se réduit à nouveau, atteignant même la parité dans plusieurs régions. Ce différentiel conduit certains acheteurs du secteur de l’alimentation animale à se détourner autant que possible du maïs au profit du blé fourrager.

Colza : repli après un retour sur les plus hauts depuis trois mois

Les cours de la graine de colza, soutenus par la demande saisonnière liée au regain d’intérêt pour le biodiesel à base de colza, ont enregistré une progression jusqu’en cette fin de semaine. Les prix des huiles à Rotterdam se raffermissent également, flirtant désormais avec les 1 100 €/t pour des livraisons immédiates. Pour des livraisons plus éloignées, les cours des huiles affichent en revanche toujours une décote de l’ordre de –20 à –30 €/t entre la période hivernale et la printanière, par rapport aux prix d’une livraison rapprochée.

En France, tant sur le marché physique que sur le marché à terme d’Euronext, les cours ont progressé jusqu’à jeudi en revenant se négocier à leur plus haut niveau depuis le mois d’août. En équivalent Fob Moselle, les graines de colza se négociaient de nouveau autour de 487 €/t sur le marché physique. Ce mouvement de hausse concerne principalement les livraisons rapprochées, même si les échéances plus lointaines en bénéficient également. Malgré cette hausse, les transactions restent limitées en raison des volumes déjà vendus ou engagés depuis le début de campagne et des corrections possibles.

Sur Euronext, les prix de la nouvelle récolte évoluent en revanche peu, oscillant depuis un mois dans la fourchette de 465-475 €/t pour l’échéance d'août 2026. Les perspectives de regain des disponibilités en seconde partie de campagne apportent aussi un facteur de détente, face aux volumes annoncés de la récolte australienne et au regain d’activité à l’exportatiion du Canada en seconde partie de campagne.

Soja : un nouveau calendrier pour le règlement européen contre la déforestation

Les prix des tourteaux de soja ont enregistré une forte volatilité cette semaine, avec des cours, en délivré Montoir pour des livraisons rapprochées, qui s’affichaient jeudi à 361 €/t, contre 369 €/t la semaine précédente. Au début de la semaine, cette même marchandise avait atteint un pic au-dessus de 372 €/t, se rapprochant ainsi de ses récents plus hauts.

Le marché a été animé en début de semaine par le regain de fermeté des cours de la graine de soja aux États-Unis, en raison des perspectives de ventes vers la Chine. Tout au long de la semaine, l’USDA a confirmé de nouvelles transactions vers cette destination, annonçant finalement un volume de ventes exceptionnelles à l’exportation qui dépasse largement 1,5 million de tonnes. La concrétisation de ce flux d’affaires entre la Chine et les États-Unis a ainsi tiré les prix de la graine de soja et, en parallèle, ceux des tourteaux à la hausse à Chicago. Toutefois, après de nouveaux plus hauts, un essoufflement est intervenu, entraînant une correction partielle du mouvement récent.

En Europe, l’annonce d’un nouveau report de la date d’application du règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (EUDR) a contribué à détendre les prix sur les échéances de livraison plus lointaines. Après une remise en cause en octobre dernier, avec de nouvelles dates de mise en application et un traitement différencié entre petites et moyennes entreprises, les États membres ont demandé à la Commission européenne de réviser le calendrier proposé. Une nouvelle date de mise en œuvre est désormais annoncée au 30 décembre 2026, sous réserve de validation par le Parlement européen dès le mois prochain.

Ce report crée une nouvelle confusion chez les exportateurs, notamment de tourteaux et de graines de soja, qui s’étaient préparés à répondre aux nouvelles exigences réglementaires européennes. La surcote de prix observée jusqu’à présent par rapport à ce nouveau besoin de traçabilité devrait ainsi se réduire dans ce nouveau contexte de marché.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
(2) À suivre : progression des récoltes de blé en Argentine ; concrétisation de nouveaux achats chinois au départ des USA ; phase de repli de la parité euro/dollar ; Weather market dans l’hémisphère Sud ; réajustements américains des chiffres et statistiques après la période de shutdown.

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